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Côte d'Ivoire

Dépollution : un chantier de plusieurs semaines

Troubles respiratoires et digestifs, vomissements, migraines : les émanations provenant des déchets toxiques ont eu de lourdes conséquences sur l'état de santé de plusieurs dizaines de milliers de personnes, causant le décès de sept d'entre elles. 

		(Photo : AFP)
Troubles respiratoires et digestifs, vomissements, migraines : les émanations provenant des déchets toxiques ont eu de lourdes conséquences sur l'état de santé de plusieurs dizaines de milliers de personnes, causant le décès de sept d'entre elles.
(Photo : AFP)
Il aura fallu attendre quatre semaines après le déversement de centaines de tonnes de déchets toxiques à Abidjan, pour que puisse démarrer ce dimanche, les opérations de dépollution. C’est la société Trédi Environnement, une filiale ivoirienne du groupe français Séché Environnement, qui est chargée d’enlever les déchets déversés. Les produits toxiques répandus dans plusieurs sites de la capitale ivoirienne ont été à l’origine de plus de 36 574 consultations médicales selon le dernier bilan publié samedi par les autorités ivoiriennes. De plus, sept personnes sont mortes des suites de l’intoxication directement liée aux émanations de ces produits toxiques, dont quatre enfants. 24 personnes intoxiquées sont toujours hospitalisées.

Les 15 spécialistes de la société Trédi Environnement ont bien commencé leur travaux ce dimanche. «Il s’agit dans un premier temps de sécuriser les lieux et de confiner les déchets pour qu’il n’y ait plus de risque pour la santé et l’environnement» a expliqué un responsable du groupe Séché. L’équipe de 15 personnes sera ensuite étoffée en fonction des besoins des différents chantiers. Au total, de 30 à 40 personnes pourraient être employées à ces tâches. Selon Trédi, il faudra environ 2 semaines pour sécuriser les sites pollués. Mais plusieurs semaines seront encore nécessaires pour achever les opérations, une fois les déchets enlevés.

60 tonnes de matériel

Du personnel ivoirien pourrait éventuellement être employé, précise Trédi Environnement, à la condition qu’il soit spécialisé. Toutes les opérations se feront sous contrôle d’ingénieurs chimistes et des experts des Nations unies déjà sur place. Quelque 60 tonnes de matériel sont arrivées ce week-end à bord d’un Antonov. Il s’agit de combinaisons de protection pour les équipes de dépollueurs, de conteneurs pour entreposer les déchets solides et de pompes d’extraction des déchets liquides. Quant aux grues, bulldozers et autres pelleteuses, ils seront fournis sur place.

Les travaux commencent par l’excavation des zones polluées. Ensuite les équipes procèderont au pompage du «lixiviat», les substances liquides contaminées, avec des camions citernes spécialement équipés. Les boues ainsi collectées, seront enfin acheminées en Europe, vers des installations spécialisées dans le traitement des résidus toxiques. Aucune précision n’a été encore fournie sur le coût de ces opérations de dépollution.

Selon les informations des autorités ivoiriennes, ce sont 528 tonnes de déchets toxiques qui ont été déchargées par la société ivoirienne Tommy, dans la nuit du 19 au 20 août. Ces déchets provenaient d’un navire grec, le Probo Koala, affrété par le négociant international basé aux pays-Bas, Trafigora. Une partie de ces 528 tonnes a ensuite été répandue sur au moins 11 sites de la capitale ivoirienne, principalement des décharges publiques et des points d’enlèvement des ordures. Aux dires de Trafigora, la solution toxique est issue du mélange de résidus pétroliers et de la soude caustique utilisée pour nettoyer les cuves après leur déchargement.

Un ministre roué de coups

L’affaire des déchets toxiques en Côte d’ivoire aura fait sauter le gouvernement de Charles Konan Banny. Mais l’annonce samedi de la nouvelle équipe gouvernementale nommée par le Premier ministre, témoigne d’une simple retouche plutôt que d’un réel changement. Seuls le ministre de l’Environnement, Jacques Andoh et celui des Transports, Innocent Anaky Kobenan ont été écartés. Juste avant d'apprendre sa mise à l'écart, Innocent Anaky Kobenan a été roué de coups par des manifestants qui s’étaient rassemblés pour exprimer leur colère à propos du scandale des déchets. Le ministre déchu s’est trouvé coincé, au volant de sa voiture, au milieu de la manifestation. Reconnu par les manifestants, il a été extrait de sa voiture et molesté pendant que son véhicule était brûlé. Il souffre de multiples blessures et est toujours hospitalisé. Innocent Anaky Kobenan avait été accusé quelques jours auparavant par le président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, d’avoir reçu de l’argent de la compagnie ivoirienne Tommy, qui a pris en charge les déchets toxiques.

Au même moment, d’autres manifestants ont pillé et incendié la maison du directeur du Port autonome d’Abidjan, Marcel Gossio, qui était absent de son domicile. Marcel Gossio figure parmi les quatre responsables administratifs suspendus de leurs fonctions. D’autre part, le Premier ministre Charles Konan Banny, a confirmé l’arrestation de huit personnes en lien avec cette affaire, dont trois dirigeants de sociétés travaillant au Port d’Abidjan, l’ancien directeur des affaires maritimes ainsi que trois douaniers.

par Claire  Arsenault

Article publié le 17/09/2006 Dernière mise à jour le 17/09/2006 à 16:36 TU