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Haïti

Préval fait renaître l’espoir

Le nouveau président haïtien René Préval, 63 ans, prête serment ce dimanche 14 mai pour un mandat de cinq ans.(Photo : AFP)
Le nouveau président haïtien René Préval, 63 ans, prête serment ce dimanche 14 mai pour un mandat de cinq ans.
(Photo : AFP)
Le nouveau président haïtien, René Préval, prête serment ce dimanche devant le Parlement nouvellement élu. La cérémonie met un terme au gouvernement de transition installé il y a deux ans après la chute du président Jean Bertrand Aristide. La population haïtienne attend beaucoup de son nouveau chef de l’Etat. Reportage.

De notre envoyée spéciale en Haïti

Un jeune de Cité-Soleil arbore un tee shirt à l'effigie du président Préval. (Photo: Anne Corpet/RFI)
Un jeune de Cité-Soleil arbore un tee shirt à l'effigie du président Préval.
(Photo: Anne Corpet/RFI)

«Nous avons prêté serment à la bougie faute de carburant pour le générateur, mais le problème est résolu et nous sommes désormais prêts à tout faire pour mettre Haïti en lumière», sourit un nouvel élu à la Chambre des députés. Dans le bâtiment, les équipes de nettoyage s’activent : tout doit briller pour la prestation de serment du nouveau président. Mais les récents coups de peinture ne suffisent pas à dissimuler les problèmes logistiques : les ordinateurs manquent, et il n’y a pas assez de sièges pour asseoir tous les élus du Parlement. «Qu’importe, nous sommes prêts à travailler d’arrache pied pour sortir le pays du marasme», lance un député social démocrate. Tous les élus semblent, en effet, prêts à enterrer leurs rivalités politiques et à œuvrer de concert pour remettre le pays sur les rails. Dans son bureau, le premier secrétaire de l’Assemblée énumère les priorités : «La santé, l’éducation, la sécurité, les infrastructures, le chômage, ou plus simplement, assurer au moins un repas par jour à toute la population. Nous avons l’embarras du choix !» 

Peintres au travail sur la façade du palais présidentiel. (Photo: Claude Verlon/RFI)
Peintres au travail sur la façade du palais présidentiel.
(Photo: Claude Verlon/RFI)

Ici, l’espérance de vie ne dépasse pas 53 ans et l’indice de développement humain calculé par les Nations unies place Haïti à la 153e place sur 177 pays.
Quelques badauds se pressent devant la grille du Parlement. «Nous sommes venus déposer une requête à nos députés», explique un étudiant. Et il ajoute : «La vie parlementaire reprend, la vie citoyenne aussi !» A ses côtés, un cireur de chaussures annonce fièrement une hausse substantielle de son chiffre d’affaires depuis la reprise des activités parlementaires.

 «Je l’aime mon président !» 

Blindés de la Minustah à Cité-Soleil.(Photo: Claude Verlon/RFI)
Blindés de la Minustah à Cité-Soleil.
(Photo: Claude Verlon/RFI)

Même Cité-Soleil, l’immense bidonville de la capitale, semble gagnée par l’optimisme. Devant sa cahute au toit de tôle, Christela, dix-neuf ans, enceinte d’un premier enfant, confie d’une voix émue : «Je l’aime mon président. J’attends de lui qu’il nous aide à vivre mieux. C’est pour cela que j’ai voté pour lui !» Dans les ruelles insalubres de Cité-Soleil, beaucoup portent un tee shirt aux couleurs du parti du Président. «Depuis que René Préval est élu, la guerre est finie ici», constate une mère de famille. Les échanges de tirs, quotidiens avant le scrutin, ont en effet cessé depuis le scrutin du 7 février. «Nous voulons la paix», explique William, désigné comme «chef de gang» par son voisinage. «La preuve, les armes sont muettes

A l’hôpital Sainte-Catherine, situé au coeur du bidonville, Gary Jacquet, chirurgien, confirme : «Les blessures par balles sont en très nette diminution depuis trois mois». Pourtant des sacs de sable ont récemment été installés autour du service pédiatrique. «Il faudrait être naïf pour ne pas prendre de précautions contre les tirs», lance le médecin dans un sourire. A l’entrée du bidonville, les chars de la Minustah, la mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti, stationnent. «Les armes se sont tues, mais elles sont toujours entre les mains des chefs de gang», constate un colonel jordanien. Et il ajoute : «Nous espérons que le gouvernement parviendra à obtenir leur restitution».


par Anne  Corpet

Article publié le 14/05/2006 Dernière mise à jour le 14/05/2006 à 10:39 TU

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Anne Corpet

Envoyée spéciale de RFI à Port-au-Prince

«René Préval ne dispose pas d’une majorité claire au Parlement pour gouverner. Il devra composer avec les 18 partis représentés à l’Assemblée nationale et au Sénat.»

[14/05/2006]

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