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Indonésie

Les démons de Bali, acte II

Des officiers de sécurité indonésiens constatent les dégâts causés par une bombe, dans le restaurant de Kuta sur l'île de Bali.(photo : AFP)
Des officiers de sécurité indonésiens constatent les dégâts causés par une bombe, dans le restaurant de Kuta sur l'île de Bali.
(photo : AFP)
Bali a connu une nouvelle nuit d’horreur, trois ans, presque jour pour jour, après les attentats qui avaient fait deux cents deux morts.

De notre envoyé spécial à Bali

C’est une nouvelle fois les touristes étrangers, très nombreux en cette période, qui étaient la cible des bombes. Celles-ci ont explosé à quelques minutes d’intervalles, samedi en fin de journée. Les deux premières ont frappé un restaurant de Jimbaran, installé sur une plage où les touristes ont l’habitude de manger des fruits de mer. La troisième a dévasté le Raja, un bar de Kuta Beach, le cœur des plaisirs nocturnes de Bali. L’explosion a soufflé la terrasse de cet établissement construit sur deux étages. Dans la salle du bas, où la bombe a été déposé à une heure de grande affluence, les murs sont noircis, éventrés ou maculés de sang… chaises, tables et comptoirs ont volé en éclats. Le deuxième étage a été relativement épargné, le plafond est légèrement fissuré mais le mobilier est presque intact. Les passants qui circulaient sur le trottoir ont été blessés par les éclats de vitres des commerce avoisinants tandis que plusieurs voitures se sont enflammés racontent des témoins encore sous le choc.

Les effets de la bombe sont déjà palpables dans les stations balnéaires de l’île. Habituellement, en cette période l’années, les rues de Kuta beach, sont pleines d’estivants. Les restaurants et les magasins de souvenirs restent ouverts tard dans la nuit, un nuit que l’on achève en général au petit matin dans l’une des innombrables discothèques. Mais l’atmosphère a changé. Les rues ne sont pas désertes mais la population balinaise prédomine largement sur celle des touristes. Beaucoup sont déjà partis. L’aéroport n’a pas désemplie ce dimanche. Les guichets ont été assaillis de demande de retour anticipé. À la nuit tombée, la ville est encore plus morose que la journée avec ses terrasses de café illuminées mais vide de clients.

Les annulations se multiplient

« Nous sommes les prochaines victimes », se lamente Made Waya. Enroulée dans son sarong, l’habit traditionnel des femmes balinaises, elle est assise sur le trottoir. Elle laisse son échoppe de souvenirs sans surveillance. « Pourquoi faire ?  dit-elle puisqu’il n’y a plus personne pour acheter ». Made Waya ne se fait aucune illusion, il faudra se serrer la ceinture pendant quelques mois : « Je suis déprimée, j’ai des enfants et une famille à nourrir », explique-t-elle. Les attentats d’octobre 2002 avait plongé Bali dans la crise économique. Les taux de fréquentations avaient chuté de 80%, ils étaient remonté petit à petit. La saison qui vient de s’écouler étaient pleines de promesses. Depuis la veille, ce sont les taux d’annulation qui remontent et Bali qui replonge dans le cauchemar.

Le président indonésien Susilo Banbang Yudhoyono, qui a passé plusieurs heures sur l’île, a tenté de rassurer la population en affichant sa détermination contre le terrorisme. « Les coupables ne resteront pas impunis et nous prendrons toutes les mesures pour mieux prévenir les attentats suicides » a-t-il déclaré. Le chef de la police balinaise, qui ne l’a pas quitté d’une semelle, a divulgué les derniers éléments de l’enquête. « Les attentats ont été perpétrés par des kamikazes… ils sont entrés dans les restaurants, ils portaient les bombes sur eux et se sont fait exploser à l’intérieur ». « Les engins explosifs, composés à base de TNT, ne devaient pas peser plus de 10 kilos », a-t-il poursuivi. Quant aux trois kamikazes, qui avait au moins trois complices, « leur portrait-robot seront bientôt disponible puisque nous avons retrouvé leur crane dans un relatif bon état » a-t-il conclu. La piste la plus sérieuse mène évidement à la Jemaah Islmiyah. Ce réseau, réputé proche d’Al Qaïda, est accusé d’avoir commis tous les attentats anti-occidentaux de ces trois dernières années : Bali en octobre 2002, hôtel Mariott de Djakarta en août 2003 et ambassade d’Australie de Djakarta en septembre 2004.


par Jocelyn  Grange

Article publié le 03/10/2005 Dernière mise à jour le 03/10/2005 à 11:05 TU