Indonésie
Attentat anti-occidental à Djakarta
La violence terroriste a touché mardi la capitale indonésienne, deux jours avant que la justice ne rende son premier jugement dans l’affaire de l’attentat de Bali et que le procès du chef religieux Abou Bakar Bashir ne reprenne à Djakarta.
L’explosion s’est produite en milieu de journée, au moment où de nombreux hommes d’affaires et personnalités politiques viennent déjeuner dans l’un des établissements hôteliers les plus luxueux de la capitale indonésienne. L’hôtel Marriott a été mardi la cible d’un attentat à la voiture piégée qui a fait, selon un bilan encore provisoire, 17 morts et près de cent cinquante blessés. La police indonésienne a indiqué que trois étrangers se trouvent parmi les morts : un Américain, un Australien et un Malaisien. Le général Da’Bachtiar, chef de la police nationale, a expliqué que la bombe se trouvait à bord d’une camionnette stationnée devant l’hôtel. Il a ajouté que des morceaux de cadavres avaient été retrouvés aux abords de son épave calcinée, sans pouvoir pour autant confirmer la thèse d’un attentat-suicide. La plupart des victimes sont des passants ou des badauds qui se trouvaient à proximité de l’entrée de l’hôtel au moment de l’explosion. Plusieurs véhicules stationnés le long de la chaussée, notamment des taxis, ont ainsi pris feu. La très forte déflagration a soufflé pratiquement toutes les vitres de la façade de l’hôtel, un imposant bâtiment de trente-trois étages.
La chaîne américaine Marriott International avait inauguré en 2001 cet établissement situé dans l’un des quartiers les plus surveillés de la capitale indonésienne, le district d’Auningang, qui se trouve à proximité de plusieurs ambassades étrangères. Et il est l'un des hauts lieux de rencontre de la communauté américaine présente dans la capitale indonésienne, l’hôtel ayant notamment organisé des réjouissances le 4 juillet dernier à l’occasion de la célébration de la fête nationale américaine. Les instigateurs de cet attentat semblaient donc vouloir frapper les étrangers installés dans la capitale indonésienne. Qualifiant cette explosion d’attentat terroriste, les autorités indonésiennes se sont gardées de tout excès de précipitation en affirmant qu’il était encore trop tôt pour l’imputer à la Jemaah Islamiyah, un groupe fondamentaliste régional notamment soupçonné d’avoir perpétré un attentat à Bali en octobre dernier.
Un lourd agenda judiciaire
L’explosion à Bali d’une voiture piégée aux abords d’une discothèque fréquentée par des touristes étrangers avait entraîné la mort de 202 personnes, un bilan très lourd qui avait poussé les autorités indonésiennes à mener une lutte active contre différents réseaux terroristes présents sur l’archipel. L’enquête sur cet attentat, menée avec le concours d’experts internationaux, a débouché sur l’arrestation d’une trentaine de personnes qui appartiendraient à la Jeemah Islamiyah, un réseau régional clandestin soupçonné d’entretenir des liens avec l’organisation terroriste Al-Qaïda. Leur procès s’est ouvert le 12 mai dernier à Denpasar, chef-lieu de Bali, et les juges doivent prononcer leurs premières sentences jeudi. Le fait que l’attentat perpétré contre l’hôtel Marriott de Jakarta ait eu lieu quarante-huit heures avant cette échéance laisse donc penser que ses auteurs pourraient être des proches de la Jeemah Islamiyah. D’autant qu’un autre procès de grande importance doit reprendre cette semaine à Djakarta, celui d’Abou Bakar Bashir, chef religieux soupçonné de diriger la Jemaah Islamiyah. Inculpé de crime de haute trahison, il est notamment accusé d'avoir participé à un complot visant à assassiner la présidente indonésienne Megawati Sukarnoputri.
