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Développement humain

L’Afrique toujours en retard

Le rapport mondial sur le développement humain 2006 demande que soit établi le droit fondamental de tout être humain à disposer d’au moins 20 litres d’eau par jour. 

		(Photo : Laurent Correau/RFI)
Le rapport mondial sur le développement humain 2006 demande que soit établi le droit fondamental de tout être humain à disposer d’au moins 20 litres d’eau par jour.
(Photo : Laurent Correau/RFI)
Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a publié, jeudi au Cap, son rapport mondial sur le développement Humain 2006. Cette étude, qui est une véritable base de données, montre que la plupart des Etats africains se trouvent toujours dans une situation de faible développement humain. Ils sont toujours dans les dernières positions de la liste établie par cette agence internationale dédiée au développement. Le PNUD dénonce l’accroissement des inégalités entre les pays les plus riches et les pays les plus pauvres du monde. Selon ce rapport, l’absence d’accès à l’eau potable est la première cause de la stagnation du développement humain en Afrique, plus encore que la pandémie de SIDA.

 

En termes de développement humain, la Norvège occupe toujours la première place, devant l’Islande et l’Australie, tandis que le Niger continue de figurer à la 177ème et dernière place de l’indice mondial du développement humain du PNUD. L’agence souligne que «les habitants de la Norvège sont 40 fois plus riches que ceux du Niger et vivent presque deux fois plus longtemps».

En réalité, en Afrique pas moins de 28 Etats sub-sahariens se trouvent au bout de cette liste mondiale, dans le groupe des pays à faible développement humain, avec, en plus, le Yémen et le Haïti. Les cinq dernières places sont occupées par la Guinée Bissau, le Burkina Faso, le Mali, la Sierra Leone et le Niger. Dans le groupe des pays à développement humain moyen, la Guinée Equatoriale figure en 120ème position, suivie de l’Afrique du Sud. Les Seychelles, en 47ème position, et Maurice, en 63ème , sont les seuls pays membres de l’Union africaine disposant d’un développement humain élevé.

Ce rapport a été publié pour la première fois en 1990 et il fournit les dernières statistiques relatives aux 175 Etats membres de l’ONU, ainsi que Hong Kong et les Territoires palestiniens occupés. Dix-sept pays, dont l’Afghanistan, l’Irak et la Somalie, ne figurent pas dans la présente édition «faute de données suffisantes».

Croissance économique et qualité de vie

Les 420 pages de ce rapport montrent également que les richesses minières des différents pays ne sont pas automatiquement un passeport pour le développement humain. Le Nigeria, premier producteur africain de pétrole ne figure qu’en 159ème position, après le Rwanda. De même, l’Angola, qui produit plus de 1,2 millions de barils de pétrole par jour, n’est qu’en 161ème position, entre la Guinée et la Tanzanie, des pays qui ne disposent pas de réserves d’hydrocarbures.

Le directeur du PNUD, Kevin Watkins, affirme dans ce rapport que «hypnotisés par la hausse et la chute des revenus nationaux mesurés par le PIB, nous tendons à égaler la prospérité humaine à la richesse matérielle. Mais l’ultime étalon de mesure du progrès est la qualité de vie des populations». L’indice de développement humain (IDH) est basé notamment sur l’espérance de vie, l’alphabétisation des adultes, la scolarisation dans l’enseignement primaire, ainsi que le revenu par habitant, «à partir des données fiables les plus récentes fournies par divers partenaires de l’ONU et d’autres sources officielles».

L’indice du PNUD révèle que «le fossé se creuse entre les pays les plus pauvres et les pays les plus riches». On assiste ainsi à une stagnation du développement humain en Afrique sub-saharienne, tandis qu’il s’accélère dans les autres régions du monde, notamment en Asie et Europe de l’Est. Les indicateurs établis par les spécialistes de cette agence des Nations unies montrent aussi que l’espérance de vie dans les Etats au sud du Sahara (46 ans) «est en réalité inférieure à ce qu’elle était il y a trois décennies ». En revanche, l’espérance de vie moyenne dans les pays au développement avancé atteint 78 ans. Le rapport souligne que dans un pays comme le Botswana (en 131ème position) l’espérance de vie a chuté brutalement de 20 ans, «en raison du VIH/SIDA».

Les auteurs du rapport dénoncent également l’existence de «profondes inégalités à travers le monde : les revenus cumulés des 500 individus les plus riches de la planète dépassent désormais ceux des 416 millions de personnes les plus pauvres ». Et ils soulignent que seuls trois pays d’Afrique sub-saharienne parviendront à atteindre l’objectif consistant à réduire des deux tiers les taux globaux de mortalité infantile d’ici 2015. L’indice de développement humain par tranche de revenus révèle également «l’existence de mondes différents se côtoyant au sein d’un même pays». 

Eau potable et développement

Ce rapport du PNUD a comme titre Pouvoir, pauvreté et crise globale de l’eau et il révèle que plus d’un milliard de personnes n’ont pas accès à l’eau potable dans le monde. De même, plus de 2,6 milliards d’habitants des pays pauvres ne disposent pas d’installations sanitaires. L’absence d’eau potable et de sanitaires provoque la mort de 1,8 millions d’enfants chaque année : «cela correspond à cinq fois le nombre d’enfants qui meurent des suites du VIH/Sida ». Le PNUD demande que soit établi un plan d’action mondial, sous le leadership du G8, «pour résoudre la crise croissante de l’eau et de l’assainissement», car «l’eau insalubre menace bien plus la sécurité humaine que les conflits violents».

Les auteurs considèrent que les gouvernements devraient consacrer 1% de leur PIB à l’eau et à l’assainissement, un «chiffre dérisoire au regard des dépenses militaires». En Ethiopie, «le budget militaire représente actuellement dix fois le budget alloué à l’eau et à l’assainissement – et 47 fois au Pakistan». Le rapport souligne également que «les plus démunis sont ceux pour qui l’eau est la plus chère». Cette étude conclut qu’il faut garantir au moins 20 litres d’eau potable par jour à chaque habitant de la planète, soulignant également que «la coopération transfrontalière en matière de ressources en eau offre de nombreux exemples pour la résolution des conflits internationaux sur l’eau».



par Antonio  Garcia

Article publié le 09/11/2006 Dernière mise à jour le 09/11/2006 à 19:26 TU