Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Indonésie

Attentat meurtrier devant l’ambassade d’Australie

A Djakarta une bombe a explosé près de l'ambassade australienne (à droite) endommageant les immeubles mitoyens. 

		(Photo : AFP)
A Djakarta une bombe a explosé près de l'ambassade australienne (à droite) endommageant les immeubles mitoyens.
(Photo : AFP)
L’explosion jeudi matin d’une voiture piégée devant la représentation australienne a fait au moins 8 morts et 168 blessés. Les soupçons se portent sur la Jemaah Islamiyah.

De notre correspondant en Indonésie 

L’explosion de la bombe, placée dans une voiture piégée, a été entendue dans toute la ville. La déflagration a été si puissante qu'elle a endommagé tous les immeubles mitoyens de l'ambassade australienne de Djakarta, la cible de l'attentat. Les fenêtres des bâtiments les plus proches ont été brisées jusqu'au 20e étage, un supermarché a été ravagé tandis qu'une vingtaine de voitures gisaient calcinées sur la route qui longe l'ambassade. Celle-ci, située à une vingtaine de mètres de la déflagration, a été fortement touchée. La grille de protection est à terre et la façade partiellement éventrée.

Les premiers soupçons se portent naturellement vers la Jemaah Islamiyah. Cette organisation, souvent décrite comme la sœur jumelle d'al-Qaïda en Asie du Sud-Est, est suspectée d'avoir commis une quarantaine d'attentats depuis la fin des années 1990. On lui attribue notamment les attentats de Bali du 12 octobre 2002 qui avaient fait 202 morts. Un carnage dont l'Australie fut déjà la principale victime puisque 88 de ses ressortissants avaient été tués. L’année suivante, en août 2003, c'est une voiture piégée qui sautait devant l'hôtel Marriott de Djakarta (12 morts). Une quarantaine de militants de la Jemaah Islamiyah avaient été arrêtés et jugés, trois d'entre eux étant condamnés à la peine de mort. Mais plusieurs cadres très importants de l'organisation terroriste sont toujours en fuite. Parmi eux figurent les trois principaux artificiers des attentats de Bali, les Malaisiens Azahari et Mohammad Top et l'Indonésien Dulmatin. Ils pourraient être, d'après les premières déclarations de la police, à l'origine de l'attentat de ce matin.

Les critiques de Camberra

Cette nouvelle attaque contre les intérêts australiens dans l'archipel, survient à dix jours du second tour de l'élection présidentielle indonésienne qui opposera la présidente sortante, Megawati Sukarnoputri à son ancien ministre de la Sécurité, Susilo Bambang Yodhoyono. Les deux événements peuvent être liés car le Jihad contre l'Amérique et ses alliés occidentaux n'est pas le seul combat de la Jemaah Islamiyah. Celle-ci cherche également à renverser le gouvernement indonésien  pour le remplacer par un gouvernement islamique. La police redoutait depuis plusieurs mois des actions terroristes destinées à perturber ces élections. Sept militants présumés de la Jemaah Islamiyah avaient été arrêtés récemment, les policiers affirmant qu'ils avaient subi un entraînement spécifique pour commettre des attentats suicides.

L'Indonésie, où la bourse a plongé en fin de journée, est donc l'autre victime de l'attentat contre l'ambassade australienne. C'est sans doute la ligne de défense qu'adoptera le gouvernement de Djakarta pour calmer les critiques de Camberra qui ne cesse, depuis les attentats de Bali, d'exiger davantage de fermeté contre les tenants de l'Islam radical dans l'archipel.



par Jocelyn  Grange

Article publié le 09/09/2004 Dernière mise à jour le 09/09/2004 à 13:50 TU