Culture
La calligraphie a le vent en poupe
Issu du grec kalligraphia, le mot français signifie «belle écriture». La calligraphie ne pouvait pas être absente du Salon du livre 2004 où la Chine est invitée d’honneur. Les beaux livres de calligraphie chinoise et arabe s’offrent pour les fêtes, aussi bien que les jolis coffrets qui abondent sur les rayons d’art graphique des grandes surface, des grands magasins, et chez les libraires spécialisés. Associations, cours, stages, magasins et artisans spécialisés disposent de nombreuses vitrines sur le web. Si l’imprimé avait un peu fait tomber dans l’oubli l’art de la belle écriture, voici que depuis une quinzaine d’années elle connaît incontestablement un regain d’intérêt exponentiel. Toutefois, il n’y a pas une, mais des calligraphies, et il faut donc distinguer plusieurs facteurs qui expliquent le succès de cette discipline.
«Lis car ton Seigneur est très bon» souffle l’archange Gabriel au prophète. La belle écriture préside à cette exaltation divine de la parole et de l’écrit: la lettre et son esprit, le geste d’écrire comme une prière ou une inspiration, on retrouve cette dimension spirituelle dans toutes les cultures. En Chine, la calligraphie, exercice initiatique majeur, relève d’un art de vivre. Pour les musulmans, le Coran, premier livre écrit en langue arabe, a joué un rôle central dans l’évolution de l’écriture: des règles précises ont été édictées faisant du signe même un objet de méditation, un art abstrait permettant au calligraphe d’exprimer ses sentiments. En Europe, les moines copistes du moyen âge, religieux érudits, rivalisaient d’application dans leurs ateliers rappelant ainsi que la calligraphie est une sorte d’invitation à la méditation.
Peu à peu l’écriture, la belle écriture, a subi plusieurs «modernités» qui l’ont faite un peu tomber dans l’oubli, en occident du moins: l’avènement de l’imprimé dans un premier temps, celui du stylo à bille ensuite, puis celui du clavier -des machines à écrire, et des ordinateurs. Les quinquagénaires d’aujourd’hui évoquent toujours, avec un peu de nostalgie il est vrai, les pleins et les déliés violets, noirs, ou bleu outremer, que traçait la plume sergent-major de leur enfance sur leurs cahiers d’écoliers: le petit crissement sur le papier, et la plume qui s’ouvrait en deux lorsque le porte-plume était coincé entre le pouce, l’index et le majeur crispés, les lèvres pincées dans un effort de grande concentration. Ils n’ont pas oublié, non plus, le petit encrier en porcelaine blanche dans lequel trempait -trop ou, au contraire, pas assez- la pointe de la plume, avant que l’encre ne soit épongée avec un buvard, au risque de faire un «pâté». Nostalgie des «belles pages d’écriture», nostalgie du rituel, aussi.
Est-ce parce que les souvenirs reviennent à la mémoire? Toujours est-il qu’aujourd’hui, les institutionnels, les journaux, les banques, les ambassades, les établissements scolaires, tous s’arrachent les faveurs d’une jolie graphie pour promouvoir qui son logo, qui son image de marque. Les amateurs, surtout des femmes et des enfants, sont de plus en plus nombreux à s’inscrire à des stages de calligraphie gothique, arabe ou chinoise. Si on s’en réfère aux programmes proposés par les différentes associations de loisirs, on s’aperçoit que les pleins et les déliés tracent leurs entrelacs dans notre vie quotidienne, et que la calligraphie connaît un succès analogue à celui de la broderie, de l’encadrement, de la reliure ou de la peinture sur porcelaine. «Dans nos cours hebdomadaires (complets) sont représentés les différentes professions de graphiste, directeur commercial, éditeur, médecin, illustrateur, attaché de presse. Les écoles maternelles et primaires plébiscitent les vertus psychomotrices de l’écriture appliquée qui favorise une maîtrise de la gestuelle et améliore les facultés de concentration», nous dit Fred, du Comptoir des écritures. Cette école de la patience séduit donc de plus en plus de monde. Quant à l’attrait pour les calligraphies chinoises, arabes et persanes, il répond à un engouement certain pour l’exotisme, et le purement décoratif: on dénombre six types d’écriture arabe, dont les noms sont lumineux comme une féerie des Mille-et-une-nuits -le Sülus, le Tevki, le Rikâ, le Nesih, le Muhakkak; les idéogrammes chinois, quant à eux, s’harmonisent et se fondent ici avec un oiseau, là avec un nuage, la montagne céleste, ou une fleur de pommier. Exploitant cette part de rêve et proposant des livres merveilleusement illustrés, les maisons d’édition rivalisent d’ouvrages qui familiarisent le public avec les cultures d’ailleurs, contribuant ainsi à populariser ces écritures dessinées venues d’ailleurs.
