Grippe aviaire
Le virus est en Europe
(Photo : AFP)
L’Union européenne n’a pas attendu de savoir si c’est le H5N1 qui est présent en Roumanie pour décider d’interdire toutes les importations d’oiseaux vivants, de viande de volaille ou de plumes en provenance de ce pays. Tout comme elle l’avait fait la semaine précédente pour la Turquie, où il est aujourd’hui vérifié que la souche du virus de grippe aviaire identifiée dans le pays est bien la même que celle qui frappe les volailles asiatiques depuis 2003. Concernant la Roumanie, les premiers tests réalisés sur les échantillons prélevés sur un canard et un poulet ont confirmé que la mort des animaux était due à un virus de type H5. Mais il faudra attendre encore quelques jours pour savoir s’il s’agit là aussi du H5N1, le plus virulent de la famille et surtout celui qui a provoqué le décès de plus d’une soixantaine de personnes en Asie. C’est le laboratoire vétérinaire de Weybridge, dans le comté de Surrey, au sud-ouest de Londres, qui est chargé par l’Union européenne de réaliser les analyses nécessaires.
Après avoir été détectée au Kazakhstan, en Sibérie et dans la partie occidentale de la Russie, la grippe aviaire a donc progressé un peu plus vers l’Europe de l’Ouest. Cette avancée semble confirmer les craintes exprimées par les spécialistes de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui ont mis en garde contre le risque de propagation du virus à l’échelle de la planète. Pour autant, la menace est encore, semble-t-il, sous contrôle. La grande réactivité des autorités sanitaires a jusqu’ici permis d’intervenir pour limiter le phénomène. En Turquie, le foyer épidémique a été circonscrit grâce à une intervention immédiate dans la zone concernée située au nord-ouest du pays. L’abattage d’environ 8 500 volatiles a été ordonné et le périmètre à risque a été placé en quarantaine. Pour Ankara, «il n’y a pas de raison de paniquer et de se préoccuper».
Destruction des volailles et zone-tampon
En Roumanie aussi, des mesures de précaution ont été prises dans l’attente des résultats des tests en cours. Autour de Cearmulia de Jos, au sud-est, dans la région du Danube, où se situe le foyer, une zone-tampon de 10 kilomètres a été mise en place. Les déplacements des habitants ont été limités et les personnes à risque vaccinées. Quant aux volailles suspectes, elles ont été détruites et les élevages ont été confinés. Ces dispositions correspondent tout à fait aux attentes de l’Union européenne dont les experts sur place ont fait part de leur satisfaction.
Désormais tous les canards, poulets, ou autres volatiles retrouvés morts sont suspects. Et les oiseaux migrateurs, dont on suppose qu’ils peuvent avoir été les vecteurs par lesquels le virus est sorti de son berceau asiatique, font l’objet d’une attention particulière. Le fait que la grippe aviaire ait été détectée en Roumanie dans la région du Danube renforce les craintes à ce niveau. Le delta de ce fleuve est, en effet, l’une des principales zones de transit des oiseaux sauvages en provenance de l’est de l’Europe où le virus était déjà présent. Il est donc possible qu’ils aient infecté certains de leurs congénères susceptibles de se diriger encore plus vers l’ouest ou le sud. Les cadavres d’une poule, d’une cigogne et d’un héron ont d’ailleurs été découverts en Bulgarie dans une zone proche de la frontière avec la Roumanie. Mais pour le moment, Sofia affirme que les tests pour identifier la grippe aviaire se sont révélés négatifs.
Dans ce contexte, une réunion d’urgence des experts européens des oiseaux migrateurs doit avoir lieu le vendredi 14 octobre pour évaluer les conséquences de l’arrivée du virus dans la région et examiner la stratégie à mettre en place pour limiter les risques. Les questions de l’interdiction de la chasse et du confinement des oiseaux de basse-cour dans les pays de l’Union européenne pourraient y être évoquées.
par Valérie Gas
Article publié le 13/10/2005 Dernière mise à jour le 13/10/2005 à 17:31 TU