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Grippe aviaire

La Turquie, et après ?

Le virus de la grippe aviaire peut se déplacer par l'intermédiaire des oiseaux migrateurs mais aussi par le transport d'oiseaux  d'élevage.(Photo: AFP)
Le virus de la grippe aviaire peut se déplacer par l'intermédiaire des oiseaux migrateurs mais aussi par le transport d'oiseaux d'élevage.
(Photo: AFP)
Pour essayer de calmer les inquiétudes concernant la propagation de la grippe aviaire en Turquie, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a déclaré que la situation était «entièrement sous contrôle» dans le pays. Il a d’ailleurs reçu le soutien des experts envoyés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui ont estimé que les autorités turques ont géré la crise de manière «appropriée». Malgré ces propos rassurants et les mesures mises en œuvre pour endiguer la diffusion du terrible H5N1 (virus aviaire capable de contaminer l’homme), l’apparition dans le pays de 15 cas humains de grippe aviaire en l’espace de quelques jours est inquiétante. Elle semble indiquer que le virus est présent en Turquie depuis un certain temps et a réussi à passer inaperçu. Les pays européen ont donc renforcé leur vigilance dans l’espoir d’éviter que la progression de la maladie vers l’ouest ne se poursuive chez les animaux et chez les hommes.

Pas de cordon sanitaire, mais des précautions accrues. Autour de la Turquie, les Etats européens ont pris très au sérieux la menace de la grippe aviaire. De la Grèce à l’Allemagne, en passant par la Russie, la Bulgarie, la Serbie, la Roumanie (où deux nouveaux foyers ont été décelés)… et même la France, les autorités ont partout décidé de renforcer la surveillance aux frontières pour éviter une expansion de l’épizootie. Il s’agit de vérifier qu’aucune volaille vivante n’entre illégalement sur leur territoire, de désinfecter les véhicules ou de vérifier que les visiteurs ne présentent pas de symptômes grippaux suspects. L’Allemagne envisage même de mettre de nouveau en place une mesure d’enfermement des volailles pour limiter au maximum les risques de propagation du virus.

La Commission de Bruxelles a, quant à elle, complété le dispositif déjà en vigueur depuis l’apparition des premiers foyers en Europe. Elle a ainsi décidé d’étendre l’interdiction des importations en provenance des pays limitrophes de la Turquie (Azerbaïdjan, Arménie, Géorgie, Syrie, Iran, Irak) aux plumes non traitées. Jusque-là, la mesure ne concernait, pour ces Etats, que la viande et les produits à base de volaille. L’embargo sur les exportations turques s’appliquait déjà, quant à lui, à l’ensemble des produits à risque. Il reste donc tel quel en vigueur. La Commission a, d’autre part, prolongé le programme de surveillance des oiseaux sauvages et des volailles (grâce à des tests) jusqu’à la fin de l’année 2006. Une réunion des experts des 25 pays membres de l’Union européenne est de plus prévue, le 12 janvier, à Luxembourg, afin de faire le point sur l’évolution de l’épizootie et évaluer les dangers pour l’homme.

Pas de transmission entre humains

Pour le moment, l’OMS estime que rien ne justifie d’aller au-delà. L’Organisation n’a d’ailleurs émis aucune recommandation visant à éviter les déplacements en Turquie affirmant qu’il n’y a «aucun danger» à se rendre dans ce pays. Ses experts en mission sur place ont aussi confirmé que les premiers résultats des analyses effectuées sur les patients turcs pour tenter de connaître le mode de transmission du virus à l’homme semblaient écarter l’hypothèse d’une contamination inter-humains. Et surtout, le chef de la mission de l’OMS, le docteur Guenaël Rodier, a déclaré : «J’ai le sentiment que ce qui est en train de se passer en Turquie pourra être maîtrisé de façon relativement aisée».

Les autorités turques qui ont été beaucoup critiquées ces derniers jours par les habitants des régions rurales de l’est du pays touchées par la grippe aviaire, ont désormais pris les choses en main. Abattages, quarantaines, analyses sont organisés dans les zones où des volailles malades sont détectées. Une campagne d’information est aussi menée afin d’expliquer aux populations les risques et la conduite à tenir. Notamment pour convaincre les éleveurs d’accepter de donner leurs volailles suspectes, qui représentent parfois leur seule source de revenus, en échange d’une indemnité du gouvernement.

Quinze cas humains en une semaine

L’évolution de l’épidémie de grippe aviaire en Turquie est quoi qu’il en soit significative et préoccupante. Avec 15 personnes contaminées par le virus H5N1, dont deux sont décédées (une enquête est en cours pour déterminer si une troisième mort est due à la grippe aviaire), recensées en une semaine, la Turquie fait désormais partie des pays ayant enregistré le plus de cas humains en une période aussi réduite. La Chine, par exemple, qui vient d’annoncer que deux personnes contaminées étaient mortes au mois de décembre, ne compte officiellement à ce jour que 8 cas humains et le Cambodge 4, alors que le virus est présent depuis beaucoup plus longtemps dans ces deux pays. Au total, 147 personnes ont contracté le H5N1 dans six pays (Cambodge, Chine, Indonésie, Vietnam, Thaïlande, Turquie) et 78 sont mortes. L’un des enjeux de la lutte contre la maladie est donc de réussir très vite à limiter, et si possible interrompre, la contamination humaine en Turquie. Et l’un des seuls moyens d’y parvenir est de combattre efficacement l’expansion de l’épizootie.


par Valérie  Gas

Article publié le 11/01/2006 Dernière mise à jour le 11/01/2006 à 17:58 TU