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Présidentielle 2007

Sarkozy face-à-face avec les Français

Le candidat UMP à la présidentielle 2007, Nicolas Sarkozy, le 5 février 2007 sur le plateau de TF1. 

		(Photo: AFP)
Le candidat UMP à la présidentielle 2007, Nicolas Sarkozy, le 5 février 2007 sur le plateau de TF1.
(Photo: AFP)
Nicolas Sarkozy était le premier invité de l’émission «J’ai une question à vous poser» sur la chaîne de télévision TF1. Face à un panel de Français, le candidat de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) a répondu à des questions souvent très concrètes sur le pouvoir d’achat, le temps de travail, le logement, la précarité, les discriminations, la sécurité, l’écologie… Souriant, calme et même détendu, il a accepté le principe de ce débat direct avec les citoyens venus pour l’interroger, parfois l’interpeller sans ménagement. Nicolas Sarkozy a peaufiné son image d’homme serein et déterminé, sans accrocs.

Il avait un petit tabouret derrière son beau pupitre transparent placé face à des gradins remplis de citoyens. Mais il ne s’est pas assis. Nicolas Sarkozy n’a pas faibli sur ses jambes. Il ne s’est pas non plus désuni dans son effort pour répondre précisément aux questions des quelque cent Français venus l’interroger. Il est allé au bout de sa performance télévisuelle de deux heures -entrecoupée tout de même d’une courte page de publicité- durant laquelle il a parlé pendant plus d’une heure vingt, sans effort apparent. Arrivé les mains vides sur le plateau, il a juste emprunté une feuille au monsieur loyal de la soirée, le présentateur vedette du journal de 20 heures, Patrick Poivre d’Arvor, quand le défilé des questions s’est accéléré. Histoire de pouvoir continuer à s’adresser à ses interlocuteurs sans s’emmêler dans les noms et les sujets abordés. Du spontané, rien que du spontané.

Mais Nicolas Sarkozy avait bossé, et bossé dur, pour venir à la télé. Il est vrai que cette émission sur le mode «participatif», dans laquelle il essuyait les plâtres, représentait un enjeu car elle était destinée à toucher un maximum de téléspectateurs -Sarkozy espérait 10 millions, il n’y en eût en fait que 8,2 millions. Le face-à-face avec les citoyens est, par ailleurs, un exercice délicat. Rien à voir avec les émissions politiques traditionnelles où le candidat répond aux questions d’un journaliste ou même avec les débats entre candidats. Dans ce genre d’exercice, il faut être à la fois attentif et convaincant sans jamais franchir la ligne jaune de la condescendance ou de l’énervement. Tous les coups ne sont pas permis. Il faut trouver les mots et le ton pour s’exprimer, mais il faut aussi savoir écouter.

«Courtoisie républicaine»

Nicolas Sarkozy a donc résisté à la tentation du tac au tac dont il est pourtant assez friand et dans lequel il excelle souvent. Lorsqu’il a été interpellé sur les discriminations notamment concernant les homosexuels, et qu’un intervenant l’a même traité d’«homophobe», il ne s’est pas départi de son calme. Il a utilisé toute sa «courtoisie républicaine» pour expliquer qu’en matière de mariage homosexuel et d’adoption par un couple homosexuel, il avait des convictions, que c’était son droit, à lui aussi, d’en avoir et qu’il était là pour les expliquer. Il a parlé du droit de chacun à «l’amour», homosexuel ou hétérosexuel, mais a réaffirmé son opposition au mariage entre personne du même sexe car cette union reste à ses yeux «l’institution familiale qui permet d’avoir des enfants». Il a aussi rétorqué fermement mais calmement lorsqu’il a été attaqué sur sa tentative de séduire les électeurs du leader du Front national, Jean-Marie Le Pen, ou sur sa politique dans le domaine de l’immigration. Il a expliqué qu’il refusait de traiter comme des parias des électeurs poussés vers les extrêmes par la «désespérance». Il a aussi asséné : «Je n’ai jamais été raciste» et a décliné son bilan de ministre de l’Intérieur, notamment en faveur des musulmans en rappelant, entre autres, qu’il est à l’origine de la création du Conseil français du culte musulman (CFCM) et qu’il prône la discrimination positive. Ce qui ne l’empêche pas de croire fermement à la nécessité de pratiquer «l’immigration choisie» et de faire respecter, par tous, les règles républicaines.

