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Russie - Allemagne

Partenariat stratégique, malgré tout

La chancelière allemande Angela Merkel réaffirme au président Poutine sa volonté de poursuivre le « partenariat stratégique » germano-russe.(Photo : AFP)
La chancelière allemande Angela Merkel réaffirme au président Poutine sa volonté de poursuivre le « partenariat stratégique » germano-russe.
(Photo : AFP)
Quelques jours seulement après sa rencontre avec George Bush à Washington, la chancelière allemande a rencontré ce lundi Vladimir Poutine à Moscou. Il s’agit de la toute première visite officielle en Russie d’Angela Merkel après son élection, en novembre dernier. Une rencontre-test donc dans les relations russo-allemandes très marquées jusque-là par l’amitié entre le président russe et l’ancien chancelier allemand, Gerhard Schröder. Angela Merkel a affirmé au président son désir de poursuivre le « partenariat stratégique » entre les deux pays, tout en ayant eu avec lui, dit-elle, une discussion « franche » sur le développement de la démocratie en Russie. Les deux dirigeants ont aussi abordé la guerre en Tchétchénie.

De notre correspondante à Moscou

Angela Merkel n’est pas Gerhard Schröder, et comme l’a fait remarquer un spécialiste des relations russo-allemandes, il est bien fini le temps où les dirigeants russe et allemand pouvaient se retrouver ensemble dans les moiteurs du bania, le sauna russe… Pourtant, contrairement aux pronostics de certains observateurs, l’atmosphère n’a pas été glaciale, mais très professionnelle. A l’issue de leur rencontre, Angela Merkel a assuré avoir discuté franchement avec Vladimir Poutine du développement de la démocratie dans le pays, mais aussi avoir abordé la guerre en Tchétchénie… ce que son prédécesseur s’était gardé de faire, évitant soigneusement toute critique sur ces sujets « sensibles ».

Nucléaire iranien et dépendance énergétique

Les deux dirigeants ont égrené, uns à uns, les sujets du moment, à commencer par le dossier nucléaire iranien. Au moment même où, à Londres, les diplomates  américains, chinois, russes et européens se réunissaient pour discuter d’une éventuelle saisine du Conseil de sécurité de l’ONU, la chancelière allemande a tenté d’en savoir un peu plus sur la position du Kremlin. Réponse de Vladimir Poutine : l’Iran n’a pas encore exclu sa proposition. Moscou propose en effet à Téhéran de lui transférer ses activités d’enrichissement en uranium pour garantir que l’Iran ne cherche pas à construire l’arme atomique. Des discussions en cours ont été suspendues, mais doivent reprendre le mois prochain.

Autre sujet abordé : celui de la dépendance des pays de l’Union européenne, en particulier l’Allemagne, vis-à-vis du gaz russe. La visite de la chancelière allemande intervient en effet au lendemain de la crise russo-ukrainienne sur les prix du gaz. En plein conflit, début janvier, Berlin a reçu l’assurance de la part du patron de Gazprom, Alexeï Miller, d’un approvisionnement « sûr ». Un tiers de la consommation de gaz de l’Allemagne vient de Russie. Gazprom génère également le dixième de ses besoins en électricité. De plus, en matière énergétique, les deux pays ont un projet commun : il s’agit du gazoduc passant par la Mer Baltique. Un projet piloté par un certain… Gerhard Schröder, et qu’Angela Merkel compte mener à bien.

Première prise de contact

« Pour l’instant, rien n’a changé dans nos relations », affirmait Vladimir Poutine à l’issue de la rencontre. Un point de vue partagé par les analystes. Pour l’ambassade d’Allemagne à Moscou, il s’agissait d’abord et avant tout pour les deux dirigeants de « faire connaissance ». Certes, Angela Merkel et Vladimir Poutine s’étaient déjà rencontrés en Allemagne, lors d’une visite du chef du Kremlin à Berlin, au mois de septembre. Mais, en pleine campagne pour les élections législatives allemandes, les observateurs avaient soupçonné Vladimir Poutine de vouloir soutenir Gerhard Schröder par cette visite de dernière minute. Le président russe n’avait rencontré que très brièvement, juste avant son départ, la future chancelière.

Si son camp l’a effectivement poussée hier à exprimer certaines divergences, comme sur la Tchétchénie, le contrôle des ONG ou la liberté de la presse, les deux pays devraient malgré tout tenter, dans un autre style, de sauvegarder leurs « relations particulières ». Pour le journal libéral Kommersant, si Angela Merkel, soucieuse de rétablir ses relations avec les Etats-Unis, a affirmé que les relations avec Moscou n’auraient dorénavant plus la même importance, il ne peut pour autant y avoir de refroidissement : « Une Allemagne qui a besoin du gaz russe ne renoncera pas au partenariat stratégique avec Moscou. »


par Virginie  Pironon

Article publié le 16/01/2006 Dernière mise à jour le 16/01/2006 à 19:34 TU