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Proche-Orient

Israël s'incruste dans la bande de Gaza

Vendredi, à Jérusalem, les musulmans n’ont pas pu passer les barrières des militaires israéliens pour aller prier à la mosquée d’al-Aqsa. 

		(Photo : AFP)
Vendredi, à Jérusalem, les musulmans n’ont pas pu passer les barrières des militaires israéliens pour aller prier à la mosquée d’al-Aqsa.
(Photo : AFP)
Les opérations militaires israéliennes ont encore gagné en intensité dans la bande de Gaza. Les incursions dans le nord et dans le sud ont pour objectif de faire cesser les tirs de roquettes palestiniennes contre le sud d’Israël et d’obtenir la libération de Gilad Shalit, un soldat de 19 ans enlevé le 25 juin dernier. Pour le moment, Israël n’est parvenu ni à l’un, ni à l’autre. Le jeune caporal est toujours prisonnier et d’autres tirs de roquettes provenant de la bande de Gaza ont encore touché la petite ville de Sdérot.

L’armée israélienne a conduit depuis mercredi des frappes aériennes et des combats d’une violence sans précédent depuis son retrait en septembre 2005, après 38 ans d’occupation. Parmi les opérations les plus meurtrières, un raid aérien a tué jeudi six civils palestiniens près de Beit Lahiya dans le nord de la bande de Gaza. A la nuit tombée, les raids aériens se sont poursuivis tuant encore trois autres personnes dans la même localité. Toujours à Beit Lahiya, des affrontements terrestres ont vu s’opposer des combattants palestiniens armés de roquettes anti-chars et l’armée israélienne appuyée par des blindés et des hélicoptères. La population terrorisée est restée terrée toute la nuit dans les habitations. Dans le sud, l’aviation a aussi tiré des missiles près de la ville de Khan Younès.

Le Premier ministre palestinien Ismaël Haniyeh a appelé jeudi soir les pays arabes et la communauté internationale à intervenir pour contraindre Israël à mettre fin à «cette guerre déclarée». Israël doit également cesser de détruire les ponts, les infrastructures et les centrales électriques a poursuivi M. Haniyeh qui est membre du Hamas, le mouvement islamique tenu pour responsable par Israël de l’enlèvement de Gilad Shalit et des tirs de roquette. Selon Tel-Aviv, la capture du jeune soldat est bien la preuve que les deux branches du Hamas, politique et militaire, forment bien un seul et même corps. Résultat : dès après l’enlèvement de Gilad Shalit, l’armée israélienne a procédé à l’enlèvement de dizaines de personnalités palestiniennes parmi lesquelles 27 ministres et députés, tous démocratiquement élus. Gardés à vue depuis, ces derniers ont comparu devant des tribunaux militaires ce vendredi en vue de prolonger leur détention. Les députés et les membres du gouvernement palestinien, ou ce qu’il en reste, vivent dans la clandestinité et dans la peur d’être victimes à leur tour de rafles. Changeant de domiciles, d’itinéraires, téléphones portables coupés, ils ne se rendent plus à leurs bureaux par crainte des raids israéliens. Les locaux du Premier ministre ont été bombardés le 2 juillet et depuis, drones et hélicoptères de combat continuent de tourner inlassablement au-dessus de Gaza.

Favorables à l’élimination des chefs du Hamas

Israël ne cesse de donner des raisons aux responsables Palestiniens de continuer à se cacher. Le gouvernement israélien n’a-t-il pas menacé clairement d’éliminer les dirigeants du Hamas, y compris le Premier ministre ? Des menaces d’ailleurs approuvées par une forte majorité d’Israéliens comme le montre un sondage publié ce vendredi par le quotidien Maariv. 82 % des personnes interrogées proposent de «commencer à liquider des chefs du Hamas» et 52 % «de bombarder des objectifs dans la bande de Gaza même si cela devait faire des victimes». Par ailleurs, seules 20 % des personnes interrogées par le quotidien israélien se disent d’accord  pour qu’Israël libère des prisonniers palestiniens en échange du soldat capturé. La semaine dernière, un autre sondage montrait que deux Israéliens sur trois approuvaient une opération d’envergure de l’armée pour faire cesser les tirs de roquette depuis la bande de Gaza. Vu de l’intérieur, le gouvernement et l’armée semblent donc avoir les mains libres pour poursuivre leurs attaques même si le ministre de la Défense Amir Peretz, affirme «n’avoir nulle intention de s’embourber dans les marais de Gaza».

La France a appelé vendredi Israéliens et Palestiniens à «mettre un terme à l’engrenage de la violence» en cessant notamment les tirs de roquettes sur Israël et en levant le blocus de Gaza. Paris appelle aussi «à la libération immédiate et sans condition» du caporal enlevé qui possède également la nationalité française. Le Conseil de sécurité de l’ONU a discuté jeudi à huis clos d’un projet de résolution présenté par le Qatar demandant le retrait des forces israéliennes. Mais ce projet n’a aucune chance d’être adopté parce que les Etats-Unis qui ont le droit de veto, ont déjà exprimé leur opposition au texte qualifié de «non équilibré» car il n’évoque pas les tirs de roquettes, ni la libération de Gilad Shalit. D’autre part, le Premier ministre turc Abdullah Gül, dont le pays a de bonnes relations à la fois avec Israël et la Palestine, a affirmé qu’Ankara était prête à engager de nouvelles discussions avec le dirigeant du Hamas en exil, Khaled Mechaal, si cela pouvait contribuer à désamorcer la crise. Devant ce qui est déjà une alerte humanitaire, le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies a réclamé vendredi l’instauration d’un couloir humanitaire. Il s’agit de pouvoir acheminer en permanence des vivres dans la bande de Gaza. Il ne reste que 10 jours de réserves d’urgence pour nourrir les 160 000 personnes à qui nous venons en aide a expliqué le porte-parole du PAM.

par Claire  Arsenault

Article publié le 07/07/2006Dernière mise à jour le 07/07/2006 à TU