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Journées européennes du patrimoine

L’Assemblée nationale révèle ses trésors

La Collection de bustes en terre cuite d’Honoré Daumier. Les années 1830.(Photo : Irène Andreani/AN)
La Collection de bustes en terre cuite d’Honoré Daumier. Les années 1830.
(Photo : Irène Andreani/AN)
Pour la première fois de son histoire, le Palais Bourbon restitue aux visiteurs plus de cent pièces d’exception jusque-là jalousement gardées. Jusqu’au 29 octobre 2005, la prestigieuse Galerie des fêtes, située à deux pas de l’hémicycle, sert d’écrin pour la mise en valeur de «curiosités» accumulées, loin du public, dans un «cabinet d’amateur» de rêve. Le président de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, a souhaité que cette exposition s’adresse «notamment à celles et à ceux qui se passionnent pour notre histoire nationale, républicaine et parlementaire».

Quelque soixante Marianne, emblème de la République, quarante figurines en terre cuite du caricaturiste Daumier, de nombreux manuscrits commis par des noms qui ont marqué l’histoire de la République, mais aussi la minute du procès de Jeanne d’Arc ou bien encore le texte de la Marseillaise de la main de Rouget de Lisle : bref, pour ce coup d’envoi d’expositions qui seront désormais régulièrement présentées au Palais Bourbon, celle organisée à l’occasion des Journées européennes du patrimoine a été imaginée comme un voyage au cœur de l’histoire du pays. Jean-Louis Debré et Fabrice Costa, le directeur de la bibliothèque de l’Assemblée nationale et commissaire de l’exposition, ont eu deux objectifs majeurs : montrer que la République n’est pas née en un jour, et donner un petit aperçu de la richesse et de l’éclectisme des trésors soigneusement gardés.

Le Codex Borbonicus, le manuscrit aztèque de l’extrême fin du XVe siècle.
(Photo : Thierry Ameller/AN)
«La République a été construite. Elle est le fruit d’affrontements d’idées d’hommes de droite et d’hommes de gauche, et de valeurs», a insisté Jean-Louis Debré, «Le Palais Bourbon est la maison du peuple. Je veux que le public et les Français rentrent ici». Et Fabrice Costa d’insister : «L’Assemblée n’est plus campée sur son trésor. Ce trésor appartient aux Français et l’exposition s’adresse au grand public, aux érudits et aux bibliophiles mais aussi aux profanes». A ce titre, l’introduction de l’exposition en traversant la salle des Marianne est bien vue : le visiteur y appréhende à la fois le symbole de l’idée républicaine partie au combat contre la monarchie et de la patrie en danger à travers des visages de Marianne guerriers et agressifs et le symbole d’une République triomphante à travers des bustes de Marianne coiffée de lauriers ou de bonnet phrygien assorti de cocarde tricolore symbole de liberté, d’égalité et de fraternité.

«L’esprit encyclopédique, hérité du Siècle des Lumières»

Gardienne de la mémoire républicaine et parlementaire, l’Assemblée s’est enrichie de l’héritage du patrimoine de l’Ancien Régime grâce aux confiscations des biens, puis pendant quelque 23 ans des ouvrages ont été rachetés. L’Assemblée a ainsi acquis au fil des ans des pièces historiques comme par exemple des manuscrits de Lamartine, Victor Hugo, Jean Jaurès, Georges Clemenceau, un masque mortuaire de Mirabeau, ou bien encore le projet de Constitution annoté de la main de Robespierre où sont préparés les arguments du discours prononcé le 11 août 1791 contre le suffrage censitaire. «Nous cherchons à acquérir encore aujourd’hui tout ce qui se rapporte à notre histoire politique», a insisté Jean-Louis Debré, et qui complète un fonds déjà foisonnant qui comprend, par exemple l’Adresse de la convention nationale au peuple français traduite en arabe (Imprimerie de la République an III, 1795) : rédigée par les membres des Comités de Salut public, de Sûreté générale et de Législation réunis après la séance du 9 octobre 1794, cette Adresse, proclamant la fin de la Terreur et le rétablissement de toutes les libertés, devait être traduite dans toutes les langues.

La Sphère armillaire du xve siècle.
(Photo : Irène Andreani/AN)
D’autres pièces exposées témoignent de l’esprit encyclopédique, hérité du Siècle des Lumières, des premiers bibliothécaires du Palais Bourbon qui, les premiers, ont constitué le fonds : Camus (1796-1804) et le bénédictin Druon (1804-1831). Ce dernier a développé des collections de pièces rares et précieuses comme par exemple le manuscrit des minutes du Procès de Jeanne d’Arc, ou le Codex borbonicus, un manuscrit aztèque découpé en «treizaines», peint vers 1507 et acheté aux enchères en 1826, qui explique le calendrier des anciens habitants de Mexico, ou bien encore une remarquable Bible datant du IXe siècle et qui a traversé quelque douze siècles sans aucun dommage et sans aucune altération de couleurs des enluminures.

Pour prolonger cette politique d’achat, de conservation et de restauration, et cette politique d’ouverture de l’Assemblée national au grand public, Jean-Louis Debré a également annoncé, à l’occasion de l’ouverture de l’exposition, la création prochaine d’un musée destiné à recevoir les collections réunies jusqu’à présent au musée du Parlement à Versailles.. soit un grand nombre de manuscrits et d’archives d’un grand intérêt historique. Par ailleurs, l’Assemblée produira des publications des grands discours républicains et de petits ouvrages seront consacrés aux pères de la République.


par Dominique  Raizon

Article publié le 15/09/2005 Dernière mise à jour le 15/09/2005 à 17:23 TU