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Grippe aviaire

La France se prépare

Dans une usine de Bretagne, tri de masques de type FFP2,  la norme de l'Union européenne choisie par l'Etat français, en raison de ses capacités filtrantes. (Photo : AFP)
Dans une usine de Bretagne, tri de masques de type FFP2, la norme de l'Union européenne choisie par l'Etat français, en raison de ses capacités filtrantes.
(Photo : AFP)
Le Premier ministre français a organisé le 14 octobre une réunion interministérielle pour étudier les aménagements à apporter au dispositif anti-grippe aviaire, à la suite de l’annonce de la présence du virus en Turquie et vraisemblablement en Roumanie. Comme les autres pays de l’Union européenne, la France a adopté des mesures de surveillance et de prévention en vertu du principe de précaution. Mais Dominique de Villepin a tenu à rappeler que si la propagation de cette épizootie en Europe est à «prendre au sérieux», il ne faut pas néanmoins «céder à la panique».

Le risque existe mais il ne faut pas l’exagérer. La prudence n’empêche donc pas la sérénité. Et c’est dans cet état d’esprit que les autorités françaises veulent aborder le problème de l’arrivée de la grippe aviaire sur le continent européen. La réunion de l’ensemble des ministres concernés par cette question (Intérieur, Défense, Affaires étrangères, Transports, Santé, Agriculture, Ecologie, Budget), à Matignon autour du chef du gouvernement, visait donc simplement à adapter le dispositif de surveillance et de prévention déjà en place, pas à déclarer l’état de siège. Dominique de Villepin a d’ailleurs voulu couper court à tout mouvement de peur. Il a ainsi déclaré : «A ce stade nous n’avons pas connaissance d’une transmission d’homme à homme. Il ne faut pas céder du tout à la panique».

La grippe aviaire est, pour le moment, une épidémie animale (épizootie). Elle frappe essentiellement les volatiles. Et les cas de transmission à des humains ont toujours eu lieu, à ce jour, via un contact rapproché avec des animaux infectés. Cela n’empêche pas cette maladie de représenter un danger potentiel pour l’homme. Et c’est la raison pour laquelle l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé les gouvernements à la vigilance. C’est donc en vertu d’une stricte application du principe de précaution que les pays de l’Union ont mis en place des mesures de prévention. Le ministre français de la Santé, Xavier Bertrand, a résumé la situation en expliquant : «Nous ne savons pas quand une pandémie humaine peut survenir, mais notre rôle c’est d’anticiper».

Surveiller les oiseaux et faire des stocks de médicaments

Au stade actuel, la prévention passe essentiellement par la surveillance des oiseaux migrateurs que l’on soupçonne d’être les vecteurs de la propagation du dangereux virus H5N1, celui-là même qui a réussi à contaminer des humains. L’objectif est d’essayer d’éviter les contacts entre les oiseaux sauvages et les volatiles de basse-cour. Dans cette optique, le gouvernement a donc déjà demandé aux éleveurs de ne plus nourrir leurs animaux en plein air. Mais pour le moment, il ne juge pas utile d’exiger le confinement total des volailles. Cette mesure ne correspond pas au niveau d’alerte actuel -niveau 1, selon le Premier ministre. Les éleveurs doivent, en revanche, signaler tout cas de mort suspecte de l’un de leurs volatiles et si nécessaire, pratiquer un dépistage sur les volailles domestiques.

L’application de ces mesures, ajoutée à l’interdiction décidée par Bruxelles de l’importation d’oiseaux vivants, de viandes de volailles ou de plumes, en provenance des zones touchées par la grippe aviaire, est censée protéger les consommateurs français. Dans tous les cas, les autorités sanitaires affirment que manger du poulet cuit n’est pas dangereux puisque le virus est détruit à 70°. Dominique de Villepin a d’ailleurs annoncé qu’il avait lui-même récemment consommé de la volaille sans aucune crainte. Une manière d’apporter son soutien à la filière avicole qui est, en effet, particulièrement soucieuse des conséquences de l’épidémie de grippe aviaire sur les comportements des consommateurs. L’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) a, d’autre part, annoncé qu’elle proposerait en début de semaine prochaine certaines autres recommandations scientifiques sur la grippe aviaire.

La prévention ne passe pas que par la surveillance des animaux. L’éventualité d’une mutation du virus H5N1 qui le rendrait transmissible entre humains fait partie des scénarios envisagés très sérieusement. Et bien évidemment, le gouvernement a pris un certain nombre de décisions destinées, comme l’a indiqué Dominique de Villepin, à «protéger la santé des Français». Il a ainsi commencé à constituer un stock de masques chirurgicaux (pour se protéger des inhalations de poussières ou de sécrétions infectées) et de médicaments anti-viraux (Tamiflu). La France dispose actuellement de 5 millions de doses de ce traitement et devrait en avoir au total 13,8 millions d’ici la fin de l’année.

Si ces médicaments sont les seuls à avoir une certaine efficacité pour traiter les malades infectés par le virus, il n’est absolument pas utile de se ruer sur les pharmacies pour s'en procurer alors même qu’il n’y a pas d’épidémie humaine. Le ministre français de la Santé, Xavier Bertrand, a d’ailleurs prévenu ses concitoyens qu’il ne sert à rien de s’affoler puisque le gouvernement a décidé de permettre aux médecins de prescrire «gratuitement» le Tamiflu aux éventuels malades. Le ministre a aussi annoncé que 40 millions de vaccins pandémiques avaient été réservés auprès des laboratoires. La mise au point d’un sérum efficace représente le seul moyen de lutter efficacement contre un virus humanisé mais elle prendra plusieurs mois à partir du moment où la souche sera identifiée.

La grippe aviaire fait sans conteste partie des préoccupations prioritaires du gouvernement. Pour preuve, Dominique de Villepin a chargé Xavier Bertrand d’«actualiser en permanence le plan de pandémie grippale». Et le ministre de la Santé a assuré que face à cette maladie, les contraintes budgétaires ne primeront pas : «Nous mettrons tous les moyens nécessaires».


par Valérie  Gas

Article publié le 14/10/2005 Dernière mise à jour le 14/10/2005 à 18:01 TU