Mexique
La crise d’Oaxaca dégénère
(Photo : AFP)
Barricades dans les rues, routes coupées, échanges de tirs… La violence continue dans la ville coloniale d’Oaxaca, dans le sud du Mexique. Le conflit entre les enseignants et le gouverneur local Ulises Ruiz s’est envenimé ces derniers jours. Des affrontements ont eu lieu, vendredi, dans les rues de la ville paralysée depuis plusieurs mois par des manifestations, faisant plusieurs morts. Trois personnes ont été tuées lors d’échanges de coups de feu entre policiers et manifestants. Parmi les victimes, un cameraman américain qui couvrait le mouvement pour la chaîne indépendante Indymedia.
La fusillade a éclaté dans un quartier difficile de la ville, vendredi, lorsque des hommes armés ont tenté de lever un barrage installé par des manifestants demandant la démission du gouverneur local Ulises Ruiz. Onze autres personnes ont également été blessées lors de ces affrontements autour des barricades. Le conflit avait déjà fait cinq morts. Jusqu’à présent, le gouvernement mexicain a cherché à régler le conflit par la négociation. Mais samedi, face à cette situation quasi-insurrectionnelle, le président Vicente Fox a décidé d’envoyer les troupes fédérales pour résoudre la crise. De son côté, le Sénat mexicain a imputé, jeudi, au gouverneur Ruiz, la responsabilité de la crise, mais ne l'a pas contraint à quitter ses fonctions.
Eviter une «issue violente»
Mais la rue ne semble pas décidé à céder au pouvoir central. Les enseignants ont, certes, ce week-end décidé de mettre fin à la grève, mais une partie du mouvement ne veut pas baisser les bras. L'Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca (APPO) qui rassemble près de 70 000 opposants au gouverneur local Ulises Ruiz, a ainsi rejeté l'ultimatum lancé par le ministre de l'Intérieur qui appelait les manifestants à «lever immédiatement» leur blocus de la ville occupée depuis près de cinq mois. Une situation qui inquiète les organisations de défense des droits de l’Homme qui ont demandé au gouvernement mexicain de veiller à éviter «toute action répressive» et une «issue violente».
Depuis le mois de mai, la situation dans cette région pauvre du sud du Mexique est en effet explosive. Près de 70 000 enseignants en grève et des militants de gauche réclament la démission du gouverneur local Ulises Ruiz accusé de corruption et de répression. Ulises Ruiz appartient au Parti révolutionnaire institutionnel qui a dirigé le Mexique jusqu’à l’élection en 2000 de Vicente Fox à la présidence du pays.
Le conflit d’Oaxaca, initialement pour une revalorisation salariale avait débuté le 22 mai, puis s’est radicalisé le 14 juin dernier, avant de s’étendre à d’autres secteurs de la société lorsque le gouverneur a décidé d’envoyer la police anti-émeute pour faire lever le blocus des instituteurs. Depuis l’APPO réclame sans relâche sa «démission» et occupe la ville. Chaque nuit des barricades sont dressées dans le centre historique de la ville, pour éviter une éventuelle intervention des forces de l’ordre. Des barrages sont installés aux croisements des avenues les plus importantes et des autobus renversés. Les manifestants brûlent des pneus et des ordures.
par Myriam Berber (avec AFP)
Article publié le 28/10/2006 Dernière mise à jour le 28/10/2006 à 13:45 TU