De leurs côtés, les grandes surfaces se sont emparé du côté médiatique: depuis une quinzaine d’années, elles proposent régulièrement, lors de promotions liées à des dates anniversaires -comme le nouvel an chinois ou le nouvel an musulman-, des coffrets cadeaux au charme raffiné, à des prix ridiculement bas. Phénomène de mode, effet marketing certes, mais ouverture culturelle aussi: Philippe Meyer, gérant de la librairie Le Phoenix, haut lieu de diffusion de la littérature asiatique et véritable institution à Paris pour les amateurs de culture chinoise, déclare: «il y a trente ans, la librairie comprenait 5000 titres, aujourd’hui elle en propose 35 000, c’est dire l’intérêt de la clientèle pour la culture extrême–orientale. Cette ouverture éditoriale est indéniablement liée à une ouverture culturelle: la Chine était fermée sur elle-même, puis en 1964 le général de Gaulle a reconnu l’existence de la Chine populaire, et nous avons alors ouvert cette librairie qui importait de la littératue chinoise; jusqu’en 75, la librairie n’était alors fréquentée que par des militants et quelques initiés amateurs de littérature chinoise. Puis nous avons déployé l’offre. Nous n’avons pas attendu les années croisées France-Chine, mais il est indéniable que l’ouverture des échanges se ressent tous les jours». Et Fred, du Comptoir des Ecritures, d’ajouter: «Le livre de Lucien Polastron Initiation à la calligraphie(éditions Fleurus) édité en 1995, est ré-édité chaque année à 5000 exemplaires au point qu’une suite sort prochainement chez Dessain et Tolra. C’est dire le succès de la calligraphie auprès du grand public. D’ailleurs, de plus en plus nombreuses sont les maisons qui raccrochent les wagons, la dernière étant Albin Michel qui a fait un malheur avec un album d’œuvres calligraphiques pourtant assez hermétiques et inabordables financièrement».
Un art qui demande une initiation
Le matériel utilisé est très bon marché et plutôt joli; il compte même ses collectionneurs. Avec l’ouverture de la Chine, les importations de matériel sont de plus en plus faciles. Et de l’Empire du milieu nous parviennent à des prix défiants toute concurrence les trésors nécessaires à tout calligraphe digne de ce nom. Le matériel nécessaire ? Du papier de riz blanc, avec ou sans incrustation de végétaux, plus ou moins absorbants, cuit ou cru; une pierre polie par l’eau du ruisseau qui fait office d’encrier; de l’encre -faite de noir de fumée, ou de suie de pin-, ou bien encore l’encre solide que l’on prépare soi-même grâce à une pierre à broyer; des calames -ou roseaux taillés-, et des pinceaux en poils de tout poil… lapin, putois, loup, cheveux d’enfants (!), lynx, chèvre, panthère de Chine, et même en moustaches de souris. Des plumes aussi, de vautour fauve, ou d’aigle royal. La librairie Le Phoenix a souhaité s’ouvrir à tout ce qui avait trait à l’écrit et propose au client un très bon choix, reconnu comme tel par le Comptoir des écritures, c’est-à-dire pas moins de 141 références de pinceaux et 42 références de papiers. Mais l’adresse de référence reste le Comptoir des écritures, «un lieu unique au monde où on pouvait dès les années 80 découvrir toutes les calligraphies, comparer leurs techniques, leur état d’esprit et leurs matériels requis. Beaucoup d’encre a coulé depuis» rapporte Fred qui met aussi en garde l’amateur «Il faut acheter du vrai matériel, car ne se lance pas dans la calligraphie qui veut sur simple coup de tête ou coup de cœur, comme ça, sans être initié; il faut pas moins d’une vie pour apprendre. Les petits coffrets que l’on voit partout sont des objets-cadeaux symboliques, mais totalement inutilisables».
