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Allemagne

Schröder s’efface, Merkel s’impose

Le parti social-démocrate (SPD) et les démocrates-chrétiens (CDU-CSU) se sont accordés pour former un gouvernement d'union dont Angela Merkel (photo) prendra la tête. 
(Source: <a href="http://www.bundestag.de">Bundestag allemand</a>)
Le parti social-démocrate (SPD) et les démocrates-chrétiens (CDU-CSU) se sont accordés pour former un gouvernement d'union dont Angela Merkel (photo) prendra la tête.
(Source: <a href="http://www.bundestag.de">Bundestag allemand</a>)
Après trois semaines de négociations, les deux grands partis politiques allemands, CDU-CSU et SPD, ont réussi à s’entendre pour constituer une grande coalition de gouvernement. La répartition exacte des ministères entre les chrétiens-démocrates, leurs alliés chrétiens-sociaux, et les sociaux-démocrates, n’est pas encore connue. Mais une chose est sûre, c’est Angela Merkel, la présidente de la CDU, qui doit occuper le poste de chancelière. Gerhard Schröder a finalement accepté de s’effacer

Gerhard Schröder avait tenté un pari audacieux : rester chancelier en perdant les élections législatives. Il ne l’a pas remporté puisqu’il va finalement céder la place à son adversaire conservatrice Angela Merkel. On ne peut pas dire néanmoins que le chancelier sortant a subi une défaite totale. Gerhard Schröder a, en effet, tout de même réussi à éviter une débâcle électorale au Parti social-démocrate (SPD), en menant une campagne tambour battant et en rattrapant le retard qui le séparait de la traditionnelle alliance entre les chrétiens-démocrates (CDU) et les chrétiens-sociaux (CSU). Ce qui lui a permis, au soir des résultats, d’affirmer qu’il était légitime qu’il demeure à la chancellerie, face à une Angela Markel mal à l’aise d’avoir réalisée un résultat bien au-dessous de ses espérances.

Même si le SPD est arrivé deuxième du scrutin, son score très proche de celui de la CDU-CSU l’a donc placé en position de force dans les négociations engagées pour former une coalition gouvernementale. Et ses dirigeants ont tout fait pour exploiter cette situation inespérée. Au bout du compte, et après trois semaines d’âpres négociations au cours desquelles la solution d’une coalition CDU-CSU-SPD est apparue comme la seule issue pour pouvoir mettre en place un gouvernement capable de diriger le pays avec le soutien du parlement, le problème le plus difficile, celui de la nomination du chancelier, a été réglé. Angela Merkel sera bel et bien la première chancelière allemande.

Schröder ne fera pas partie du gouvernement

Contrairement à des hypothèses un moment évoquées, Gerhard Schröder n’occupera aucune fonction dans le gouvernement. Il est vrai que la cohabitation des ces deux personnalités, ouvertement hostiles, aurait représenté un véritable défi et aurait vraisemblablement constitué une entrave au bon fonctionnement de la coalition. Après sept ans de pouvoir, Schröder s’efface donc mais laisse son parti avec la moitié des seize portefeuilles que devrait comporter le nouveau gouvernement. En échange de la chancellerie, la CDU a, en effet, dû consentir à faire parts ministérielles égales avec le SPD.

A priori, le parti de Gerhard Schröder devrait obtenir les ministères des Affaires étrangères, des Finances, du Travail, de la Santé, de la Justice. Ceux d’Angela Merkel et de son allié Edmund Stoiber devraient, en revanche, se voir attribuer l’Economie, l’Intérieur, la Défense, l’Agriculture, la Famille. De nouvelles négociations doivent avoir lieu à partir de la semaine prochaine pour désigner l’ensemble des ministres et définir le programme qu’ils mettront en oeuvre.

De ce point de vue, les deux partis vont devoir réaliser des compromis. Certains dossiers font l’objet d’importantes oppositions. Dans le domaine de la fiscalité, des cotisations d’assurance-maladie, le SPD n’est pas d’accord avec les propositions très libérales de la CDU. Mais il semble que les négociations ont permis d’avancer sur certains points. Le principe d’une simplification du système fiscal a, par exemple, été accepté par les deux partis. En matière de politique étrangère, la gestion des dossiers de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, à laquelle la CDU est opposée, ou des relations avec les Etats-Unis et la Russie, pourrait elle aussi être délicate. Mais Angela Merkel s’est voulu rassurante sur ce point en déclarant que «les questions concernant la politique étrangère ne seront pas plus difficiles à résoudre que les questions de politique intérieure», étant donné qu’il existe «un accord sur les points fondamentaux».

En attendant que CDU-CSU et SPD finalisent leur accord pour former la coalition gouvernementale et que le Bundestag élise officiellement Angela Merkel chancelière, Gerhard Schröder reste en poste. Le président du SPD, Franz Müntefering, a même précisé qu’il allait continuer à participer «aux négociations» avec l’Union chrétienne. Mais à 61 ans, le chancelier sortant a affirmé que sa carrière allait ensuite «prendre une autre direction».


par Valérie  Gas

Article publié le 10/10/2005 Dernière mise à jour le 11/10/2005 à 08:59 TU

Audio

Franck Bassner

Directeur de l'Institut franco-allemand de Ludwigsburg

«En Allemagne, entre la CDU et le SPD, des dossiers comme la réforme de la sécurité sociale, l'assurance maladie risquent de bloquer.»

Thierry Parisot

Correspondant de RFI en Allemagne

«Ni à droite, ni à gauche, personne ne souhaitait un gouvernement de coalition SPD–CSU.»

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