Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Allemagne

Schröder : partira, partira pas ?

Pour la première fois Gerhard Schröder a évoqué la possibilité de renoncer à la chancellerie.Photo : AFP
Pour la première fois Gerhard Schröder a évoqué la possibilité de renoncer à la chancellerie.
Photo : AFP
La victoire symbolique, dimanche, de la droite allemande lors de l’élection partielle de Dresde a indéniablement donné un avantage psychologique à Angela Merkel. Le fait que son rival, Gerhard Schröder, ait en outre, et pour la première fois, laissé entendre lundi qu’il était prêt à renoncer à diriger l’exécutif allemand n’a pas non plus été négligeable dans la perspective des négociations en cours en vue de la formation d’une «grande coalition». Mais cette note d’espoir d’un règlement de la crise politique, dans laquelle s’est enfoncé le pays depuis les élections du 18 septembre, a été douchée par le refus du SPD de laisser derrière lui l’homme qui a dirigé l’Allemagne pendant sept années.

Quinze jours après la proclamation des résultats des législatives, l’Allemagne n’a toujours pas de chancelier et donc de gouvernement. Plus symbolique qu’autre chose, l’élection partielle qui s’est déroulée dimanche à Dresde, et qui a permis à la candidate de la CDU-CSU, Angela Merkel, de conforter sa petite avance –sa coalition a désormais 226 sièges au Bundestag contre 222 pour le SPD de Gerhard Schröder–, n’aura en effet fondamentalement rien changé. Certes le chancelier sortant a, pour la première fois, amorcé l’idée de son retrait, ce qui n’aurait pas manqué de mettre fin au bras de fer qui l’oppose à sa rivale de droite pour la direction de l’exécutif allemand. «Je ne veux pas être un obstacle à la poursuite du processus de réformes que j’ai engagé et à la formation d’un gouvernement stable en Allemagne», a ainsi déclaré Gerhard Schröder, affirmant que son obstination à revendiquer la chancellerie ne relevait pas d’une «prétention personnelle» mais était bien une «revendication politique de son parti». 

Mais la porte ouverte par le chancelier sortant a aussitôt été refermée par le président du SPD, Franz Müntefering, qui, à l’issue d’une réunion extraordinaire du présidium du parti, a rejeté lundi  toute mise à l’écart de Gerhard Schröder. «L’objectif du SPD est que Gerhard Schröder reste le chancelier de la République fédérale d’Allemagne», a-t-il en effet affirmé au risque de laisser la crise politique s’envenimer. Car malgré l’avance dont bénéficie la droite allemande, les sociaux-démocrates refusent de renoncer à briguer la direction de l’exécutif. Ils défendent en effet l’argument selon lequel la CSU et la CDU –pourtant liés au sein d’une même coalition depuis 1970– sont deux partis politiques distincts. Ainsi, de leur point de vue, les électeurs, qui n’ont pas donné de mandat clair à la droite –Angela Merkel a en effet enregistré le troisième plus mauvais score de l’après-guerre pour la CDU-CSU–, n’ont fait que plébisciter les réformes sociales engagées par Gerhard Schröder.   

Vers une rupture des pourparlers ? 

Dans ce contexte, le SPD ne peut que refuser d’être considéré comme le perdant des élections du 18 septembre. «Nous sommes deux partenaires égaux», a une nouvelle fois lancé son président, Franz Müntefering, au sujet des deux grands partis populaires allemands. «Il faut arriver à tenir compte du fait que nous sommes le parti le plus important et que la CDU-CSU constitue le groupe parlementaire le plus important», a-t-il défendu à la veille d’un troisième tour de «discussions exploratoires» prévu mercredi, préalable aux vraies négociations pour la formation d’«une grande coalition» gouvernementale. L’impasse semble donc totale et cela d’autant plus, qu’après avoir épuisé plusieurs formules de gouvernement tripartite, les deux partis majoritaires paraissent désormais convaincus que seule une coalition de leurs forces peut offrir un exécutif stable à l’Allemagne.

Mais avant même que ne commencent les négociations en vue de la formation d’un tel gouvernement, la désignation du futur chancelier est déjà l’objet de toutes les controverses. «Il n’y aura pas de négociations sur le contenu si le SPD n'accepte pas que notre candidate devienne chancelière. Le SPD doit reconnaître la réalité après les élections de Dresde», a affirmé mardi le secrétaire général de la CDU, Volker Kauder, à la chaîne publique de télévision ARD. Une position largement partagée par la CSU qui n’accepte pas non plus d’ouvrir des négociations formelles en vue de la formation de la «grande coalition» tant qu’Angela Merkel n’est pas désignée chancelière.

Les chrétiens-démocrates ne doivent pas se méprendre, leur a rétorqué Franz Müntefering. «Je ne peux qu'avertir l'Union –CDU-CSU– que nous irons aux négociations avec Gerhard Schröder comme candidat au poste suprême», a-t-il souligné, sur la chaîne ARD. Encore plus direct, le vice-président du groupe parlementaire des sociaux-démocrates a mis en garde contre les conséquences d’un refus des chrétiens-démocrates d’ouvrir officiellement les négociations. «Si la CDU dit mercredi que la question du nom du chancelier doit d'abord être résolue, il n'y aura pas de négociation. Nous finirons notre tasse de thé et nous rentrerons à la maison», a assuré Ludwig Stiegler.

Face à cette radicalisation des positions, plusieurs analystes n'excluent désormais plus une rupture des pourparlers entre les deux grands partis populaires allemands.


par Mounia  Daoudi

Article publié le 04/10/2005 Dernière mise à jour le 04/10/2005 à 17:18 TU