Et l’on rejoint maintenant une autre dimension de la calligraphie, celle qui préside à ses origines: «le trait n’est pas qu’une ligne, c’est un souffle, une unité vivante qui joue avec les matières, les transparences et les superpositions». La maxime du maître Shitao, devenue la devise de tous les grands calligraphes, est que «l’unique trait de pinceau est l’origine de toute chose, la racine de tous les phénomènes; sa fonction est manifeste pour l’esprit et cachée en l’homme, mais le vulgaire l’ignore»: les formes mouvantes, qui situent cet art à mi-chemin de la poésie et de la peinture, inscrivent le geste dans une démarche spirituelle. Ainsi, Fabienne Verdier, une Française qui a étudié les grands maîtres taoïstes chinois aujourd’hui disparus rappelle que «le mouvement du pinceau n’obéit pas à l’ego, mais à une loi de gravité universelle, et le peintre est un médium qui donne sa vie dans l’oubli de soi: avec trois poils de chèvre, il peut parcourir l’univers (…) chaque mot, chaque idéogramme a une beauté intrinsèque. Pour les faire vivre ensemble, il faut parvenir à un équilibre, une harmonie. Comme l’homme, le monde respire et le calligraphe doit avoir le cœur disponible pour être capable d’insuffler à son trait le pouls de l’univers» dit encore Fabienne Verdier. A l’instar de cette digne héritière des grands maîtres de la calligraphie chinoise, Philippe Meyer rappelle que «ceux qui s’intéressent à la culture chinoise sont de plus en plus nombreux, et [que] tôt ou tard les adeptes d’arts martiaux ou de langue chinoise viennent à s’initier à la calligraphie, même si c’est pour un temps donné, car la calligraphie fait partie intégrante de la civilisation chinoise».
Toute en courbes et en élans, la calligraphie séduit sans doute pour ce qu’elle allie: abandon, maîtrise, patience, méditation, esthétisme .
Peu à peu l’écriture, la belle écriture, a subi plusieurs «modernités» qui l’ont faite un peu tomber dans l’oubli, en occident du moins: l’avènement de l’imprimé dans un premier temps, celui du stylo à bille ensuite, puis celui du clavier -des machines à écrire, et des ordinateurs. Les quinquagénaires d’aujourd’hui évoquent toujours, avec un peu de nostalgie il est vrai, les pleins et les déliés violets, noirs, ou bleu outremer, que traçait la plume sergent-major de leur enfance sur leurs cahiers d’écoliers: le petit crissement sur le papier, et la plume qui s’ouvrait en deux lorsque le porte-plume était coincé entre le pouce, l’index et le majeur crispés, les lèvres pincées dans un effort de grande concentration. Ils n’ont pas oublié, non plus, le petit encrier en porcelaine blanche dans lequel trempait -trop ou, au contraire, pas assez- la pointe de la plume, avant que l’encre ne soit épongée avec un buvard, au risque de faire un «pâté». Nostalgie des «belles pages d’écriture», nostalgie du rituel, aussi.