La tenue de ces procès avait amené les autorités indonésiennes à redoubler les mesures de surveillance autour d’un certain nombre de sites sensibles. Malgré cela, plusieurs attentats se sont produits au cours des dernières semaines, une explosion blessant notamment onze personnes le 27 avril à l’aéroport intérieur de Djakarta. Il semble en fait très difficile pour les services de police de réussir à démanteler une organisation terroriste apparemment bien implantée localement. Profitant de la très forte émotion suscitée par l’attentat de Bali, Megawati Sukarnoputri avait pu avancer avec une grande détermination. Mais le contexte a rapidement changé. L’intervention militaire des forces américaines et britanniques en Irak a été vécue comme une violente agression contre un pays musulman frère et beaucoup d’habitants voient désormais d’un mauvais œil la coopération de l’Indonésie avec les Etats-Unis pour traquer les membres de présumées organisations terroristes. Megawati Sukarnoputri se retrouve du coup prise en tenaille entre une opinion publique réticente et les fortes pressions exercées par une partie de la communauté internationale. Une situation complexe qui laisse une certaine marge de manœuvre aux groupuscules terroristes.
La chaîne américaine Marriott International avait inauguré en 2001 cet établissement situé dans l’un des quartiers les plus surveillés de la capitale indonésienne, le district d’Auningang, qui se trouve à proximité de plusieurs ambassades étrangères. Et il est l'un des hauts lieux de rencontre de la communauté américaine présente dans la capitale indonésienne, l’hôtel ayant notamment organisé des réjouissances le 4 juillet dernier à l’occasion de la célébration de la fête nationale américaine. Les instigateurs de cet attentat semblaient donc vouloir frapper les étrangers installés dans la capitale indonésienne. Qualifiant cette explosion d’attentat terroriste, les autorités indonésiennes se sont gardées de tout excès de précipitation en affirmant qu’il était encore trop tôt pour l’imputer à la Jemaah Islamiyah, un groupe fondamentaliste régional notamment soupçonné d’avoir perpétré un attentat à Bali en octobre dernier.
Un lourd agenda judiciaire
L’explosion à Bali d’une voiture piégée aux abords d’une discothèque fréquentée par des touristes étrangers avait entraîné la mort de 202 personnes, un bilan très lourd qui avait poussé les autorités indonésiennes à mener une lutte active contre différents réseaux terroristes présents sur l’archipel. L’enquête sur cet attentat, menée avec le concours d’experts internationaux, a débouché sur l’arrestation d’une trentaine de personnes qui appartiendraient à la Jeemah Islamiyah, un réseau régional clandestin soupçonné d’entretenir des liens avec l’organisation terroriste Al-Qaïda. Leur procès s’est ouvert le 12 mai dernier à Denpasar, chef-lieu de Bali, et les juges doivent prononcer leurs premières sentences jeudi. Le fait que l’attentat perpétré contre l’hôtel Marriott de Jakarta ait eu lieu quarante-huit heures avant cette échéance laisse donc penser que ses auteurs pourraient être des proches de la Jeemah Islamiyah. D’autant qu’un autre procès de grande importance doit reprendre cette semaine à Djakarta, celui d’Abou Bakar Bashir, chef religieux soupçonné de diriger la Jemaah Islamiyah. Inculpé de crime de haute trahison, il est notamment accusé d'avoir participé à un complot visant à assassiner la présidente indonésienne Megawati Sukarnoputri.
La tenue de ces procès avait amené les autorités indonésiennes à redoubler les mesures de surveillance autour d’un certain nombre de sites sensibles. Malgré cela, plusieurs attentats se sont produits au cours des dernières semaines, une explosion blessant notamment onze personnes le 27 avril à l’aéroport intérieur de Djakarta. Il semble en fait très difficile pour les services de police de réussir à démanteler une organisation terroriste apparemment bien implantée localement. Profitant de la très forte émotion suscitée par l’attentat de Bali, Megawati Sukarnoputri avait pu avancer avec une grande détermination. Mais le contexte a rapidement changé. L’intervention militaire des forces américaines et britanniques en Irak a été vécue comme une violente agression contre un pays musulman frère et beaucoup d’habitants voient désormais d’un mauvais œil la coopération de l’Indonésie avec les Etats-Unis pour traquer les membres de présumées organisations terroristes. Megawati Sukarnoputri se retrouve du coup prise en tenaille entre une opinion publique réticente et les fortes pressions exercées par une partie de la communauté internationale. Une situation complexe qui laisse une certaine marge de manœuvre aux groupuscules terroristes.
par Olivier Bras
Article publié le 05/08/2003