Conquête spatiale
Objectif Lune en 2018 pour les Américains
(Image: Nasa)
C’est à bord d’une nouvelle fusée, combinant navette spatiale et capsule de type Apollo, couplée à un module d’«alunissage» que va s’effectuer la prochaine exploration lunaire. Le retour sur Terre est prévu à bord d'une capsule après que les quatre astronautes se seront posés une semaine sur la surface lunaire à bord d'un étrange insecte métallique à quatre pieds, et la descente se fera sous de grands parachutes. Le nouvel engin spatial sera en fait relativement semblable à celui qui avait envoyé les hommes sur la Lune en 1969 et en 1972 : «Ca ressemblera beaucoup à Apollo mais en plus gros. Imaginez un Apollo sous stéroïdes. On s'est aperçu en faisant ces études à quel point les équipes d'Apollo avaient vu juste, a expliqué Mike Griffin. A part les progrès fulgurants de l'électronique et de l'informatique, les technologies spatiales n'ont pas tellement évolué depuis une trentaine d'années. Et comme les lois de la physique n'ont pas changé on retrouve les mêmes solutions.»
«L'équipage est doublé, avec quatre hommes sur la Lune au lieu de deux, précise Mike Griffin. Le temps de séjour est multiplié par quatre, et passe à sept jours.» Cet équipage doublé ne devrait entraîner qu'une augmentation de masse de 50% pour la capsule par rapport à Apollo. Par ailleurs, les missions pourront alunir sur n'importe quel point de la Lune, alors que seules les régions proches de l'équateur étaient accessibles dans les années 60 et 70. Maîtres de l’expédition, les Américains entendent cependant établir des installations permanentes sur le sol lunaire avec l’aide de la coopération internationale mais pour l’heure Mike Griffin n’a donné aucune précision quant à celles-ci. Mike Griffin assure simplement que son projet est réaliste, qu'il ne nécessite pas de hausse budgétaire, et qu'il se fera si le budget de la Nasa reste constant les cinq prochaines années. La Nasa dispose cette année de 16,4 milliards de dollars, dont un tiers pour les vols habités.
Le but ultime: la planète Mars
Reste que la difficulté sera tout de même de faire accepter à l'Amérique ce programme de 104 milliards de dollars étalé sur treize ans, une somme équivalente à deux années d'occupation irakienne, ou encore à la moitié des dommages provoqués par l'ouragan Katrina, et ce alors que les navettes spatiales sont de nouveau clouées au sol après le dernier vol de Discovery cet été. «Bien d'autres ouragans et bien d'autres catastrophes naturelles adviendront aux Etats-Unis et dans le monde d'ici là, même si j'espère qu'aucune ne sera pire que Katrina», a déclaré Michael Griffin, ajoutant : «Mais le programme spatial est un investissement à long terme dans notre avenir. Nous devons pouvoir faire face à nos problèmes à court terme sans pour autant sacrifier nos investissements à long terme dans notre avenir. Quand nous avons un ouragan, nous ne supprimons pas l'Armée de l'air. Nous ne supprimons pas la Marine. Et nous n'allons pas supprimer la Nasa.».
De plus en plus altérée par le bourbier irakien, et entachée par l’incapacité de l’administration Bush de réagir face à une catastrophe naturelle meurtrière, l'image des Etats-Unis a besoin d'un projet fédérateur pour retrouver un peu de prestige, et reconquérir la confiance des Américains. Le projet est ambitieux car le but ultime de la Nasa est en fait de prolonger ce nouveau projet d'exploration lunaire avec une expédition sur Mars à bord du même type d'engins. Toutefois, Michael Griffin a reconnu qu'à ce jour aucun calendrier n'avait été fixé. Si tout se passe comme prévu, le premier équipage pourra s'envoler pour la Lune en 2018, ou au plus tard en 2020, objectif fixé l'an dernier par le président Bush lors de son annonce. Le Crew Exploration Vehicule (CEV, «véhicule d'exploration à équipage») qui sera mis au point pour ce voyage sur la Lune remplacera à terme les navettes spatiales, qui doivent être mises hors-service en 2010.
par Dominique Raizon
Article publié le 20/09/2005 Dernière mise à jour le 20/09/2005 à 15:26 TU