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La Syrie à nouveau mise en cause

Detlev Mehlis dit avoir récolté de nouvelles preuves de l’implication d’agents syriens et libanais dans l’attentat sur l'assasinat du Premier ministre libanais Rafic Hariri. (Photo : AFP)
Detlev Mehlis dit avoir récolté de nouvelles preuves de l’implication d’agents syriens et libanais dans l’attentat sur l'assasinat du Premier ministre libanais Rafic Hariri.
(Photo : AFP)
Le nouveau rapport Mehlis confirme les responsabilités syriennes dans l’attentat contre le Premier ministre libanais Rafik Hariri.

De notre correspondante à New York

Devant le Conseil de sécurité, deux mois après son premier rapport, le magistrat allemand Detlev Mehlis a dit avoir récolté de nouvelles preuves de l’implication d’agents syriens et libanais dans l’attentat ayant coûté la vie à l’ancien Premier ministre libanais Rafik Hariri le 14 février dernier à Beyrouth. Dans ce deuxième document, il y mentionne des informations recueillies auprès d’un nouveau témoin «crédible», lesquelles «pointent directement les auteurs, les commanditaires et les organisateurs de l'opération visant à l’élimination de M. Hariri, y compris le recrutement d'agents spéciaux par les services de renseignement libanais et syriens.»

Un témoin clé de l’enquête, Hussam Taber Hussam, dont les déclarations avaient impliqué des hauts responsables syriens dans l’assassinat d’Harriri s’est rétracté depuis, les mettant sur le compte de menaces et de tortures de Libanais. Pour Detlev Mehlis, ce retournement s’explique parce que «M. Hussam est manipulé par les autorités syriennes.»

Une collaboration insuffisante

Or, la résolution adoptée le 31 octobre dernier menaçait la Syrie de «mesures» à venir si elle ne coopérait pas pleinement à l’enquête onusienne. En conférence de presse, Mehlis a jugé qu’il était «trop tôt» pour juger si la Syrie avait violé cette résolution, mais il se plaint dans son nouveau rapport de «délais considérables» dans les réponses aux demandes de la commission d’enquête. «C’est après beaucoup d’hésitation et de procrastination que les autorités syriennes ont finalement accepté de faire avancer la demande d’interrogation de cinq officiels syriens – que la commission considère suspects – à Vienne dans des conditions fixées par la commission. Ça s’est seulement produit la semaine dernière. A ce rythme, l’enquête pourrait prendre encore un an ou deux»,  a-t-il déclaré devant les membres du Conseil. Autre exemple de mauvaise coopération cité dans son rapport, «tous les documents des services de renseignement syriens concernant le Liban ont été brûlés.» L'ambassadeur syrien à l’ONU, Fayssal Mekdad, a rejeté les accusations de M. Mehlis, assurant que son pays était de bonne volonté.

Nouvelle résolution

Le mandat de la commission actuelle arrive à son terme le 15 décembre. Une nouvelle résolution que la France a fait circuler mardi accorderait six mois à Damas pour coopérer pleinement, faute de quoi la Syrie s’exposerait à des mesures (le mot sanction n’est pas encore évoqué). Si elle était adoptée, conformément aux recommandations de Mehlis, elle prolongerait de six mois le mandat de la commission d’enquête. A la demande des Libanais ce mandat pourrait être étendu à d’autres «attaques terroristes perpétrées au Liban depuis le 1er octobre 2004, à la discrétion de la commission», comme l’assassinat lundi dernier du journaliste député Gibran Tuéni, un adversaire du régime syrien. Le texte prend aussi note de la demande libanaise de voir créer un tribunal international.

L’ambassadeur américain John Bolton n’a pas caché souhaiter que le Conseil durcisse le ton. «Le gouvernement syrien ne répond qu’aux pressions, comme on l’a déjà vu d’expérience», a-t-il déclaré, avouant réfléchir à de nouveaux moyens de pression. Avec l’expiration de ce mandat de la commission le 15 décembre, Detlev Mehlis quitte ses fonctions à la tête de la commission pour reprendre ses activités de procureur en Allemagne. Le secrétaire général Kofi Annan lui cherche un successeur.


par Guillemette  Faure

Article publié le 14/12/2005 Dernière mise à jour le 14/12/2005 à 08:43 TU

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Frédéric Domont

Envoyé spécial permanent de RFI au Liban

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