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Santé

Un vaccin hongrois contre la grippe aviaire

Le Centre national d’épidémiologie Bela Johan à Budapest. Les chercheurs hongrois ont développé un prototype du vaccin à partir d’une souche du virus aviaire H5N1.(Photo : AFP)
Le Centre national d’épidémiologie Bela Johan à Budapest. Les chercheurs hongrois ont développé un prototype du vaccin à partir d’une souche du virus aviaire H5N1.
(Photo : AFP)
Les Etats-Unis, la Russie et l’Indonésie s’intéressent de près au vaccin mis au point par les chercheurs hongrois. Il protègerait les oiseaux et les êtres humains contre le virus H5N1 transmis par les volatiles.

Les chercheurs hongrois viennent de tester avec succès un prototype de vaccin contre le virus de la grippe aviaire. Destiné aux personnes en contact étroit avec les oiseaux, il les protègerait du virus H5N1 transmis par les volatiles et qui a déjà causé la mort de plus d’une soixantaine d’humains dans le monde. L’Agence européenne pour la prévention des maladies infectieuses (ECDC, basée à Stockholm), a réagi avec prudence.

«Il n’est pas nécessaire de lancer une campagne de vaccination et nous continuons à conseiller aux personnes travaillant avec les oiseaux de se protéger avec des gants et des masques», observait la directrice de l’ECDC, Zsuzsanna Jakab, lors d’une conférence à Budapest, le 28 octobre. Il faut «éviter toute panique», ajoute-t-elle. Toutefois, selon le ministre hongrois de la Santé, Jenö Racz, «les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Indonésie, les Philippines, l’Ukraine, la Russie et la Mongolie ont manifesté un vif intérêt pour notre vaccin».

Testé avec succès sur l’homme et l’animal

Les chercheurs du centre national d’épidémiologie ont développé un prototype à partir d’une souche du virus aviaire H5N1 qui leur avait été transmis par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ils l’ont d’abord essayé, avec succès, sur les volailles, le 18 octobre dernier. Le vaccin a ensuite été testé sur une centaine de personnes. Le ministre de la Santé hongrois a d’ailleurs lui-même servi de cobaye et le 21 octobre, il annonçait fièrement: «Tous les volontaires ont produit des anticorps, le produit est efficace sur les êtres humains».

Selon Jenö Racz , la demande mondiale pour ce vaccin, qui serait vendu entre 5 et 6 dollars, serait de «plusieurs millions de doses». Le médicament protègerait non seulement les travailleurs des abattoirs et tous ceux qui sont en contact quotidien avec les oiseaux vivants, mais aussi les animaux. Il est en effet facile de vacciner les poulets ou les dindes. Il suffit de mélanger le médicament aux graines qui constituent leur alimentation, d’où l’intérêt suscité dans de nombreux pays par ce produit qui sauverait leurs élevages des ravages de la grippe aviaire.

Le prototype hongrois doit faire l’objet de tests scientifiques complémentaires. Mais il a, d’ores et déjà, été transmis pour homologation à l’Agence européenne des médicaments (EMA), à Londres. Les Hongrois doivent également faire parvenir à l’Agence un stock de 25 000 ampoules pour preuve de l’efficacité de leur production industrielle. Le produit pourrait être homologué et commercialisable «d’ici mars 2006», annonce le ministre de la Santé.

Ce nouveau vaccin est une étape importante dans la recherche scientifique. Rien ne dit que la prochaine pandémie humaine, prophétisée par tous les spécialistes, sera bien due à une souche mutante du virus H5N1. Mais si tel était le cas, les Hongrois pourraient rapidement mettre au point un autre vaccin, destiné cette fois à empêcher la transmission d’un virus mortel, d’homme à homme. «Nous pourrions produire rapidement et en grande quantité un vaccin contre une version mutée du virus», affirme Laszlo Bujdoso, le directeur des services vétérinaires hongrois.


par Florence  La Bruyère

Article publié le 30/10/2005 Dernière mise à jour le 30/10/2005 à 15:10 TU

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Jean-Luc Angot

Directeur adjoint de l’Organisation mondiale de la santé animale

«Si en Asie du Sud-Est, on vaccine les volailles à grande échelle, on peut éviter la pandémie chez l'homme.»

Docteur Modibo Traoré

Directeur du bureau inter-africain des Ressources animales

«La partie africaine qui semble la plus vulnérable à la grippe aviaire, c'est l'Afrique de l'Est.»

Jean-Philippe Derenne

Professeur spécialiste en pneumologie et maladies infectieuses

«Ce que l’on craint pour l’homme c’est que cette maladie des oiseaux mute… »

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