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Indonésie

Suicide d’un terroriste impliqué à Bali

La police indonésienne emporte les corps des terroristes, retrouvés dans les décombres.(Photo : AFP)
La police indonésienne emporte les corps des terroristes, retrouvés dans les décombres.
(Photo : AFP)

L'un des terroristes les plus recherchés d'Asie du Sud-Est, Azahari Husin, de nationalité malaisienne, surnommé «le démolisseur» s’est suicidé mercredi en faisant sauter la maison dans laquelle il s’était retranché, dans la ville de Batu, sur l'île de Java. La police le traquait pour ses implications présumées dans les attentats perpétrés à Bali, qui ont fait 202 morts, parmi lesquels de nombreux touristes australiens, en octobre 2002, et 23 morts, dont trois kamikazes, le 1er octobre dernier.


C'est dans la ville balnéaire de Batu dans l'est de l'île de Java, à plus de 700 kilomètres de Jakarta, que la cavale d'Azahari Husin a pris fin, ce mercredi. Repéré par la police indonésienne, le militant islamiste radical était retranché avec au moins deux comparses dans une maison cernée par un commando des forces anti-terroristes. Sommés de se rendre, les fugitifs ont tiré plusieurs fois avant de se suicider, en actionnant des explosifs. Selon le récit d'un reporter de la chaîne indonésienne ANTV, qui se trouvait sur place, trois corps gisaient dans les décombres, dont celui d'Azahari Husin, déchiqueté, mais formellement identifié par les policiers.

Un professeur recyclé en maître artificier

Agé d'une quarantaine d'années, ancien professeur d'université, de nationalité malaisienne, Azahari Husin était l'un des dirigeants présumés de la Jamaa Islamiya. Il était du nombre des extrémistes les plus recherchés dans toute l'Asie du Sud-Est. Et cela, en particulier, pour la sécurité indonésienne, qui le considère comme l'un des principaux responsables des attentats de Bali en octobre 2002 et 2005, deux carnages dont Azahari Husein aurait été le maître artificier et son compatriote Noordin Mohammad Top, le planificateur. Toujours traqué, Mohammad Top se trouverait d’ailleurs encore quelque part sur l'île de Java.

Le chef de la police nationale, le général Sutanto, indique qu’il avait monté son opération sur la foi des renseignements fournis par un «suspect arrêté qui a confirmé qu'Azahari se trouvait» dans la maison de Batu. Des «informations antérieures basées sur des empreintes nous avaient menés à une étroite surveillance depuis une dizaine de jours», ajoute-t-il. La police aurait découvert trente charges explosives dans la maison qui abritait les trois hommes. Pour sa part, l'organisation International Crisis Group impute à la Jamaa Islamiya une cinquantaine d'attentats, réussis ou manqués en Indonésie, depuis avril 1999.

«Il appartenait à Jamaa Islamiya depuis 1994.»
Jones Sydney
Spécialiste de l’islam radical indonésien  [10/11/2005] 1 min 08 sec
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On appelait Azahari Husin «le démolisseur», un surnom à la mesure de la réputation d'artificier qu’il avait acquise depuis son entrée dans la clandestinité. Ingénieur formé en Australie à la fin des années 70, puis en Grande-Bretagne, Azahari Husin était ensuite revenu en Malaisie enseigner à l'université de technologie. Il avait brutalement disparu en 2001, pour servir la cause de Dieu, comme il l'avait alors expliqué à sa femme et à ses deux enfants. Son nom était apparu au lendemain des attentats les plus sanglants enregistré après les attaques du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, ceux de Bali, le 12 octobre 2002. Il était revenu dans les listes de suspects en août 2003, après l'attentat contre l’hôtel Mariott de Jakarta, mais aussi en septembre 2004, dans la foulée de l'attaque de l'ambassade d'Australie, toujours à Jakarta, et, enfin, le 1er octobre dernier, quand trois bombes ont à nouveau endeuillé Bali.

«La mort d'Azahari est un coup sévère pour le réseau terroriste en Indonésie et dans la région», estime un membre de la Commission parlementaire sur la sécurité, Djoko Susilo, qui ajoute toutefois que la Jamaa Islamiya n’en disparaîtra pas pour autant. «Elle dispose encore d'un réseau en Indonésie, en Asie du Sud-Est et dans d'autres endroits dans le monde», rappelle-t-il. Pour sa part, l’Australie se félicite sans attendre de la mort d’Azahari. Elle a perdu 92 ressortissants à Bali, en 2002 et en octobre dernier. Le suicide du terroriste a été une «très bonne» nouvelle pour le Premier ministre australien, John Howard, qui évoque une «avancée considérable», mais n’oublie pas lui non plus de mettre un bémol : «Cela ne signifie pas que la Jamaa Islamiya est neutralisée».



par Alain Renon

Article publié le 10/11/2005 Dernière mise à jour le 10/11/2005 à 14:24 TU