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Etats-Unis

Bush face à un Congrès hostile

Pour la première fois, le président Bush s’adressait à un Congrès à majorité démocrate. Derrière lui, le vice-président Dick Cheney et la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi. 

		(Photo : AFP)
Pour la première fois, le président Bush s’adressait à un Congrès à majorité démocrate. Derrière lui, le vice-président Dick Cheney et la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.
(Photo : AFP)
Pour la première fois depuis son entrée à la Maison Blanche, George Bush a dû tenir compte de la majorité démocrate pour son discours sur l’état de l’Union. Résultat : moins de visions de la démocratie au Proche-Orient et plus de promesses de politique intérieure.

De notre correspondante aux Etats-Unis

Face à un Congrès contrôlé par les démocrates pour la première fois depuis douze ans, George W. Bush s’est d’abord retourné. Derrière lui, à côté du vice-président Dick Cheney, se tenait Nancy Pelosi (en tailleur amande), nouvelle présidente de la Chambre basse du Congrès. Il était, a-t-il noté, le premier président des Etats-Unis à «avoir l’honneur de commencer son discours par les mots "Madame la Speaker"». Le président a ensuite souhaité un prompt rétablissement à deux élus en convalescence, dont le sénateur démocrate Tim Johnson, dont le retour est indispensable au maintien de la majorité démocrate au Congrès. «Ce n’est pas la première fois que le gouvernement est divisé» a-t-il ensuite reconnu à propos du changement de majorité, «comme beaucoup avant nous, nous pouvons dépasser nos différences».

George W. Bush

Président des Etats-Unis

«Les conséquences d'un échec en Irak seraient douloureuses.»

Pour son septième discours de l’Union, George Bush a multiplié les gestes à l’attention de la nouvelle majorité démocrate. Plus question, comme les dernières années, de «répandre le feu de la démocratie» au Proche-Orient, le président a d’abord mis l’accent sur les questions de politique intérieure. Il a commencé par développer quatre grands thèmes chers à la gauche américaine : l’extension de la couverture médicale grâce à des déductions fiscales, alors que 47 millions d’Américains en sont dépourvus, un projet de loi sur l’immigration régularisant des immigrés en situation irrégulière, une réduction de 20 % de la consommation d’essence à horizon 2017 en promouvant les énergies alternatives, et de nouvelles initiatives en matière d’éducation. L’insistance sur ces sujets, dadas des démocrates, était audacieuse : son projet d’attribuer des visas à des «travailleurs invités» lui a déjà valu des critiques virulentes de la part des républicains. «Il a détruit sa base», lui a reproché le représentant républicain Dana Rohrabacher après son intervention.

Au plus bas dans les sondages

Ce n’est pas seulement aux élus démocrates que George Bush doit tendre la main. Confrontés à leur réélection en 2008, des républicains ont déjà commencé à prendre leurs distances avec un président impopulaire. A 33 % dans les derniers sondages du Washington Post, la cote de popularité du chef de l’état est à son plus bas niveau depuis son élection de 2000. Selon le Washington Post, seuls Harry Truman pendant la guerre de Corée et Richard Nixon après le Watergate se sont trouvés dans des conditions aussi affaiblies pour prononcer leur discours de l’union.

George W. Bush

Président des Etats-Unis

«Notre pays a été trop longtemps dépendant du pétrole venu de l'étranger.»

Malgré les critiques, y compris dans son camp, George Bush a consacré un bon tiers de son discours à la guerre actuelle en Irak. «Notre pays conduit une nouvelle stratégie en Irak, et je vous demande de lui donner une chance de réussir.» Rien n’est moins sûr. Depuis le 10 janvier, quand il avait officiellement annoncé l’envoi de 21 500 GI’s supplémentaires en Irak, l’opposition à son projet de renforts a encore progressé au sein de la population américaine, grimpant de 61 à 65 %.

Alors que les démocrates ne ratent pas une occasion de faire valoir que l’Irak est «la guerre de Bush», à deux reprises dans son discours le président a rappelé aux élus démocrates qu’ils avaient très majoritairement soutenu cette entrée en guerre. Les démocrates, eux, continuent de faire de l’Irak la pierre angulaire de leurs attaques. Choix éloquent du parti, c’est le sénateur de Virginie, Jim Webb, un démocrate, ancien secrétaire de la Marine sous Reagan, qui a prononcé la réplique télévisée au discours présidentiel. «Bush a emmené le pays en guerre imprudemment» a déclaré ce vétéran du Vietnam dont le fils est actuellement en Irak. «La majorité de la nation ne soutient plus cette guerre, tout comme la majorité de nos militaires» a-t-il insisté, réclamant une «nouvelle direction».

par Guillemette  Faure

Article publié le 24/01/2007 Dernière mise à jour le 24/01/2007 à 08:14 TU

Audio

Anne Toulouse

Envoyée spéciale permanente de RFI aux Etats-Unis

«Cette année, la grande mise en scène du discours sur l'état de l'Union a été touchée par le souffle de l'Histoire.»

[24/01/2007]

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