Nations unies
La Syrie dans la ligne de mire
(Photo: AFP)
De notre correspondante à New York
Quelques heures plus tôt, le procureur allemand Detlev Mehlis était venu présenter oralement les conclusions de son premier rapport établissant l’implication de hauts responsables des services de sécurité syriens dans l'assassinat d’Hariri. Il avait indiqué que sa commission avait reçu des menaces «crédibles», sans préciser lesquelles, ni leur contexte. «Puisque l'enquête va se poursuivre jusqu'au 15 décembre, la sécurité des membres de la commission doit constituer une priorité». Il avait aussi déjà pressé la Syrie de collaborer sérieusement à l’enquête, s’interrogeant en conférence de presse sur ce qu’il pouvait faire sans le concours syrien : «envoyer 500 enquêteurs que je n’ai pas en Syrie où on ne saura pas où chercher ?».
Pour l’ambassadeur syrien Fayssal Mekdad, ces accusations d’obstructionnisme sont «d’une grande injustice vis-à-vis de la Syrie», et émanent de gens qui «ont déclaré leurs positions politiques contre la Syrie.»
Faute de coopérer…
La semaine dernière, à la publication du rapport, le président américain George W. Bush avait demandé que cette réunion du Conseil se tienne «aussi vite que possible». Contrairement à Paris qui prône une approche séparée des dossiers syriens, la Maison Blanche présente le problème syrien comme un tout qui va au delà de l’assassinat de l’ex Premier ministre Hariri. Hier, dans un discours prononcé devant un parterre d’épouses de militaires à Washington, le président américain enjoignait l’ONU d’agir, accusant la Syrie de déstabiliser le Liban et de «permettre aux terroristes d'utiliser son territoire pour se rendre en Iran.»
L’ambassadeur français Jean-Marc de la Sablière avait promis que la résolution exigerait «une totale coopération parce que qu’il n’y a pas eu une véritable coopération digne de ce nom.» Ce texte, a fait valoir l’ambassadeur américain John Bolton va envoyer «un très fort message du Conseil au gouvernement syrien que son obstructionnisme doit cesser immédiatement.»
Faute de coopérer, la Syrie s’exposerait à des mesures parmi lesquelles le gel des avoirs des suspects identifiés par la commission. La résolution ne parle pas encore de sanctions – des pays membres du Conseil comme l’Algérie n’ont pas caché y être opposés – mais de «mesures complémentaires». Le secrétaire général Kofi Annan a souligné que l’enquête du procureur Mehlis ne faisait que commencer, rappelant que le mandat de la commission avait été étendu jusqu’au 15 décembre.
par Guillemette Faure
Article publié le 26/10/2005 Dernière mise à jour le 26/10/2005 à 08:52 TU