Terrorisme
Washington libère des Ouïgours de Guantanamo
(Photo : AFP)
Le département d’Etat américain a annoncé que cinq Chinois Ouïgours ont été libérés vendredi de la prison de Guantanamo et qu’ils allaient s’installer en Albanie. Cette décision d’accueillir en tant que réfugiés ces chinois musulmans, capturés il y a environ quatre ans par les forces américaines au Pakistan, a été prise à l’issue de négociations entre Washington et Tirana. Le gouvernement allemand avait refusé les demandes américaines de recevoir ces détenus, pour ne pas froisser ses relations avec Pékin. Les autorités de Washington ont admis que ces chinois, dont l’identité n’a pas été révélée, n’étaient pas des «combattants ennemis ».
Le Département de la Défense des Etats-Unis a déclaré que tout avait été fait pour que les Ouïgours soient traités humainement et que l’objectif principal était de les réinstaller «dans un environnement qui leur permettra de reconstruire leur vie». En revanche, leurs avocats avaient signalé que leur capture avait été effectuée par des «chasseurs de primes » et ont protesté contre le fait que rien n’avait été fait pour préparer l’arrivée des ex-détenus en Albanie.
Pékin a demandé le rapatriement des détenus Ouïgours
Le gouvernement chinois avait demandé depuis longtemps le rapatriement de ces chinois turcophones et musulmans, qui sont originaires de la province du Xinjiang située dans le nord-ouest de la Chine, où se manifeste un important courant séparatiste. Les autorités américaines ont refusé les demandes chinoises, craignant que les ex-prisonniers ouïgours ne soient torturés suite a leur retour dans leur pays.
La province du Xinjiang ou habitent quelque 7 millions de Ouïgours, l’ancien Turkestan oriental, est une importante région pétrolière. Le gouvernement chinois a été accusé de répression à l’encontre de cette ethnie qui est minoritaire dans la région, suite à la «politique de colonisation» dénoncée par les ouïgours et appliquée par Pékin qui a favorisé l’installation des Hans, principale ethnie chinoise. Les militants séparatistes Ouïgours ont été accusés par les autorités chinoises d’avoir combattu au coté des talibans et des forces de Ben Laden en Afghanistan et au Pakistan.
Bush veut fermer le camp de Guantanamo
Le président des Etats-Unis a déclaré qu’il souhaitait fermer la prison de Guantanamo Bay à Cuba mais que cela va dépendre de la cour suprême de Washington. Dans une interview à la chaîne de télévision publique allemande ARD, George Bush a affirmé qu’il aimerait bien fermer ce camp de prisonniers et juger les personnes qui y sont encore détenues : «Guantanamo est un sujet sensible pour les gens. Personnellement, j’aimerais bien fermer le camp et traduire en justice les détenus ». George Bush a aussi souligné que la «Cour suprême doit encore décider s’ils doivent être renvoyés devant un tribunal civil ou militaire. Ils auront la chance d’avoir un procès. On ne peut pas en dire autant pour les gens qu’il ont tués».
Les déclarations du président américain diffusées dimanche ont été enregistrées lors de la visite officielle de la chancelière Angela Merkel à Washington le 4 mai. Des alliés des Etats-Unis avaient appelé à la fermeture de la prison de Guantanamo, notamment le Premier ministre britannique Tony Blair. La situation des quelque 490 prisonniers détenus dans cette base navale a aussi été évoquée a Genève, vendredi dernier, lors de la réunion du Comité des Nations unies contre la torture.
Le Camp de Guantanamo a été ouvert en janvier 2002, dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme », suite aux attaques du 11 septembre 2001 à New York et à Washington. Le Pentagone a publié il y a deux semaines la liste des prisonniers dont font partie, entre autres, 130 Saoudiens, 125 Afghans, 107 Yéménites, 25 Algériens, 22 Chinois et 13 Pakistanais, ainsi que des ressortissants du Tchad, des Maldives, de Russie et d’Ouzbékistan. L’état-major américain a promis de faire toute la lumière au sujet des détenus de Guantanamo. Des journalistes qui ont pu se rendre dans cette base en janvier ont constaté que des zones restent interdites aux visiteurs, notamment les camps Delta et Iguana, où étaient détenus des Ouïgours.par Antonio Garcia
Article publié le 08/05/2006 Dernière mise à jour le 08/05/2006 à 17:29 TU
