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Timor-oriental

Calme et incertitude

La capitale du Timor oriental, Dili, était patrouillée vendredi soir par les militaires australiens et les premiers effets d'apaisement se faisaient sentir après quatre jours de violences.(Photo : AFP)
La capitale du Timor oriental, Dili, était patrouillée vendredi soir par les militaires australiens et les premiers effets d'apaisement se faisaient sentir après quatre jours de violences.
(Photo : AFP)
Après quatre jours de violences, les soldats australiens ont pris en main la sécurité de la capitale du Timor, Dili. Des blindés légers ont été placés dans des endroits stratégiques pour pouvoir protéger les principaux bâtiments de l’Etat, les résidences du président de la République et du Premier ministre, ainsi que la centrale électrique et l’aéroport. Les effectifs australiens devraient totaliser 1 300 hommes et on attend aussi l’arrivée de 120 gendarmes portugais, de 209 militaires et policiers malaisiens et de 130 éléments de l’armée de néo-zélandaise. En tout, près de 1 800 militaires et policiers étrangers vont garantir la sécurité de ce petit pays, de moins d’un million d’habitants, indépendant depuis à peine quatre ans.

Après quatre jours de violences, les soldats australiens ont pris en main la sécurité de la capitale du Timor, Dili. Des blindés légers ont été placés dans des endroits stratégiques pour pouvoir protéger les principaux bâtiments de l’Etat, les résidences du président de la République et du Premier ministre, ainsi que la centrale électrique et l’aéroport. Les effectifs australiens devraient totaliser 1 300 hommes et on attend aussi l’arrivée de 120 gendarmes portugais, de 209 militaires et policiers malaisiens et de 130 éléments de l’armée de néo-zélandaise. En tout, près de 1 800 militaires et policiers étrangers vont garantir la sécurité de ce petit pays, de moins d’un million d’habitants, indépendant depuis à peine quatre ans.

«Le calme est revenu, du moins dans les zones  où les militaires australiens se sont installés» nous a confirmé une habitante de Dili, vendredi après-midi. Mais notre interlocutrice s’est aussi déclarée profondément choquée par les derniers incidents qui se sont produits la nuit précédente dans la capitale. Des tirs et des explosions de mortiers ont été entendus et des maisons ont été incendiées provoquant la mort d’une femme et de cinq enfants, dont le cadet n’avait que trois ans. Tous appartenaient à la famille du ministre de l’Intérieur, Rogério Lobato, qui est le responsable de la police nationale.

«Le chaos s’était installé à Dili. Ces évènements terribles n’ont rien à voir avec les problèmes des militaires», nous a dit la même Timoraise, tandis que la femme du président Xanana Gusmão, interrogée par la radio nationale australienne, considérait que le gouvernement du Timor-oriental avait été «clairement incapable de contrôler la situation, tandis que les forces armées ont agi apparemment de façon arbitraire et sans aucun contrôle de leurs supérieurs».

Les Nations unies avaient accusé auparavant les troupes timoraises d’avoir tiré jeudi sur un groupe de policiers désarmés qui étaient sous escorte de fonctionnaires de l’Onu. Cet incident, attribué à un «soldat fou», avait provoqué neuf morts et plusieurs blessés, dont deux collaborateurs de la mission de l’Onu à Dili. L’épouse du président timorais (qui est née en Australie) s’était aussi prononcée pour des changements dans le gouvernement «qui a perdu la confiance du peuple».

Ces déclarations montrent que les divergences entre le chef de l’Etat et le Premier ministre timorais, Mari Alkatiri, n’ont pas été totalement réglées. Le chef du gouvernement avait protesté contre la décision prise mercredi par le président d’assumer le contrôle des forces armées nationales, suite aux incidents qui durent depuis bientôt un mois après le soulèvement de 595 militaires qui se sont sentis brimés et qui ont ensuite été déclarés par les autorités comme étant des déserteurs.

Pourparlers de paix entre Timorais prévus pour dimanche

Le ministre timorais de Affaires étrangères, Ramos Horta, a déclaré vendredi à la radio néo-zélandaise que des pourparlers de paix pourront, en principe, avoir lieu dimanche prochain, dès que les troupes australiennes seront installées dans les principaux points stratégiques de la capitale. Cette «table ronde» sera présidée par le chef de l’Etat Xanana Gusmão et associera les factions en conflit. Le ministre n’a pas pu donner de plus amples détails au sujet de ces pourparlers de paix, mais il a confirmé que les forces armées nationales avaient accepté de se retirer vers des casernes de Baucau et Metinaro, situées dans la banlieue est de la capitale.

La plupart des gouvernements étrangers ont demandé à leurs ressortissants de quitter le territoire timorais, tandis que l’Indonésie décidait de fermer sa frontière. Paris a demandé aux citoyens français de ne pas se rendre à Timor.

Le rôle des Nations unies

Le conseil de sécurité des Nations unies avait manifesté jeudi soir sa préoccupation suite à l’aggravation de la vague de violence à Dili. Le Conseil a salué l’intervention des forces internationales, à la demande des autorités timoraises. Mais la Russie a manifesté quelques réticences, dans la mesure où les troupes australiennes n’avaient pas reçu de mandat des Nations unies pour intervenir à Timor. Moscou, ainsi que la Chine, ne veulent pas que l’Australie devienne une sorte de gendarme dans cette zone du monde. Néanmoins, le conseil a fini par donner son «appui total à l’envoi de forces de sécurité et de défense pour soutenir d’urgence Timor-oriental dans le rétablissement et le maintien de la sécurité». Le conseil a aussi salué la décision du secrétaire-général Kofi Annan d’envoyer un représentant spécial à Timor, pour évaluer la situation et «faciliter le dialogue politique». Il s’agit de Ian Martin qui avait déjà été le représentant spécial de Annan à Dili, en 1999, date à laquelle les militaires australiens étaient intervenus pour rétablir l’ordre et la sécurité, suite aux massacres commis par des milices soutenues par les soldats indonésiens et qui avaient provoqué environ 1 400 morts. 

Les diplomates présents à New York ne pensent pas que les Nations unies soient décidées à créer une nouvelle force de maintien de la paix comme celle qui a été présente à Timor jusqu’à l’indépendance de l’ancienne colonie portugaise, en mai 2002. Les troupes australiennes se préparent donc à rester longtemps à Timor-oriental. «Nous resterons ici aussi longtemps que nécessaire, jusqu’à ce que la paix et la stabilité soient rétablies» a déclaré à Dili le commandant des forces australiennes, colonel Michael Mumford, tandis que, à Canberra, le Premier ministre John Howard affirmait que Dili avait un «problème d’autorité» et qu’il est urgent d’y appliquer des reformes.

La mission des soldats australiens suscite des commentaires divergents dans la capitale timoraise où cette opération est perçue par certains comme étant une «nécessité absolue, même si cela représente une certaine perte de souveraineté». D’autres interlocuteurs soulignent que, outre la sécurité régionale, les Australiens sont intéressés par les réserves de pétrole et de gaz non encore exploitées.

par Antonio  Garcia

Article publié le 26/05/2006 Dernière mise à jour le 26/05/2006 à 19:25 TU

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David Camroux

Directeur de recherches au CNRS, spécialiste de l'Asie

«L'intervention australienne au Timor-Oriental est plutôt bien vue par les habitants.»

[26/05/2006]

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