Religion
La France reçoit les chrétiens d’Orient

(Photo: AFP)
D’autant plus que toute la semaine, ces patriarches parmi lesquels figurent Mgr Antonio Naguib (patriarche des coptes d’Egypte), le cardinal Nasrallah Sfeir (maronite, libanais), Mgr Michel Sabbah (patriarche latin de Jérusalem) rencontreront également les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, le ministre des Affaires étrangères et le maire de Paris. L’invitation vient de l’Oeuvre d’Orient, institution française qui vient en aide aux catholiques orientaux, avec plus de 10 000 donateurs et dont c’est le 150e anniversaire.
De la Roumanie à l’IndeLorsque l’on évoque les Eglises d’Orient, on pense surtout à celles implantées au Proche-Orient à l’instar de l’Eglise chaldéenne principalement en Irak, l’Eglise syrienne-catholique en Syrie, l’Eglise maronite au Liban ou bien encore l’Eglise copte-catholique en Egypte. Mais ce sont également les Eglises de rite oriental de l’Inde, de l’Ethiopie, de l’Ukraine et de Roumanie. Selon l'Oeuvre d'Orient, il y a dans le monde 26 millions de chrétiens de rites orientaux (catholique et orthodoxe), dont environ la moitié vivent en Orient. Pour ces chrétiens orientaux, implantés depuis le début du christianisme au Moyen-Orient, et qui ont conservé leur liturgie, pour certains en araméen, la langue de Jésus-Christ, la situation est souvent compliquée.
Lors de leur entretien avec le président français, les prélats ont plaidé la cause de cette communauté catholique orientale, dont le nombre a tendance à diminuer et qui est parfois victime de violences et de discriminations. En Irak, elle est victime de la guerre. En Egypte, des affrontements opposent régulièrement les coptes à des musulmans dans la région d’Alexandrie. Le nouveau patriarche des coptes catholiques d'Alexandrie Antonios Naguib a fait part à Jacques Chirac du «changement très clair» d'attitude des autorités égyptiennes. La situation est également difficile pour les chrétiens dans les Territoires palestiniens. Mgr Michel Sabbah, patriarche latin de Jérusalem, a évoqué «le mur qui continue de s'élever et séparer les gens» et des villes palestiniennes qui «deviennent des prisons». Seules les communautés basées au Liban et en Turquie jouissent d’une relative liberté.
Depuis la fin de l'Empire ottoman, la proportion de chrétiens en Orient a chuté. Que ce soit en Irak, dans les Territoires palestiniens ou en Syrie, partout, leur nombre a tendance à diminuer, avec une exception au Liban. Selon les chiffres de l'Oeuvre, il y a aujourd'hui 60 000 chrétiens en Iran, 600 000 en Irak (près de 100 000 chrétiens irakiens ont quitté les villes et les villages depuis la chute de Saddam Hussein), 50 000 en Turquie, plus de sept millions en Egypte (majoritairement des coptes orthodoxes). Au Liban, ils représentent 40% de la population, en Egypte 10%, en Syrie 10%, en Palestine et Israël 2%. Autant de chiffres qui expliquent l’ampleur de la diaspora en Europe occidentale, en Amérique du Nord, en Amérique latine et en Australie.
Mais cette présence de près de 150 représentants orientaux catholiques est aussi un enjeu pour l’Eglise elle-même. Dès sa première messe, le 24 avril 2005, en la chapelle Sixtine, le pape Benoît XVI a affirmé avec force «l’engagement irréversible» pris par le concile Vatican II à marcher sur le chemin de l’unité des chrétiens. En recevant, quelques mois plus tard, des délégués des communautés chrétiennes d’Orient, le souverain pontife a réaffirmé cette volonté. Paris est la première étape d’un voyage qui mènera ensuite ces patriarches orientaux à Rome.
par Myriam Berber
Article publié le 15/05/2006 Dernière mise à jour le 15/05/2006 à 16:47 TU