Fatah/Hamas
Abbas et Mechaal se tournent vers La Mecque
(Photo : AFP)
Les discussions préparatoires se sont ouvertes mardi soir dans un palais d’hôtes à La Mecque, premier lieu saint de l’islam, situé dans la partie occidentale du royaume saoudien. «Il est interdit d’échouer», a déclaré Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Mouvement de résistance islamique Hamas, en exil à Damas. Une rencontre avec le président palestinien Mahmoud Abbas avait eu lieu le 21 janvier dans la capitale syrienne. Cependant, les deux parties n’avaient pas réussi à surmonter leurs divergences et les confrontations violentes se sont poursuivies, notamment dans la bande de Gaza. Les Territoires palestiniens ont été depuis, à plusieurs reprises, au bord d’une véritable guerre civile.
Depuis le 25 janvier, date du précédent cessez-le-feu, au moins 63 Palestiniens ont été tués dans les combats entre activistes des deux partis rivaux. Les confrontations ont atteint un degré de violence inouï, jeudi dernier, lorsque la Force exécutive du parti Hamas a voulu arrêter à Gaza un convoi de véhicules du mouvement Fatah, soupçonnant les partisans du président Abbas de transporter des armes fournies par l’Egypte. Les activistes des deux partis se sont ensuite opposés près des locaux universitaires. Le Fatah soupçonnait, à son tour, le Hamas d’y avoir entreposé des moyens militaires. Des attaques ont eu lieu, également, contre des ministères du Hamas et contre des bâtiments des services de sécurité du Fatah. Des mortiers ont même été tirés contre des positions situées à la proximité des bureaux du président Abbas.
Outre ces affrontements, les enlèvements d’activistes sont devenus une pratique courante à Gaza. Samedi, au moins 50 membres des services de sécurité du Fatah ont été enlevés, parmi lesquels un neveu de Mohammed Dahlane, un des principaux responsables du parti du président à Gaza, qui est devenu la bête noire du Hamas. Neuf membres du Fatah et 32 éléments du Hamas étaient toujours détenus lundi soir.
Difficiles négociations
Les deux parties se sont mises d’accord samedi en vue de l’application d’un cessez-le-feu. Dans l'ensemble, la trêve entre groupes palestiniens rivaux a été respectée dimanche et lundi dans la bande de Gaza, mis à part quelques coups de feu sporadiques. Le Fatah et le Hamas ont déployé une équipe conjointe sur le terrain pour évacuer les hommes armés des rues et échanger les otages : onze membres du Fatah et un partisan du Hamas ont été relâchés. Cependant, des incidents se sont produits lundi à Ramallah, en Cisjordanie, où un membre du Hamas, employé du ministère de l’Intérieur, a été blessé et un autre enlevé par des hommes armés.
Les discussions à La Mecque n’auront aucune limite de temps, ce qui démontre la complexité de la situation. Outre les questions militaires, les deux partis auront beaucoup à faire concernant les questions politiques, parmi lesquelles les divergences qui ont empêché la formation d’un gouvernement palestinien d’union.
Le Fatah exige que le futur gouvernement respecte le programme politique de l’OLP, tandis que le Hamas affirme qu’un accord n’est pas loin, «en dépit de certains points de divergence». En effet, outre la difficile question de la répartition des portefeuilles ministériels, les deux formations ne sont pas d’accord notamment en ce qui concerne Israël. Le Hamas refuse toujours de reconnaître le droit à l’existence de l’Etat hébreu et les accords passés entre l’OLP et les Israéliens.
La levée du blocus financier du gouvernement palestinien, imposé par les Occidentaux, dépend du respect de ces accords passés. Une exigence qui semble, pour le moment, difficile pour le Hamas, un parti qui a été placé sur la liste noire par Washington, Israël et l’Union européenne. C’est ainsi que les Occidentaux ont décidé de suspendre les aides financières directes au gouvernement palestinien, après la formation du gouvernement Hamas en mars 2006. Ce blocus a provoqué une véritable asphyxie financière des institutions palestiniennes.
Médiation de Riyad
C’est le roi Abdallah qui a invité, le 28 janvier, les dirigeants des deux factions palestiniennes rivales à se rencontrer dans les lieux saints musulmans. L’Arabie saoudite a lancé cette offensive diplomatique sans précédent, pour contrer la montée de l'influence de l'Iran dans la région, à travers les partis islamistes irakiens au pouvoir, le Hezbollah au Liban, et le Hamas dans les Territoires palestiniens. Les autorités saoudiennes vont essayer ainsi de faire une médiation, ce que l’Egypte n’a pas réussi à accomplir. Le Premier ministre palestinien, Ismaïl Haniyeh, s’est déclaré lundi convaincu qu’un accord va être possible à La Mecque. Mais les sources militaires israéliennes affirment qu’il n’y a pas «d’accalmie en vue» dans les combats dans la bande de Gaza, entre le Hamas et le Fatah.
Le secrétaire général des Nations unies a lancé lundi un appel aux Palestiniens, pour qu’ils cessent leurs affrontements internes, afin de favoriser une reprise du processus de paix au Proche-Orient. Ban Ki-moon a notamment souligné qu’«il est essentiel que les Palestiniens résolvent leurs divergences internes par des moyens pacifiques et restaurent leur unité nationale».
par Antonio Garcia
Article publié le 05/02/2007 Dernière mise à jour le 05/02/2007 à 17:40 TU