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Présidentielle 2007

Bové, candidat des «sans voix»

Le leader altermondialiste José Bové est officiellement candidat à l'élection présidentielle. L’ancien porte-parole de la Confédération paysanne se veut le candidat des «sans-voix». 

		(Photo : AFP)
Le leader altermondialiste José Bové est officiellement candidat à l'élection présidentielle. L’ancien porte-parole de la Confédération paysanne se veut le candidat des «sans-voix».
(Photo : AFP)
José Bové a annoncé, jeudi 1er février, sa candidature à l’élection présidentielle. Le leader altermondialiste, qui avait quitté le mouvement des collectifs antilibéraux en novembre dernier, a décidé de se relancer dans la course à l’Elysée fort du succès de la pétition lancée sur internet pour soutenir sa candidature. Son principal objectif est d’empêcher Nicolas Sarkozy d’obtenir la victoire en mai 2007 : «J’ai décidé d’accepter que mon nom incarne, sur le bulletin de vote, la volonté commune de battre la droite pour redonner l’espoir d’une alternative à gauche».

José Bové ratisse large. En annonçant, à Saint-Denis en banlieue parisienne, qu’il allait finalement se présenter à l’élection présidentielle, il a expliqué qu’il s’adressait à tous ceux qui veulent défendre une gauche «alternative, écologique, antiraciste, féministe et solidaire». Autrement dit, les citoyens qui veulent faire barrage à Nicolas Sarkozy mais aussi ceux qui «ne croient plus à la gauche traditionnelle». Celle qui «a renoncé face au social-libéralisme». Celle qui a échoué au premier tour de l’élection présidentielle de 2002 et a appelé à voter «oui» au référendum sur la Constitution européenne en 2005. 

Après le renoncement de Nicolas Hulot, Bové est le seul candidat issu de la société civile et veut s’engouffrer dans le créneau alternatif qui lui est cher. D’ailleurs, il revendique le fait de ne pas être le candidat d’un parti. A l’entendre, il se met au service d’une «candidature collective» pour être «le porte-voix des sans voix, de ces millions de citoyens et de citoyennes qui souffrent de la précarisation sociale et des discriminations». L’un des objectifs de son projet, élaboré à partir des 125 propositions des collectifs antilibéraux, est d’ailleurs de donner aux citoyens la possibilité de participer à «l’exercice du pouvoir», en créant une nouvelle République capable de faire naître une «démocratie politique sociale et citoyenne». Il veut aussi répondre à «l’urgence sociale» en combattant «la politique de libéralisation».

Convaincre les déçus et les abstentionnistes

Le leader altermondialiste se pose comme le candidat de la contestation contre l’establishment politique. Il espère convaincre les déçus et les abstentionnistes de lui donner leur voix. Pour y croire, il s’appuie sur le nombre important de signatures recueillies par la pétition en faveur de sa candidature. Même si,  pour le moment, les sondages ne frémissent pas en sa faveur. Selon une enquête CSA, 71% des Français et près de 68% de ceux qui se disent sympathisants de gauche, sont hostiles à la candidature de José Bové. Et en terme d’intentions de vote, il ne se situe pas au-dessus de 2 ou 3%.

Il est vrai qu’il y a du monde à gauche de la gauche. José Bové part le dernier dans la bataille électorale où Marie-George Buffet (Parti communiste), Dominique Voynet (Verts), Arlette Laguiller (Lutte ouvrière), Olivier Besancenot (Ligue communiste révolutionnaire) se sont déjà engagés. Et la plupart d’entre eux, à l’exception d’Arlette Laguiller, ne voient pas la candidature de José Bové d’un bon œil. Marie-George Buffet, qui a déjà échoué à obtenir le soutien du mouvement des collectifs antilibéraux et ne décolle pas dans les sondages, a d’ailleurs estimé qu’il s’agissait de la «candidature de trop», ajoutant : «On se trompe de temps avec les candidatures. Maintenant, le débat c’est comment battre Sarkozy, parce qu’il n’est pas encore battu». La LCR est sur la même ligne. Elle a déclaré que la candidature de José Bové n’était pas «unitaire» mais «supplémentaire».

Pour les socialistes, l’entrée en lice de José Bové est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Mauvaise, car elle représente un risque supplémentaire d’émiettement des voix au premier tour, un phénomène qui lui avait coûté cher en 2002 en participant à priver Lionel Jospin du deuxième tour. Bonne, parce que José Bové se désistera sans état d’âme en faveur de la candidate du PS au deuxième tour. Ce qui n’est pas évident pour tous les candidats de la gauche radicale.

Rendez-vous avec la justice

Comme l’ensemble de ses petits camarades, José Bové doit maintenant mener sa quête du Graal : la recherche des 500 signatures d’élus, indispensables pour pouvoir être candidat. Son entourage affirme qu’il peut compter sur un «socle» d’environ 200 parrainages. Il a un mois et demi pour trouver en trouver 300 supplémentaires. Le tout nouveau candidat a d’ailleurs profité de la présence des médias à Saint-Denis pour lancer un appel aux maires à signer pour lui.

José Bové doit aussi gérer une autre incertitude : celle de savoir si le 7 février la justice va décider de l’envoyer en prison. Il est, en effet, dans l’attente de la décision sur son pourvoi en cassation pour une affaire de destruction d’OGM à Menville (Haute Garonne), en juillet 2004, une action pour laquelle il a été condamné à 4 mois de prison ferme par la cour d’appel de Toulouse. Si la Cour de cassation confirme la peine, Bové ne sera pas forcément incarcéré avant l’élection présidentielle car la procédure peut prendre encore des semaines, voire des mois. Dans tous les cas, José Bové a annoncé qu’il refuserait les aménagements possibles comme le port du bracelet électronique. Il préfère la posture du révolté qui assume ses actes jusqu’à aller en prison. En attendant, il a décidé de mener sa campagne comme si de rien n’était. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il a choisi la date du 7 février pour organiser son premier meeting de campagne, à Aubagne.

par Valérie  Gas

Article publié le 01/02/2007 Dernière mise à jour le 01/02/2007 à 15:39 TU