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Des algues brésiliennes contre le sida ?

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Au terme de dix années de recherche, des chercheurs brésiliens de l’université fédérale Fluminense, de Rio de Janeiro, ont identifié dans une algue vivant sur les côtes brésiliennes des propriétés inhibitrices du virus du sida en milieu cellulaire. Un gel fabriqué à partir de ces substances et utilisé localement sur les parties génitales féminines pourrait faire barrage à la transmission du VIH lors des relations sexuelles. Des tests cliniques seront effectués, en février prochain, sur des animaux et sur des tissus cellulaires humains vivants prélevés par biopsie. Une efficacité avérée de ce gel constituerait une manne économique pour le pays et représenterait, en outre, une grande avancée pour les femmes, à la fois en termes de santé publique et d’émancipation.

Il existerait dans la dictyota pfaffi, une algue brésilienne que l’on trouve à Rio de Janeiro et dans le nord du Brésil, des substances appelées «diterpènes», ayant pour propriété de faire barrage au virus du sida en milieu cellulaire : d’après les observations faites dès les premières évaluations in vitro, les chercheurs ont constaté que ces substances avaient, en effet, inhibé la réplication du virus du VIH jusqu’à 95%.

Sous la houlette de l’immunologiste Luiz Castello Branco, coordonnateur de la recherche, une équipe interdisciplinaire de chercheurs de l’université fédérale Fluminense, de Rio de Janeiro, en partenariat avec l’Institut Oswaldo Cruz (IOC), la Fondation Ataulpho de Paiva (FAP), et l’Ecole britannique de Médecine Saint-George, les chercheurs vont tester l’efficacité d’un gel microbicide élaboré à partir de cette substance «diterpène», à la fois sur des souris et sur des cellules prélevées par biopsie sur un col d’utérus.

Les tests vont être effectués sur des cellules humaines maintenues vivantes en culture, en laboratoire, ainsi que sur des souris femelles, selon une technologie pratiquée en Grande-Bretagne que le Brésil se félicite de pouvoir exploiter grâce à la coopération internationale. L’objectif est, non seulement, d’évaluer l’efficacité du gel microbicide mais aussi de dépister d’éventuelles altérations que son application engendrerait sur «les tissus génitaux», sur «d’autres organes ou dans le sang», explique Fatima Conceiçao-Silva, chercheuse au laboratoire d’immuno-parasitologie de l’IOC. Les tests devraient également permettre d’identifier d’éventuels effets secondaires.

Des espoirs pour l’Afrique

Selon les données officielles d’Onusida, 620 000 adultes et enfants, soit un tiers des malades porteuses du VIH en Amérique latine, sont brésiliens. La performance d’un microbicide, utilisé à titre préventif, représenterait une prodigieuse économie financière pour le pays si l’on considère qu’en 2004, le Brésil a dépensé quelque six cents millions de réaux (soit 217 millions d’euros) pour importer 80% des rétro-viraux nécessaires au traitement de ses malades atteints du VIH ; et que, entre 2004 et 2005, les dépenses sont passées à environ un milliard de réaux (soit plus de 362 millions d’euros).

Au-delà de tous ces enjeux technologiques, scientifiques et financiers, l’usage local d’un gel suffisant à protéger la femme lors de rapports sexuels assurerait à celle-ci une indépendance dans la prévention, et pourrait le cas échéant lui garantir une possible émancipation. Jusqu’à présent, le seul moyen dont les femmes disposent pour se protéger reste le préservatif que certains hommes mariés refusent d’utiliser, même lorsqu’ils ont des relations extra-conjugales.

Les chercheurs envisagent des expérimentations sur des êtres humains dès 2008, et espèrent obtenir une efficacité du bactéricide supérieure à 50%. Selon Luiz Castello Branco, un indice d’efficacité de 30% suffirait à réduire de 40% le taux de transmission du VIH en Afrique, continent le plus affecté par la pandémie.

par Dominique  Raizon

Article publié le 17/01/2007 Dernière mise à jour le 17/01/2007 à 19:25 TU