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Liban

Face au blocus, le Parlement se mobilise

Le Premier ministre libanais Fouad Siniora (à droite) avec le président du Parlement Nabih Berri dans les décombres de la banlieue sud de Beyrouth, le 20 août. Nabih Berri soupçonne le gouvernement de vouloir faire porter au Hezbollah la responsabilité du blocus. 

		(Photo : AFP)
Le Premier ministre libanais Fouad Siniora (à droite) avec le président du Parlement Nabih Berri dans les décombres de la banlieue sud de Beyrouth, le 20 août. Nabih Berri soupçonne le gouvernement de vouloir faire porter au Hezbollah la responsabilité du blocus.
(Photo : AFP)
Tandis qu’à la conférence de Stockholm, jeudi, les pays donateurs débloquaient près d’un milliard de dollars pour la reconstruction du pays, les tensions politiques se renforcent au Liban. Le Parlement lance une initiative pour desserrer l’étau israélien et court-circuiter le gouvernement libanais accusé d’indifférence et de passivité face au blocus.

De notre correspondant à Beyrouth

«Dès samedi, les députés vont entamer un sit-in permanent au Parlement qui se poursuivra jusqu’à la levée du blocus israélien». Le président de la Chambre, Nabih Berri, un chiite allié du Hezbollah, a invité les parlementaires arabes et d’Amérique latine à se joindre à leurs collègues libanais dans leur mouvement destiné à desserrer l’étau israélien sur les ports et les aéroports du Liban. Le blocus total imposé par l’Etat hébreu se poursuit en effet depuis le 12 juillet, malgré  l’arrêt des hostilités, le 14 août.

D’importantes denrées de bases acheminées au compte-gouttes via la Syrie commencent à manquer. L’aéroport n’a été rouvert que partiellement. Tous les avions à destination du Liban doivent d’abord passer par Amman, en Jordanie, et obtenir l’autorisation d’Israël pour pouvoir atterrir à Beyrouth. Nabih Berri a appelé le gouvernement à «défier» le blocus en ouvrant l’aéroport au trafic aérien.

Kofi Annan avait qualifié le blocus et les restrictions imposées aux transports aériens «d’humiliations et d’atteinte à la souveraineté du Liban». Israël, pour sa part, laisse planer le doute sur ses intentions. Après avoir affirmé qu’il ne desserrerait son étreinte qu’après l’arrivée de la force internationale au sud du Liban, le Premier ministre Ehud Olmert a déclaré que le blocus ne sera levé qu’après la libération par le Hezbollah des deux soldats israéliens, capturés le 12 juillet.

L’initiative du président de la Chambre intervient après les sévères critiques adressées au gouvernement sur son attitude jugée passive vis-à-vis du blocus. Certains milieux politiques ont même accusé la majorité parlementaire pro-occidentale au pouvoir de «complicité» avec Israël et les Etats-Unis. Ils la soupçonnent de faire preuve d’indifférence et de laisser-aller dans le but de faire assumer au Hezbollah et à ses alliés la responsabilité de la poursuite du blocus. Mercredi, le Premier ministre Fouad Siniora avait parlé du blocus comme s’il s’agissait d’une fatalité. «Ceux qui nous ont embarqué dans cette affaire et provoqué la résolution 1701 (en allusion au Hezbollah) doivent en assumer les conséquences», a-t-il dit.

Promesses de dons à Stockholm

Le Hezbollah et ses alliés ont également accusé le gouvernement d’avoir sciemment tardé à commencer les travaux de déblaiement des décombres et d’élaboration des plans de reconstruction de l’infrastructure et des zones résidentielles dévastées par la guerre. Des hommes politiques et des analystes ont dénoncé une «volonté claire de punir les franges de la population qui soutiennent la Résistance». Anticipant un éventuel retard dans le début des travaux, le Hezbollah a commencé, dès le lendemain de la fin des combats, à verser 12 000 dollars (le loyer d’un an) à chaque famille ayant perdu son domicile.

Certes, le gouvernement était absent les dix premiers jours. Mais il se défend en affirmant que l’évaluation des dégâts prend du temps. Ce n’est que mercredi, soit deux semaines après le cessez-le-feu, que le Premier ministre a annoncé le versement d’une indemnisation de 40 000 dollars à chaque propriétaire dont la maison a été détruite (selon lui, 130 000 unités ont été totalement ou partiellement endommagées). Fouad Siniora a en outre préparé un volumineux dossier qu’il a emporté avec lui, jeudi, à la conférence des pays donateurs à Stockholm qui a permis de recueillir 940 millions de dollars pour la reconstruction. «C'est du très bon travail, mais nous avons encore beaucoup à accomplir. Nous serons à la hauteur de ce défi», a dit le chef du gouvernement. Avec les contributions précédentes, le total de l'aide pour la reconstruction immédiate du Liban s'élève à 2 milliards de dollars, y compris les 800 millions offerts par l’Arabie Saoudite et le Koweït pendant la guerre.

Des représentants d'une cinquantaine de pays et d'une dizaine d'organisations internationales ont pris part à la conférence de Stockholm, jeudi. Les Etats-Unis, les pays du Golfe et l'Union européenne font partie des plus gros contributeurs. Ces pays ont décidé de s’investir pleinement dans la reconstruction du Liban de peur d’être devancés par l’Iran qui avait dépêché son vice-président à Beyrouth pour proposer ses services. Washington, Paris et les Etats du Golfe craignent un renforcement de l’influence de Téhéran à travers l’effort de reconstruction. En temps de paix comme en temps de guerre, le Liban reste un champ de confrontation entre les puissances régionales et internationales.

par Paul  Khalifeh

Article publié le 01/09/2006 Dernière mise à jour le 01/09/2006 à 08:29 TU

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