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Présidentielle 2007

Buffet en campagne

La candidate Marie-George Buffet au Zénith de Paris, le 23 janvier 2007. 

		(Photo: AFP)
La candidate Marie-George Buffet au Zénith de Paris, le 23 janvier 2007.
(Photo: AFP)
Marie-George Buffet a organisé, au Zénith de Paris, son premier grand meeting de campagne pour la présidentielle. La candidate a présenté son programme devant quelque 6 000 personnes et a tenté, une nouvelle fois, de se positionner dans le mouvement antilibéral. Malgré tous ses efforts, son pari qui vise à rassembler derrière elle la gauche de la gauche est loin d’être gagné. Entre Arlette Laguiller (Lutte ouvrière) et Olivier Besancenot (Ligue communiste révolutionnaire) qui ont décidé de se présenter eux aussi, et José Bové qui est sur le point de le faire, Marie-George Buffet a du mal à trouver un espace.

Marie-George Buffet n’est pas entrée en campagne les mains vides. Elle a rempli sa besace de candidate avec quinze engagements. Elle propose, entre autres, la création d’un service public du logement et la construction de 600 000 logements sociaux en cinq ans, pour rendre «effective» la mise en œuvre du droit opposable au logement. Elle préconise l’augmentation du salaire minimum à 1 500 euros, le vote d’une loi instaurant de nouveaux droits pour les jeunes comme le droit à l’emploi, le rétablissement du droit à la retraite à 60 ans à taux plein, l’adoption du droit de vote et d’éligibilité pour les résidents étrangers, un référendum sur le passage à la VIe République…

La candidate est donc entrée dans le vif du sujet dès son premier meeting, en jouant la carte du contenu. Une manière de montrer que les atermoiements de la gauche de la gauche ne l’empêchent pas d’avancer et de faire des propositions aux Français. Des propositions qui correspondent aux attentes des électeurs qui soutiennent le mouvement des collectifs antilibéraux. Si l’un des engagements de Marie-George Buffet est de «retirer» la signature de la France au bas du projet de Constitution européenne, ce n’est donc pas un hasard. La victoire du «non» au référendum est en quelque sorte l’acte fondateur de ce courant auquel a participé le Parti communiste. Et la candidate ambitionne toujours de retrouver l’élan de la campagne pour le référendum de 2005 à l’occasion de la présidentielle de 2007.

Retrouver l’élan de 2005

Marie-George Buffet l’a affirmé au Zénith : «C’est avec la même soif de gagne que je suis ici ce soir». Elle ne renonce pas à représenter «la gauche de combat et de responsabilité». Elle a donc appelé tous ceux qui veulent «une gauche enfin populaire, une gauche porteuse des colères et des aspirations du monde du travail» à la soutenir. Elle leur a certifié : «Vous pouvez investir ma candidature, elle est solide, elle est sincère, elle porte une vraie ambition de rassemblement». Et pour mieux les convaincre, la candidate a attaqué Nicolas Sarkozy, le candidat qui capte, avec Ségolène Royal, le débat électoral présidentiel et incarne la droite libérale. Marie-George Buffet a dénié au candidat de l'UMP le droit de se référer, comme il l’a fait lors de son discours d’investiture le 14 janvier dernier, à des personnalités de gauche et notamment à Guy Môquet, un jeune communiste fusillé à 17 ans par les nazis. Pour elle, le ministre de l’Intérieur n’a pas changé et il est toujours «l’héritier de cette droite qui ne cessait d’insulter Jaurès».

Elle a aussi critiqué avec pugnacité les propositions de Nicolas Sarkozy, notamment en matière de fiscalité. Là où le candidat de l’UMP envisage de permettre aux contribuables qui paient l’impôt de solidarité sur la fortune de déduire les sommes qu’ils investiraient dans les petites et moyennes entreprises (PME), Marie-George Buffet veut, quant à elle, doubler l’ISF, voire le tripler pour les plus grandes fortunes. C’est pour elle «la seule façon d’aller vers plus de justice fiscale».

Le principal ennemi est désigné. Mais il reste à trouver le bon positionnement face à la candidate du Parti socialiste, Ségolène Royal. Marie-George Buffet l’a bien un peu égratignée en la mettant en vis-à-vis avec Nicolas Sarkozy lorsqu’elle a parlé de «celui qui se fait passer pour un agneau et de celle qui en porte devant les caméras» (les images de Ségolène Royal en visite dans une ferme, un agneau dans les bras, ont été diffusées sur toutes les chaînes de télévision françaises). Cela ne résout pas pour autant la question d’un ralliement éventuel au deuxième tour qui a constitué l’un des principaux points de dissension avec les membres de la coordination nationale des collectifs antilibéraux. Même si elle a décidé de gommer tous les signes extérieurs d’appartenance au Parti communiste -au Zénith, il n’y avait aucun sigle du PCF sur la tribune- elle reste considérée comme la candidate d’un parti qui a accepté de gouverner avec les socialistes. Et le fait de choisir comme slogan «Rassembler la gauche populaire et antilibérale» risque de ne pas y changer grand chose.

La menace Bové

Le retour de José Bové dans la campagne représente d’ailleurs l’un des indicateurs de la difficulté face à laquelle se trouve Marie-George Buffet dans sa tentative de représenter autre chose que le PCF. Le leader altermondialiste a saisi l’occasion d’une réunion des collectifs antilibéraux, le 21 janvier, pour faire part publiquement de son désir de se jeter dans la bataille électorale. Le nombre significatif de signatures obtenu par la pétition lancée pour soutenir sa candidature (25 000) lui donne des raisons d’espérer qu’il peut incarner ce mouvement. Une idée pas totalement nouvelle puisqu’il en était au départ l’une des personnalités phares. Il avait néanmoins jeté l’éponge il y a deux mois à cause de l’incapacité des collectifs à trouver un accord sur une candidature unitaire.

José Bové a donc décidé de se prononcer le 1er février après avoir vérifié s’il y avait véritablement «une dynamique populaire» derrière lui. En attendant, il a demandé à son entourage de collecter les parrainages, au cas où. Marie-George Buffet, qui ne réussit pas à dépasser 3% d’intentions de vote dans les sondages, sait que la concurrence de José Bové lui porterait un coup dur. Elle l’a donc immédiatement appelé à renoncer à «multiplier les candidatures» à gauche et lui a proposé de «mener campagne ensemble». Autrement dit derrière elle. Il paraît peu probable qu’il accepte.



par Valérie  Gas

Article publié le 24/01/2007 Dernière mise à jour le 24/01/2007 à 16:25 TU