Somalie
En attendant la force de paix
(Photo : AFP)
Le Groupe de contact international sur la Somalie appelle au financement «urgent» d’une force de paix en Somalie, prévue par la résolution 1725 du Conseil de sécurité de l’Onu, votée début décembre. Cette force est réclamée par les autorités somaliennes de transition et par l’Ethiopie qui, en douze jours d’offensive militaire, ont repris les régions contrôlées depuis plusieurs mois par les Tribunaux islamiques. Le Groupe de contact, impulsé par les Etats-Unis au mois de juin, s’est réuni au complet vendredi, à Nairobi (Kenya). Il comprend des représentants de l’Onu, de l’Union européenne, de l’Union africaine (UA), de la Ligue arabe, de l’Autorité intergouvernementale de développement (Igad, regroupant sept pays d’Afrique de l’Est), des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de l’Italie, de la Norvège, de la Suède et de la Tanzanie.
Pour le moment, seuls l’Ethiopie et l’Ouganda ont donné leur accord pour envoyer des troupes. L’Ouganda a notamment proposé de mobiliser 1 000 à 2 000 hommes. A la clôture de la réunion, aucune précision n’a été donnée sur les modalités de cette force et aucune échéance n’a été évoquée. Pour le moment, les troupes éthiopiennes maintiennent l’ordre dans le pays. Jeudi, le ministre éthiopien des Affaires étrangères avait assuré que son pays se retirerait prochainement de Somalie, tout en demandant le déploiement des troupes de l’UA pour combler un vide qui pourrait être propice au retour des chefs de guerre, voire à celui des islamistes. 12 000 soldats éthiopiens sont actuellement déployés en Somalie, les forces du gouvernement somalien de transition étant très faibles.
Sous surveillance américaine
Le président somalien, Abdullahi Yusuf, avait également demandé, vendredi matin, une «assistance financière et technique pour maintenir la paix et la stabilité» dans son pays, ainsi qu’une aide humanitaire pour la reconstruction. Il a été entendu par les Etats-Unis. Après avoir annoncé, jeudi, par la voix de sa secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice, une aide d’urgence de plus de 16 millions de dollars, Washington a offert une autre enveloppe de 24 millions de dollars, dont 14 seront alloués à la force de paix. Les Etats-Unis, alliés traditionnels de l’Ethiopie, accusent les islamistes somaliens d’être liés à al-Qaïda et d’abriter des terroristes impliqués dans les attentats de 1998 au Kenya et en Tanzanie qui avaient fait 224 morts.
Devant la poussée islamiste en milieu d’année dernière, Washington avait soutenu à Mogadiscio une alliance de chefs de guerre. Sans succès, puisque les Tribunaux islamiques avaient finalement pris la ville au début de l’été. L’Ethiopie, qui bénéficie d’un programme d’assistance militaire américain depuis 2002, a eu carte blanche du Pentagone pour son offensive en Somalie et se serait même appuyée sur la technologie américaine, notamment des moyens de reconnaissance et d’écoute satellitaire. Mercredi, les Etats-Unis ont officiellement confirmé la présence de bâtiments au large de la côte somalienne pour empêcher les islamistes de fuir par la mer.
Al-Qaïda appelle au jihad en Somalie
Comme une piqûre de rappel, le numéro deux d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, a appelé au jihad en Somalie, dans un enregistrement audio mis en ligne vendredi sur le site d’al-Qaïda. «J’exhorte tous les musulmans à répondre à l’appel du jihad en Somalie. (…) La véritable guerre va commencer par des attaques contre les forces éthiopiennes d’agression. (…) Je vous recommande les embuscades, les mines et opérations suicide», a-t-il lancé aux islamistes somaliens, leur conseillant de s’inspirer de la guérilla en Irak et en Afghanistan. «J’exhorte les lions de l’islam au Yémen, dans la péninsule arabique, en Egypte, au Soudan et dans le Maghreb arabe à voler au secours de leurs frères musulmans en Somalie. (…) J’exhorte la nation islamique en Somalie à tenir fermement dans ce nouveau champ de bataille contre la croisade menée par l’Amérique, ses alliés et les Nations unies contre l’islam et les musulmans», poursuit-il.
Joint par téléphone satellitaire, Cheikh Hassan Yaqub, un haut commandant des Tribunaux islamiques, a, lui, déclaré à l’AFP : «La guerre n’est pas finie et les tactiques de combat ont déjà changé. Nous allons mener des opérations de harcèlement et aussi des attaques à l’explosif». Il a affirmé se trouver dans une région de l’extrême-sud de la rivière Juba, frontalière avec le Kenya, une région dans laquelle les forces éthiopiennes et somaliennes pourchassent en ce moment les chefs islamistes en fuite. Cheikh Hassan Yaqub assure que son mouvement dispose encore de «milliers de combattants» et de 150 véhicules armés. «Nous n’avons pas l’intention de négocier avec ce stupide gouvernement somalien. Nous voulons mettre pour toujours en place un pouvoir islamique. Nous ne quitterons jamais la Somalie.»
Le vice-premier ministre somalien Mohamed Hussein Aïdid a reconnu qu’il restait quelque 3 000 combattants islamistes en armes dans la capitale, Mogadiscio, que le gouvernement a du mal à vider de ses armes. Les trois jours de désarmement volontaire décrétés dans la ville ont fait chou blanc et le vice-ministre de la Défense, Salad Ali Jelle, a annoncé le désarmement «par la force» des milices locales, à partir de samedi. Sur la ville plane aujourd’hui le danger du retour des chefs de guerre qui ont régenté la Somalie depuis le début de la guerre civile, en 1991, jusqu’à l’arrivée des islamistes.par Olivia Marsaud
Article publié le 05/01/2007 Dernière mise à jour le 05/01/2007 à 16:13 TU