Liban
Soulagement après l’engagement français dans la Finul
(Photo : AFP)
Les Libanais ont accueilli avec soulagement la décision de la France d’augmenter sa participation à la Force intérimaire des Nations unies 5finul)appelée à se déployer au sud du Liban. Ils espèrent que ce déblocage au niveau de la composition de la Finul va contribuer à la levée du blocus israélien.
De notre correspondant à Beyrouth
La décision de la France d’augmenter à 2 000 hommes sa participation à la force internationale qui doit se déployer au sud du Liban, conformément à la résolution 1701 du Conseil de sécurité, était très attendue à Beyrouth. Elle est le fruit d’intenses concertations dans les coulisses des Nations unies et des capitales concernées par la crise libanaise. Le discours de Jacques Chirac a été accueilli avec soulagement par les différents milieux politiques, y compris le Hezbollah.
Le président français a en effet clairement pris en compte les exigences exprimées par Beyrouth et qui font l’objet d’un consensus au sein du gouvernement, où siège aussi le parti de Hassan Nasrallah. Il a ainsi mis l’accent sur la nécessité de libérer les Libanais détenus dans les prisons israéliennes et de procéder à la délimitation des frontières concernant les fermes de Chebaa, occupées par l’Etat hébreu et revendiquées par le Liban. Plus important encore, Jacques Chirac a défini les grandes lignes des règles d’engagement de la force internationale. Celle-ci sera dotée de larges pouvoirs lui permettant d’avoir une liberté de mouvement, mais sa mission ne consiste pas à désarmer le Hezbollah. C’est un processus interne libanais qui devra aboutir à cet objectif, a précisé le président français, totalement en phase avec la vision du gouvernement libanais sur cette question délicate.
Trêve fragile
La population espère que l’engagement accru de la France au sein de la Finul va permettre de débloquer une situation qui fait du sur-place depuis l’arrêt des hostilités, le 14 août. Israël a suspendu le retrait de ses troupes toujours présentes dans neuf positions à l’intérieur du territoire libanais et maintien son blocus maritime et aérien, en attendant le déploiement de la force internationale. Il poursuit par ailleurs ses opérations de basse intensité. Jeudi, des soldats israéliens ont enlevé deux Libanais dans le village frontalier d’Aitaroun. La veille, l'artillerie israélienne a tiré des dizaines d’obus près du village de Chebaa, à 200 mètres d’une position de l’armée libanaise qui s’est déployée dans la région après 40 ans d’absence.
Cette trêve fragile peut s’effondrer à tout moment sans progrès sur le front diplomatique. Les Libanais espèrent donc que la décision de Paris de s’engager davantage au sein de la Finul va contribuer à détendre le climat et, à terme, à voir la levée du blocus israélien. Avec l’Italie, disposée à participer à hauteur de 2 500 à 3 000 hommes, et l’Espagne, avec un contingent de 700 à 1000 soldats, le noyau dur de la Finul renforcée est pratiquement constitué.
La Syrie menace
Le fait que Jacques Chirac n’a pas évoqué dans son discours le déploiement de la Finul aux frontières avec la Syrie a également soulagé les Libanais, car cette question est loin de faire l’unanimité au gouvernement. Avant une réunion du cabinet jeudi soir, un des deux ministres du Hezbollah, Mohammad Fneich, a déclaré qu’il refusait «que le Liban soit utilisé pour un règlement de compte régional avec la Syrie». Le gouvernement n’a finalement pas réclamé le déploiement des casques bleus le long de la frontière avec la Syrie, se contentant d’une assistance technique qui sera fournie par l’Allemagne. En parallèle, l’armée libanaise a considérablement renforcé sa présence sur les 160 kilomètres de frontière, où plus de cinq bataillons ont été déployés. Quelque 70 point de passages illégaux sont désormais placés sous haute surveillance pour empêcher tout trafic d’armes à destination du Hezbollah ou des Palestiniens.
Il faut dire que Damas avait rejeté avec vigueur l’éventuel déploiement de la Finul près de sa frontière. Le président syrien Bachar el-Assad avait qualifié cette mesure d’«acte hostile». Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, avait menacé de fermer toute la frontière avec le Liban au cas où une telle force était déployée. Et pour montrer qu’elle était sérieuse, la Syrie a cessé de fournir de l’électricité au Liban comme elle le faisait depuis la destruction par Israël d’une partie du réseau électrique.
par Paul Khalifeh
Article publié le 25/08/2006 Dernière mise à jour le 25/08/2006 à 16:27 TU