Entreprises
AOL passe au gratuit

(Photo : AFP)
America Online (AOL) change de modèle économique pour se lancer dans le tout gratuit. La filiale internet de Time Warner a annoncé, mercredi 2 août, qu’elle proposera désormais à tous les usagers possesseurs d’une connexion internet haut débit, sans frais, toute une série de produits : systèmes de messagerie, logiciels de sécurité, de contrôle parental et de recherche en ligne. L’accès payant s’est, en effet, avéré dépassé depuis que les géants Yahoo! et Google diffusent des contenus gratuits, attirant une forte audience et donc les annonceurs publicitaires.
En alignant sa stratégie sur celle de ses concurrents, AOL espère réaliser l’essentiel de son chiffre d’affaires grâce à la publicité sur internet et non plus avec les abonnements. Les derniers résultats de l’entreprise ont fait apparaître une baisse de 2% du chiffre d’affaires total. AOL a perdu 10 millions d'abonnés à travers le monde, passant de 35 millions en 2002 à 24,5 millions aujourd'hui. Ces départs ont représenté un manque à gagner pour Time Warner de quelque 2 milliards de dollars. La filiale a également mis en place un plan de licenciement pour supprimer ainsi quelque 1 300 postes dans trois de ses centres d'appels chargés du suivi de la clientèle payante des Etats-Unis, ce qui représente environ 7% de ses effectifs mondiaux.
«Une transition majeure»
AOL se conforme ainsi à la stratégie annoncée par sa maison mère. Depuis 2005, Time Warner a opéré un virage stratégique pour développer des programmes accessibles gratuitement (séries TV, actualités, musique en ligne, etc…) pour mieux rivaliser avec la forte capacité de Yahoo! et de Google à attirer la publicité. «C’est une étape logique pour AOL de capitaliser sur l’explosion de l’utilisation du haut débit et de la publicité en ligne», affirme Jeff Bewkes, président et directeur exécutif de Time Warner. Visiblement la nouvelle stratégie a porté ses fruits puisque les recettes publicitaires d’AOL ont bondi de 40% sur un an au deuxième trimestre, soit un montant de 400 millions de dollars. A titre d’exemple, dans la même période, Google a affiché un chiffre d’affaires de 2,46 milliards de dollars généré quasi exclusivement par la publicité.
Le virage d’AOL, qualifié de «transition majeure» par les analystes, devrait se traduire par un désengagement progressif de l’entreprise américaine, au moins en Europe dans un premier temps. Pour remplir son tiroir-caisse, les activités en France, en Allemagne et en Grande-Bretagne sont donc en vente. L’opérateur Neuf Cegetel s’est ainsi engagé dans une phase de négociation exclusive pour reprendre les services d’AOL en France. Une cession pourrait intervenir d'ici fin 2006. Au Royaume-Uni et en Allemagne il y a aussi «un très haut niveau d'intérêt» de certains opérateurs pour l'activité d’AOL. Mais toute médaille a son revers, si l’on en croit les spécialistes, ce changement d'orientation pourrait coûter à la maison mère, Time Warner, jusqu'à un milliard de dollars de manque à gagner au niveau du résultat opérationnel total jusqu'en 2009.
par Myriam Berber
Article publié le 03/08/2006Dernière mise à jour le 03/08/2006 à TU