Institut du monde arabe
L’âge d’or des sciences arabes s’expose
(Photo: Bibliothèque nationale de France)
Chirurgie des Ilkhani de Sharaf al-Dîn ibn 'Alî ibn al-Hajj Ilyas Sabunju Oghlu. Turquie, 1466. (Photo: Bibliothèque nationale de France, Paris) |
«Le XIe siècle est pour l’islam ce qu’a été le XVIIIe siècle pour l’Europe, le siècle des Lumières», n’hésite pas à affirmer l’historien Malek Chebel. A cette époque, les contrées de l’Europe occidentale sont ravagées par des conflits féodaux et ne brillent pas vraiment, tandis que rayonne le raffinement des grandes cités musulmanes. L’empire arabo-musulman est alors prospère et le métissage intellectuel est inégalé; la civilisation s’empare de toutes les branches du savoir et des techniques, et les échanges commerciaux encouragent la diffusion des connaissances. Toutefois, si l’on situe ce point d’apogée des sciences arabes vers le XIe siècle, Ahmed Djebbar souligne qu’en fait l’islam règnera pendant plus de 600 ans sur un «espace géopolitique qui s’étend des confins de l’Asie centrale aux confins des Pyrénées» et de la péninsule ibérique. En six siècles, les scientifiques cumuleront assimilations et découvertes.
Après la constitution du premier Etat musulman à Médine en 622, et l’appropriation des connaissances des prédécesseurs vaincus ou dominés (grecs, perses et indiens), l’arabe s’impose dès la fin du VIIe siècle à la fois comme langue de culture qui sert à transmettre le coran, et comme langue administrative. Les traités et les documents scientifiques sont traduits et diffusés. «La multiplication, la division et la racine carrée sont arabes à 70%», rappelle Ahmed Djebbar qui poursuit: «La plupart des découvertes ont des racines grecques ou égyptiennes»; mais, pendant six siècles, forts de cette assimilation, les Arabes progressent en sciences et font des découvertes cruciales.
Le Caire et Damas, principaux centres de recherche médicale
Compilation de chimie illustrée, XVIIIe siècle. (Photo: The British Library, Londres) |
Les domaines de la médecine et de l’optique physiologique sont la parfaite illustration des avancées considérables dues aux Arabes, et dont bénéficieront ensuite les sciences européennes. Aux XIIe et XIIIe siècles, Le Caire et Damas sont les principaux centres de recherche médicale et leurs hôpitaux ressemblent à nos centres hospitaliers actuels. L’auteur du Canon de la médecine, le célèbre médecin persan Ibn Sinâ (980-1037) connu en occident sous le nom d’Avicenne, restera pendant des siècles une référence inégalée. Des découvertes dans le domaine de l’optique physiologique permettent des opérations aussi délicates que celle de la cataracte.
par Dominique Raizon
Article publié le 15/11/2005 Dernière mise à jour le 15/11/2005 à 18:09 TU