Israël
Gouvernement de coalition pour Olmert
(Photo : AFP)
De notre correspondant à Jérusalem
Le 31e gouvernement d’Israël va enfin voir le jour. Et d’après son acte de naissance, il est le premier cabinet à annoncer à l’avance l’évacuation de colonies. C’est le résultat le plus marquant de trois semaines de négociations acharnées, qui ont abouti, jeudi, à l’accord de coalition entre les travaillistes et le parti Kadima, respectivement second et premier des élections du 28 mars dernier.
Selon la presse israélienne, les deux grands partenaires du futur gouvernement se sont entendus sur un document long de 62 articles, détaillant leur future politique commune. A en croire ce programme, à la fin de la législature, en 2007, les frontières d’Israël seront fixées, le salaire minimum sera de 1 000 dollars par mois et chaque citoyen bénéficiera d’une pension de retraite décente. Ce programme répond ainsi, dans l’ordre, à la principale promesse électorale de Kadima, à celle des travaillistes et du Parti des retraités, qui a rejoint lui aussi la coalition.
«Fixer les frontières définitives d'un l'Etat d'Israël à majorité juive»
D’après le texte, «le gouvernement s'emploiera à fixer les frontières définitives de l'Etat d'Israël, comme Etat démocratique à majorité juive», ce qui implique qu’il «faudra réduire l'étendue des implantations en Judée-Samarie» (Cisjordanie). Pour la forme, le document explique que ce but sera atteint par des négociations avec les Palestiniens, si possible. Sinon, Israël procédera, comme à Gaza, à des retraits unilatéraux. Un scénario des plus probables puisque l’Etat hébreu a coupé les ponts avec l’Autorité palestinienne depuis la mise place du gouvernement Hamas.
Les journaux israéliens ont salué la conclusion de l’accord. «C’est parti», titrait ainsi le Maariv. Mais un commentateur d’Haaretz ironise, lui, sur ce qu’il nomme «le document le plus travaillé et le plus superflu jamais écrit», par «les avocats les plus chers du pays». Selon le journaliste politique, ce genre de texte reste le plus souvent lettre morte. Il rappelle que «le mot désengagement n’apparaissait pas dans les lignes directrices du gouvernement d’Ariel Sharon, ni Camp David dans celles du cabinet d’Ehud Barak, ni encore Oslo pour le gouvernement d’Yitzhak Rabin».
Outre les grandes lignes de leur future collaboration, le Premier ministre Ehud Olmert et le chef travailliste Amir Péretz ont divisé le «camembert» gouvernemental. L’ancien syndicaliste sans passé militaire héritera du portefeuille de la Défense, et probablement du titre de vice-Premier ministre. Ses camarades de parti vont se battre pour accéder à l’un des six autres ministères promis à leur formation.
Finaliser les accords avec les ultra-orthodoxes
Le partenaire principal enfin servi, il ne reste plus à Ehud Olmert qu’à finaliser ses accords avec les partis d’appoint, les ultra-orthodoxes du Shass et du Judaïsme unifié de la Torah. Le tout lui procurera une confortable majorité de 73 sièges sur 120 à la Knesset. Pour Olmert, il est temps de passer à l’action. La colère gronde au sein de son parti Kadima sur la répartition des portefeuilles. Et d’après un sondage récent, les Israéliens sont à 51 % «mécontents» de la manière dont le vainqueur des élections a négocié la formation de son gouvernement. Il devrait faire approuver son cabinet par les députés début mai.
Dans cette perspective, la résidence officielle des chefs de gouvernement à Jérusalem a été vidée cette semaine des effets personnels d’Ariel Sharon, toujours dans le coma. Ehud Olmert va venir s’y installer avec sa femme. Une maison située à quelques minutes en voiture du bureau du Premier ministre, où l’on vient aussi de déménager les photos de famille, les notes, les dossiers, et l’attaché-case personnel d’Ariel Sharon. Contrairement à son prédécesseur, Ehud Olmert a déjà prévu d’y installer un ordinateur.
par Xavier Yvon
Article publié le 30/04/2006 Dernière mise à jour le 30/04/2006 à 11:16 TU