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Allemagne

Quel chancelier pour quelle coalition ?

Devant le Reichstag, à Berlin.(Photo: AFP)
Devant le Reichstag, à Berlin.
(Photo: AFP)
Le faible score des deux grands partis allemands, CDU (chrétiens-démocrates) et SPD (sociaux-démocrates), lors des dernières législatives, les oblige à chercher des alliances pour tenter de former un gouvernement viable. Si aucun d’entre eux ne parvient à rallier à la fois les libéraux du FPD et les Verts, la CDU et le SPD pourraient être obligés de faire coalition commune. Qui serait alors désigné comme chancelier ? L’une des deux têtes de liste des législatives: Angela Merkel ou Gerhard Schröder, dont l’opposition parait irréductible, ou un troisième larron ?

Les deux postulants à la chancellerie, Angela Merkel et Gerhard Schröder, doivent-ils céder la place pour que l’Allemagne sorte de l’impasse politique ? Le faible écart entre leurs partis respectifs à l’issue du scrutin de dimanche a provoqué une situation inattendue: la présidente de la CDU et le chancelier social-démocrate sortant ont tout deux mis un point d’honneur à affirmer qu’ils étaient légitimés par les urnes pour prendre la tête du futur gouvernement.

S’il paraissait évident qu’Angela Merkel dont la formation est arrivée en tête avec 225 députés, allait en tirer cette conclusion, la réaction de Gerhard Schröder a quant à elle surpris. Le chef de file du SDP a, en effet, tenu un raisonnement inhabituel en affirmant que son parti était vainqueur puisque la CDU obtenait moins de sièges que lui (222) dans la nouvelle assemblée, sans les 46 élus de son alliée bavaroise de la CSU (Union chrétienne sociale). Un calcul de circonstances puisque CDU et CSU forment, depuis des années, un seul et unique parti politique en Allemagne. Mais c’est grâce à cette pirouette que Gerhard Schröder a mis la pression sur son adversaire et saisi l’opportunité offerte par son score beaucoup plus élevé que prévu, pour tenter de reprendre l’avantage politique en se présentant comme le seul à pouvoir diriger le gouvernement.

Trouver des alliés

Le chancelier sortant, qui a fait la preuve de ses qualités de politiciens durant la campagne électorale au cours de laquelle il a réussi à remonter le handicap d’environ 20 points dans les sondages dont souffrait son parti, s’est donc présenté comme un battu victorieux. Ce qui a accentué l’effet provoqué par le résultat d’Angela Merkel, bien en deçà des espoirs de ses partisans. Du coup, la présidente de la CDU se retrouve dans une configuration inattendue où elle doit lutter farouchement pour justifier que la chancellerie lui revient, parce qu’elle n’a pas réussi à donner à la CDU une avance suffisante pour pouvoir gouverner avec les coudées franches.

Car tout le problème politique de l’Allemagne se trouve là. Ni la CDU, ni le SPD n’ont obtenu suffisamment de sièges pour avoir la majorité absolue en formant une coalition avec leur seul allié traditionnel, à savoir respectivement le FPD (libéral) et les Verts. Cette situation oblige les deux grands partis à aller frapper à la porte de formations avec lesquelles ils n’ont pas forcément d’affinités politiques. La CDU parlemente donc avec les Verts et le SPD avec les libéraux. Une association avec le Linkspartei (la Gauche) qui a obtenu un bon score (8,7 %) étant quant à elle exclue aussi bien par les chrétiens-démocrates que les sociaux-démocrates.

Même si l’appât d’une participation au gouvernement aiguise les appétits, les oppositions restent pour le moment tranchées. Le président du FPD, Guido Westerwelle, a ainsi affirmé que son parti n’envisageait pas de former un gouvernement avec les sociaux-démocrates. Le chef de file des Verts, Joschka Fischer, qui faisait partie du gouvernement Schröder, a sans fermer la porte à une coalition avec la CDU et le FDP (qualifiée de jamaïcaine à cause des couleurs des partis en présence vert, noir, jaune), annoncé qu’il refuserait dans tous les cas de participer à un gouvernement dirigé par Angela Merkel.

Ni Schröder, ni Merkel

Décidément, la tâche de celle que l’on a présenté pendant des mois comme la future première femme chancelier d’Allemagne semble bien difficile. D’autant que si l’hypothèse d’une grande coalition entre la CDU et le SPD, à laquelle les Allemands paraissent se rallier, se confirmait, elle ne pourrait être réalisée sans son retrait de la course à la chancellerie. Gerhard Schröder aurait, à en croire des informations diffusées par le quotidien allemand Bild, accepté de renoncer à s’imposer comme chancelier et de céder la place à conservateur, si et seulement si Angela Merkel s’effaçait elle aussi. Tout auréolé d’avoir réussi à éviter la débâcle totale à son parti lors des législatives, le chef de file de sociaux-démocrates voudrait remporter de cette manière une dernière victoire sur sa rivale.

Cette solution pourrait séduire dans les rangs de la CDU. La campagne menée par Angela Merkel commence à y être critiquée. Son choix de propulser comme futur ministre de l’Economie un professeur de droit fiscal, Paul Kirchhof, dont les propositions ont effrayé les électeurs, a notamment été mis en cause. L’absence de prise en compte de la classe ouvrière a aussi été analysée comme une erreur qui a coûté cher au parti. Angela Merkel sort donc fragilisée en interne de cette élection législative. Même si son leadership n’est pour le moment pas remis en cause ouvertement, elle pourrait avoir du mal à maintenir ses prétentions si les négociations pour former une coalition n’aboutissaient pas rapidement.


par Valérie  Gas

Article publié le 20/09/2005 Dernière mise à jour le 20/09/2005 à 17:37 TU