Est-ce parce que les souvenirs reviennent à la mémoire? Toujours est-il qu’aujourd’hui, les institutionnels, les journaux, les banques, les ambassades, les établissements scolaires, tous s’arrachent les faveurs d’une jolie graphie pour promouvoir qui son logo, qui son image de marque. Les amateurs, surtout des femmes et des enfants, sont de plus en plus nombreux à s’inscrire à des stages de calligraphie gothique, arabe ou chinoise. Si on s’en réfère aux programmes proposés par les différentes associations de loisirs, on s’aperçoit que les pleins et les déliés tracent leurs entrelacs dans notre vie quotidienne, et que la calligraphie connaît un succès analogue à celui de la broderie, de l’encadrement, de la reliure ou de la peinture sur porcelaine. «Dans nos cours hebdomadaires (complets) sont représentés les différentes professions de graphiste, directeur commercial, éditeur, médecin, illustrateur, attaché de presse. Les écoles maternelles et primaires plébiscitent les vertus psychomotrices de l’écriture appliquée qui favorise une maîtrise de la gestuelle et améliore les facultés de concentration», nous dit Fred, du Comptoir des écritures. Cette école de la patience séduit donc de plus en plus de monde. Quant à l’attrait pour les calligraphies chinoises, arabes et persanes, il répond à un engouement certain pour l’exotisme, et le purement décoratif: on dénombre six types d’écriture arabe, dont les noms sont lumineux comme une féerie des Mille-et-une-nuits -le Sülus, le Tevki, le Rikâ, le Nesih, le Muhakkak; les idéogrammes chinois, quant à eux, s’harmonisent et se fondent ici avec un oiseau, là avec un nuage, la montagne céleste, ou une fleur de pommier. Exploitant cette part de rêve et proposant des livres merveilleusement illustrés, les maisons d’édition rivalisent d’ouvrages qui familiarisent le public avec les cultures d’ailleurs, contribuant ainsi à populariser ces écritures dessinées venues d’ailleurs.
De leurs côtés, les grandes surfaces se sont emparé du côté médiatique: depuis une quinzaine d’années, elles proposent régulièrement, lors de promotions liées à des dates anniversaires -comme le nouvel an chinois ou le nouvel an musulman-, des coffrets cadeaux au charme raffiné, à des prix ridiculement bas. Phénomène de mode, effet marketing certes, mais ouverture culturelle aussi: Philippe Meyer, gérant de la librairie Le Phoenix, haut lieu de diffusion de la littérature asiatique et véritable institution à Paris pour les amateurs de culture chinoise, déclare: «il y a trente ans, la librairie comprenait 5000 titres, aujourd’hui elle en propose 35 000, c’est dire l’intérêt de la clientèle pour la culture extrême–orientale. Cette ouverture éditoriale est indéniablement liée à une ouverture culturelle: la Chine était fermée sur elle-même, puis en 1964 le général de Gaulle a reconnu l’existence de la Chine populaire, et nous avons alors ouvert cette librairie qui importait de la littératue chinoise; jusqu’en 75, la librairie n’était alors fréquentée que par des militants et quelques initiés amateurs de littérature chinoise. Puis nous avons déployé l’offre. Nous n’avons pas attendu les années croisées France-Chine, mais il est indéniable que l’ouverture des échanges se ressent tous les jours». Et Fred, du Comptoir des Ecritures, d’ajouter: «Le livre de Lucien Polastron Initiation à la calligraphie(éditions Fleurus) édité en 1995, est ré-édité chaque année à 5000 exemplaires au point qu’une suite sort prochainement chez Dessain et Tolra. C’est dire le succès de la calligraphie auprès du grand public. D’ailleurs, de plus en plus nombreuses sont les maisons qui raccrochent les wagons, la dernière étant Albin Michel qui a fait un malheur avec un album d’œuvres calligraphiques pourtant assez hermétiques et inabordables financièrement».
