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Equateur

Duel populiste en perspective

Les deux candidats au second tour de l'élection présidentielle : Rafael Correa (à  gauche), Alvaro Noboa (à droite). 

		(Photo : AFP)
Les deux candidats au second tour de l'élection présidentielle : Rafael Correa (à gauche), Alvaro Noboa (à droite).
(Photo : AFP)

Le 26 novembre, le second tour de la présidentielle opposera le magnat de la banane, Alvaro Noboa, et l'économiste «pro-Chavez», Rafael Correa. Le 15 octobre, Noboa est arrivé en tête au premier tour avec plus de 26,66% des voix, devant Correa, le favori des sondages qui n’a obtenu que 22,5% des suffrages. Ce dernier dénonce d'ailleurs des «erreurs informatiques» entachant les résultats. Quoi qu'il en soit les électeurs sont désormais appelés à trancher entre un populisme de droite, celui de Noboa, et  un de gauche, porté par Correa. 


A l'encontre des sondages pré-électoraux, Alvaro Noboa, 56 ans, l’homme le plus riche de la République de l’Equateur, est arrivé en tête au premier tour de la présidentielle, selon les données fournies par le Tribunal suprême électoral (TSE) après le dépouillement d’un peu plus de 70% des bulletins de vote. Il devance ainsi de plus de quatre points le candidat de gauche, Rafel Correa, 43 ans, auquel les sondages, effectués il y a moins d’une semaine, attribuaient une avance de dix points sur Noboa. Correa s’était même déclaré convaincu qu’il pouvait être élu président dès le premier tour.

Un débat électoral très polarisé

Le candidat arrivé en troisième position, l’ancien vice-président social-démocrate Leon Roldos a obtenu 16,6% des suffrages, devant l'autre populiste de droite, Filmar Gutierrez, 15,5% des voix, et devant la seule femme candidate, Cynthia Viteri, du parti Social chrétien, la plus importante formation politique du pays. La polarisation extrême du débat politique pendant les derniers jours de la campagne peut expliquer, en grande partie, le revirement des électeurs équatoriens par rapport aux intentions de vote qu'ils avaient exprimées à la veille du scrutin.

Alvaro Noboa avait notamment accusé Rafael Correa d’être un «communiste» soutenu par Cuba et par le président vénézuélien Hugo Chavez. Le candidat de gauche, pour sa part, avait dénoncé les «mafias politiques», accusant même son rival milliardaire de vouloir «acheter les consciences» en distribuant de l’argent aux électeurs. En donnant la majorité des voix à Noboa, les Equatoriens ont aussi porté un sévère démenti aux enquêtes des instituts de sondage, un peu comme les Brésiliens l’avaient déjà fait le 1er octobre, en obligeant le président sortant Lula da Silva à disputer un second tour.

Lundi, Rafael Correa a contesté les résultats du premier tour, revendiquant la victoire et affirmant que les résultats annoncés résultent d'une «fraude et de graves irrégularités». Il affirme que des erreurs informatiques l'ont privé d'un suffrage sur trois, ce que ne confirme nullement le chef de la mission des 150 observateurs de l'Organisation des Etats américains, Rafael Bielsa, ancien chef de la diplomatie argentine. Ce dernier assure que le premier tour s'est déroulé «normalement, avec quelques irrégularités propres à n'importe quel processus électoral, mais sans rien de massif ni quoi que ce soit de susceptible d'avoir une incidence sur le résultat final»

Le second tour s'annonce serré

Le président sortant Alfredo Palacio a démenti les accusations de fraudes et invite les deux candidats restés en lice à éviter les insultes, soulignant que «les vainqueurs doivent répondre aux attentes populaires avec des propositions claires». Mais les observateurs pensent que le débat va rester très polarisé autour de discours essentiellement démagogiques, radicaux et manichéens. D’un côté, Alvaro Novoa va sans nul doute continuer à prôner l’ultra libéralisme, la dollarisation et l’accord de libre-échange avec les Etats-Unis, promettant la création d’un million d'emplois et poursuivant sa campagne contre les régimes gauchisants latino-américains, comme ceux du Venezuela et de Cuba. Dans le camp adverse, Rafael Correa ne devrait pas changer d’un iota son discours «anti-système», dénonçant en particulier les accords conclus avec Washington et les intérêts des compagnies étrangères pétrolières.  

La presse latino-américaine considère que l’avantage de Noboa sur Correa devrait se maintenir, car c’est la troisième fois que l’homme d’affaires est candidat à un second tour, tandis que son rival, tout en étant plus charismatique, n’a pas voulu présenter de candidats aux législatives, promettant en revanche de convoquer une Assemblée constituante pour changer les lois fondamentales de l’Etat, ce qui a pu être mal compris par les électeurs équatoriens. Le premier tour de la présidentielle montre que la majorité de la population, en âge de voter, a voulu rappeler à l’ordre les partis traditionnels, pariant sur deux populistes, l’un de droite, l’autre de gauche. L’Equateur a connu sept présidents en dix ans, pour la plupart renversés par des coups d’Etat ou des crises politiques graves.    

Dimanche dernier, les 9,1 millions d’électeurs équatoriens étaient aussi appelés à renouveler les 100 sièges du Congrès de Quito et les 700 conseillers provinciaux et municipaux. Les résultats de ces scrutins ne sont pas encore connus. Quant au président qui sortira des urnes le 26 novembre, il prêtera serment le 15 janvier 2007 pour un mandat de quatre ans. 



par Antonio  Garcia

Article publié le 16/10/2006 Dernière mise à jour le 16/10/2006 à 19:21 TU