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Reconstruction post-tsunami

Au Sri Lanka, un abri sur cinq est inapproprié

Abris temporaires construits après le tsunami à Upuvelli, à l'est du pays (région de Trincomalee).
(Photo : Mouhssine Ennaimi)
Abris temporaires construits après le tsunami à Upuvelli, à l'est du pays (région de Trincomalee).
(Photo : Mouhssine Ennaimi)
Dix mois après le tsunami, le gouvernement sri-lankais vient de publier un état des lieux de la reconstruction. Quelque 55 000 logements de transition ont certes été construits depuis le raz-de-marée. Or un abri temporaire sur cinq est jugé impropre au logement.

De notre correspondant à Colombo

Le gouvernement sri-lankais affirme que près de 55 000 constructions temporaires ont été achevées et que seules cinq cents familles habitent encore sous des tentes ou des bâtiments publics. Pourtant, Valentin Gatzinki, responsable du bureau de coordination de l'aide humanitaire des Nations unies à Colombo, reconnaît que 20% des abris construits sont insalubres et impropres au logement. Selon lui, «des centaines d'organisations se sont précipitées pour aider mais leurs constructions ne répondent pas aux attentes des victimes».

Certaines constructions, trop rapides, présentent déjà des défaillances et sont parfois inexploitables. Toits en zinc, latrines défaillantes, systèmes d'irrigation (et de drainage) inexistants. Il n'est pas rare que les températures à l'intérieur de ces habitations excèdent les 40 degrés. Aucun système de ventilation n'y est prévu. Certains rescapés boycottent même ces logements transitoires parfois éloignés de leur zone d'habitation d'origine. «Il n'y a personne ici! Il n'y a pas de route et aucun bus ne dessert cette zone. Les gens préfèrent habiter chez des membres de leur famille plutôt que s'installer dans ces baraques en zinc! De toute évidence le gouvernement pensait que ces abris seraient pour quelques mois seulement. La reconstruction est bien plus longue que prévue», explique Lalith Rutskam, responsable d'une ONG spécialisée dans l'épuration de l'eau. Valentin Gatzinki admet également que certaines améliorations doivent être faites rapidement. «L'accès aux logements, l'irrigation et le drainage sont les aménagements les plus importants. Nous procédons par priorité», a-t-il précisé.

La mousson et ses dangers

Les récentes pluies diluviennes sur l'île donnent un aperçu de ce que pourrait être la situation dans quelques semaines. La mousson, qui débute courant novembre, risque de ralentir sérieusement les travaux sur le terrain. Certaines routes sont toujours dans un état précaire et devraient être quasiment impraticables durant les prochains mois. L'accès aux habitations construites depuis le raz de marée risque donc de devenir un problème majeur. Les spécialistes redoutent également des épidémies dues aux eaux stagnantes à proximité de ces logements.

Malgré des budgets conséquents, certaines organisations humanitaires peinent à reconstruire. Elles sont tributaires de la lenteur administrative, en particulier en ce qui concerne l'acquisition des terrains. Plusieurs ONG attendent toujours un titre de propriété en bonne et due forme avant d'entamer la construction des logements définitifs. Quant aux victimes, elles n'ont pas d'autre choix que de prendre leur mal en patience. Elles déplorent que ces abris temporaires soient leur futur domicile pendant encore un an, voire un an et demi. Elles redoutent également que la communauté internationale ne se désintéresse de leur sort et que les donateurs ne soient accaparés par d'autres crises humanitaires tel le récent tremblement de terre qui a dévasté le Cachemire.


par Mouhssine  Ennaimi

Article publié le 15/10/2005 Dernière mise à jour le 15/10/2005 à 11:24 TU