Un art qui demande une initiation
Le matériel utilisé est très bon marché et plutôt joli; il compte même ses collectionneurs. Avec l’ouverture de la Chine, les importations de matériel sont de plus en plus faciles. Et de l’Empire du milieu nous parviennent à des prix défiants toute concurrence les trésors nécessaires à tout calligraphe digne de ce nom. Le matériel nécessaire ? Du papier de riz blanc, avec ou sans incrustation de végétaux, plus ou moins absorbants, cuit ou cru; une pierre polie par l’eau du ruisseau qui fait office d’encrier; de l’encre -faite de noir de fumée, ou de suie de pin-, ou bien encore l’encre solide que l’on prépare soi-même grâce à une pierre à broyer; des calames -ou roseaux taillés-, et des pinceaux en poils de tout poil… lapin, putois, loup, cheveux d’enfants (!), lynx, chèvre, panthère de Chine, et même en moustaches de souris. Des plumes aussi, de vautour fauve, ou d’aigle royal. La librairie Le Phoenix a souhaité s’ouvrir à tout ce qui avait trait à l’écrit et propose au client un très bon choix, reconnu comme tel par le Comptoir des écritures, c’est-à-dire pas moins de 141 références de pinceaux et 42 références de papiers. Mais l’adresse de référence reste le Comptoir des écritures, «un lieu unique au monde où on pouvait dès les années 80 découvrir toutes les calligraphies, comparer leurs techniques, leur état d’esprit et leurs matériels requis. Beaucoup d’encre a coulé depuis» rapporte Fred qui met aussi en garde l’amateur «Il faut acheter du vrai matériel, car ne se lance pas dans la calligraphie qui veut sur simple coup de tête ou coup de cœur, comme ça, sans être initié; il faut pas moins d’une vie pour apprendre. Les petits coffrets que l’on voit partout sont des objets-cadeaux symboliques, mais totalement inutilisables».
Et l’on rejoint maintenant une autre dimension de la calligraphie, celle qui préside à ses origines: «le trait n’est pas qu’une ligne, c’est un souffle, une unité vivante qui joue avec les matières, les transparences et les superpositions». La maxime du maître Shitao, devenue la devise de tous les grands calligraphes, est que «l’unique trait de pinceau est l’origine de toute chose, la racine de tous les phénomènes; sa fonction est manifeste pour l’esprit et cachée en l’homme, mais le vulgaire l’ignore»: les formes mouvantes, qui situent cet art à mi-chemin de la poésie et de la peinture, inscrivent le geste dans une démarche spirituelle. Ainsi, Fabienne Verdier, une Française qui a étudié les grands maîtres taoïstes chinois aujourd’hui disparus rappelle que «le mouvement du pinceau n’obéit pas à l’ego, mais à une loi de gravité universelle, et le peintre est un médium qui donne sa vie dans l’oubli de soi: avec trois poils de chèvre, il peut parcourir l’univers (…) chaque mot, chaque idéogramme a une beauté intrinsèque. Pour les faire vivre ensemble, il faut parvenir à un équilibre, une harmonie. Comme l’homme, le monde respire et le calligraphe doit avoir le cœur disponible pour être capable d’insuffler à son trait le pouls de l’univers» dit encore Fabienne Verdier. A l’instar de cette digne héritière des grands maîtres de la calligraphie chinoise, Philippe Meyer rappelle que «ceux qui s’intéressent à la culture chinoise sont de plus en plus nombreux, et [que] tôt ou tard les adeptes d’arts martiaux ou de langue chinoise viennent à s’initier à la calligraphie, même si c’est pour un temps donné, car la calligraphie fait partie intégrante de la civilisation chinoise».
Toute en courbes et en élans, la calligraphie séduit sans doute pour ce qu’elle allie: abandon, maîtrise, patience, méditation, esthétisme .
par Dominique Raizon
Article publié le 24/03/2004