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Grippe aviaire

Les oiseaux migrateurs ne sont pas les seuls vecteurs

Propagation du virus de la grippe aviaire. <A href="http://www.rfi.fr/francais/actu/articles/070/article_39342.asp" target=_BLANK>Cliquez pour agrandir</A>(Cartographie: SB/RFI)
Propagation du virus de la grippe aviaire. Cliquez pour agrandir
(Cartographie: SB/RFI)

Avec la multiplication des foyers de grippe aviaire, les experts s’interrogent de plus en plus sur la manière dont se propage le virus d’une zone à une autre. Les oiseaux migrateurs ne sont peut-être pas les seuls responsables de la progression de l’épizootie. Un certain nombre de contaminations ont, selon toute vraisemblance, eu lieu à la suite du transport d’animaux d’élevage ou de compagnie infectés. Cette situation rend nécessaire la mise en œuvre d’un dispositif de surveillance et de prévention adapté.


Le virus de la grippe aviaire peut se déplacer par l'intermédiaire des oiseaux migrateurs mais aussi par le transport d'oiseaux d'élevage.
(Photo: AFP)
Les oiseaux migrateurs ont-ils été les seuls vecteurs à propager la grippe aviaire dans et hors d’Asie ? Cela n’est pas sûr. L’apparition récente de volatiles contaminés dans des régions qui ne se situent pas sur les itinéraires des oiseaux migrateurs fait peser le doute sur la responsabilité unique des ces oiseaux sauvages dans la progression du virus. La détection d’un foyer à Toula au sud de Moscou a, par exemple, amené les spécialistes à s’interroger sur l’origine de la contamination des animaux. L’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) a d’ailleurs rendu hier un avis dans lequel elle confirme qu’en Russie «l’avancement de la maladie n’a pas suivi les routes habituelles des oiseaux migrateurs mais qu’il a longé la voie du transsibérien». Il parait donc probable que, dans cette zone, l’infection ait eu lieu par l’intermédiaire de volailles malades, transportées par l’homme. Reste à savoir alors d'où celles-ci provenaient et à quel endroit elles avaient été en contact avec la grippe aviaire.

Le perroquet retrouvé mort en Grande-Bretagne et qui était porteur d’un virus de la souche H5 –des tests supplémentaires sont en cours pour déterminer s’il s’agissait du H5N1- pose lui aussi la question du mode de contamination. Cet oiseau provenait du Surinam en Amérique du Sud, une région où a priori la grippe aviaire n’est pas présente. Mais il se trouvait en quarantaine, comme c’est l’usage en Grande-Bretagne pour les animaux d’importation, dans un hangar où des oiseaux en provenance de Taiwan étaient aussi parqués. L’hypothèse que ce soit eux qui aient contaminé le perroquet est envisagée sérieusement par les autorités sanitaires britanniques. Dans l’attente de certitudes sur ce point, l’ensemble des volatiles a été abattu.

Le marché noir d’oiseaux vivants représente un danger

Du coup, le danger ne viendrait pas uniquement du survol des contrées pour le moment indemnes par les oiseaux migrateurs. Et les mesures destinées à éviter les contacts entre les animaux de basse-cour et leurs congénères sauvages, comme le confinement des volailles d’élevage, devraient être complétées par une surveillance accrue des arrivages aux frontières par la route, le train ou l’avion. Dans ce contexte, et en raison des embargos sur les importations en provenance des pays où la grippe aviaire a été décelée, décidés très rapidement par les Etats, le principal danger vient bien évidemment des trafics d’oiseaux organisés pour contourner les interdictions. Le marché noir existe déjà dans ce domaine. L’année dernière, des aigles contaminés ont été retrouvés à l’aéroport de Bruxelles dans les bagages d’un passager en provenance de Thaïlande. Le renforcement des dispositions de contrôle et éventuellement l’interdiction totale des importations d’oiseaux vivants, pourraient alors avoir comme effet de développer encore plus un marché parallèle échappant totalement à la surveillance sanitaire. C’est pourquoi ce type de mesure est examiné avec beaucoup de précaution pour le moment.

Le fait que les oiseaux migrateurs ne soient pas les seuls vecteurs de propagation de la grippe aviaire ne doit pas non plus aboutir à minimiser le risque qu’ils participent à la diffusion du virus au fil de leurs déplacements. La suspicion qui a porté sur eux demeure, notamment en raison du fait qu’ils peuvent être des porteurs sains de la maladie, c’est-à-dire la transmettre sans en être affecté. Les spécialistes ont d’ailleurs noté que les virus H5 atteignent avec plus de virulence les volailles d’élevage que les oiseaux sauvages. D’autre part, il parait aussi vraisemblable que des oiseaux migrateurs contaminés puissent poursuivre leur route et propager le virus pendant au moins quelques jours avant de mourir.

C’est pour cela que certaines régions sont particulièrement vigilantes face à l’évolution de l’épizootie. L’Afrique est dans ce cas. Elle se situe sur l’itinéraire migratoire d’un certain nombre d’espèces qui se déplacent à partir de l’Asie ou de l’Europe. Le delta du Danube, où des cas de grippe aviaire ont été identifiés récemment, est ainsi une zone de passage vers l’Afrique.


par Valérie  Gas

Article publié le 22/10/2005 Dernière mise à jour le 22/10/2005 à 20:04 TU