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Proche-Orient

Le Hamas reste sur ses positions

Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Hamas: «<i>Nous voulons un partenariat. Nous tendons la main au Fatah</i>».(Photo: AFP)
Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Hamas: «Nous voulons un partenariat. Nous tendons la main au Fatah».
(Photo: AFP)
Malgré la pression internationale et notamment la menace de Washington d’arrêter son aide financière s’il ne renonce pas à la violence, le Hamas, qui est inscrit sur la liste des organisations terroristes, refuse d’assouplir son discours concernant Israël, dont il prône la destruction. Le chef du mouvement qui vient de remporter les élections législatives palestiniennes, Khaled Mechaal, en exil en Syrie, a même affirmé qu’il était favorable à «la création d’une armée palestinienne».

George W. Bush a durci le ton. Deux jours après l’annonce de la victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes, le président américain a défini le cadre de la nouvelle relation entre les Etats-Unis et les Palestiniens. Il a averti le Mouvement de la résistance islamique que Washington ne poursuivrait pas son aide financière s’il ne renonçait pas à la violence et à son discours anti-Israélien. George W. Bush a déclaré : «Ils [les membres du Hamas] doivent se débarrasser de la branche armée et violente de leur parti, puis, dans un second temps, ils doivent se débarrasser de la partie de leur programme qui prône la destruction d’Israël».

Ces déclarations du président américain sont venues compléter celles du porte-parole du département d’Etat, Sean McCormack, qui avait affirmé : «Nous ne donnons pas d’argent aux organisations terroristes». Et de préciser : «Nous étudierons tout l’éventail de nos programmes». Sous-entendu, la menace de couper les vivres aux Palestiniens concerne aussi bien les aides directes à l’Autorité palestinienne (50 millions de dollars en 2005), que la participation américaine aux programmes d’assistance humanitaire via l’agence USAID (225 millions) ou la contribution aux projets de l’ONU dans les territoires (88 millions).

Des appels au pragmatisme

Les Européens n’ont pas tenu un discours aussi ferme, même s’ils ont tout de suite mis en avant la nécessité absolue de poursuivre le processus de paix et donc de reconnaître Israël. Dès l’annonce des résultats des élections législatives palestiniennes, l’UE a donc affirmé qu’elle était prête à maintenir ses subventions (environ 300 millions d’euros par an), si le Hamas  s’engageait à infléchir sa ligne politique en fonction de ces objectifs. En parallèle, la commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, a demandé à Israël de «rester ouvert» à la négociation avec un gouvernement formé par le Hamas, si celui-ci accepte de le reconnaître.

C’est aussi avec ce souci d’équilibre et de pragmatisme face à une situation particulièrement difficile que l’Organisation de la conférence islamique a appelé le Hamas «à agir avec réalisme en tenant compte de la donne politique internationale», tout en demandant à la communauté internationale de «respecter les résultats des élections qui expriment le choix démocratique du peuple palestinien». 

Malgré les pressions internationales, le Hamas ne semble pas décidé à infléchir ses positions pour le moment. Ismaïl Haniyeh, un haut responsable du Mouvement, tête de liste aux législatives et proche collaborateur de cheikh Yassine, le fondateur du Hamas, a répliqué samedi aux menaces de sanctions financières, en affirmant que les Palestiniens avaient de «nombreuses alternatives» pour obtenir des fonds. Mais surtout, il a déclaré : «Cette aide ne peut être brandie comme une épée de Damocles au-dessus du peuple palestinien et ne peut servir à faire du chantage à notre peuple, au Hamas et à la résistance».

Khaled Mechaal, le chef du Hamas en exil à Damas, a été encore plus loin. Il s’est placé dans la perspective de la confrontation avec Israël en déclarant : «Nous sommes prêts à rassembler les armes pour créer une armée comme les Etats indépendants», ajoutant «une armée qui défende notre peuple contre l’agression et œuvre au recouvrement du droit palestinien». Il a précisé que la reconnaissance d’Israël était loin d’être envisagée car «l’occupation n’est pas légitime et nous n’abandonnerons pas nos droits». Une manière de montrer la détermination du Hamas à ne pas se laisser dicter sa ligne de conduite. Khaled Mechaal a aussi affirmé qu’il ne fallait pas compter sur l’échec politique du Hamas en prévenant que son mouvement allait «réussir dans la politique et les réformes, comme il a réussi dans la résistance» contre Israël.

Etre «patient»

Reste qu’il était inenvisageable que le Hamas abandonne ce qui fait le fondement de sa doctrine politique par la grâce d’une élection remportée et des appels de la communauté internationale. L’ancien président américain Bill Clinton, interrogé sur ce sujet au Forum économique mondial de Davos, a exprimé un point de vue très réaliste en estimant qu’il fallait être «patient» et en expliquant qu’il avait fallu du temps à l’Autorité palestinienne pour retirer l’appel à la destruction d’Israël de sa charte.

Dans ce contexte, la dégradation de la situation dans les territoires palestiniens risque de représenter un obstacle supplémentaire à une accalmie diplomatique. Les militants du Fatah, le parti vaincu, sont descendus dans la rue à Gaza, Naplouse et Ramallah, vendredi et samedi, pour manifester leur colère face à leurs dirigeants qui les ont conduits à la défaite électorale et refuser toute alliance avec le Hamas. Ils ont même occupé le siège du Conseil législatif. Ces manifestations font courir le risque de dérapages et d’affrontements avec les partisans du Hamas.


par Valérie  Gas

Article publié le 28/01/2006 Dernière mise à jour le 29/01/2006 à 11:31 TU

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