Il a profité de l’occasion pour retourner la polémique sur la double casquette ministre-candidat à son avantage. Il a expliqué qu’il s’était engagé à travailler pour assurer la «sécurité» des Français et considérait le fait de quitter son ministère pour faire campagne comme la solution de facilité. De son point de vue, il y a plus de risques que d’avantages à demeurer place Beauvau. Mais il n’en partira qu’au moment où les ministres seront soumis à un devoir de réserve, vers la mi-mars. Quand il a été interrogé sur le choix de son futur Premier ministre, il a évité le piège et en a profité pour faire preuve d’humilité. Il a rappelé que la question ne se posait pas pour le moment et qu’il était conscient que rien ne serait joué avant le soir de l’élection, «à 20 heures». Pas d’arrogance, surtout pas d’arrogance.

Une caméra à l’affût

Nicolas Sarkozy a évolué sous l’œil des citoyens mais aussi sous celui de la caméra. Une caméra à l’affût de chaque geste du candidat. Au lieu des traditionnels gros plans sur son seul visage, elle a suivi au plus près, et à plusieurs reprises, ses mains comme pour voir s’il n’y avait pas de décalage entre la parole et le mouvement du corps. On a ainsi pu voir, par exemple, le candidat réajuster sa cravate, comme si l’on se trouvait dans le repli de son veston, ou bouger ses mains en cherchant un peu où les poser comme si l’on était accroché au pupitre en plexiglas. Une manière étonnante de filmer un débat politique dont l’objectif était peut-être de chercher les petits signes extérieurs de stress là où ils sont plus difficiles à cacher, pour voir si la métamorphose de Nicolas Sarkozy était réelle ou de surface. Les sondages diront bientôt ce qu’en ont pensé les Français et si cet exercice lui a permis de marquer des points dans la campagne.

Ce qu’il a proposé

-Revaloriser le travail en permettant à ceux qui veulent travailler plus de 35 heures de gagner plus.

-Revaloriser les petites retraites en dégageant des recettes, notamment en alignant les régimes spéciaux au régime général.

-Inciter les bénéficiaires de minima sociaux à reprendre un emploi en leur permettant de cumuler indemnité et salaire «pour faire en sorte que la travail rapporte plus que l’assistanat».

-Instaurer une franchise «modeste» de 5 ou 10 euros, à la charge du patient, sur les premières dépenses de santé annuelles.

-Faciliter l’accès à la propriété en mettant en place un crédit hypothécaire pour les crédits destinés à permettre l’achat d’un logement et supprimer les cautions.

-Créer un contrat d’union civile pour les homosexuels avec cérémonie en mairie pour remplacer le Pacs, mais sans créer de mariage homosexuel ni de droit à l’adoption.

-Instaurer un droit à la formation pour les femmes qui ont choisi de rester au foyer pour élever leurs enfants.

-Supprimer les droits de mutation pour les commerçants qui vendent leur affaire à un commerçant de la même catégorie afin d’éviter la disparition des petits commerces en centre-ville notamment.

-Faciliter l’installation des médecins en zone rurale par une incitation fiscale.

-Donner aux enfants handicapés un droit à l’éducation pour qu’ils puissent intégrer les établissements scolaires traditionnels.

-Lutter contre les discriminations en systématisant les condamnations «sévères» par les tribunaux.

-Réformer l’ordonnance de 1945 sur la justice des mineurs et instituer notamment des peines-plancher pour les 16-18 ans récidivistes.

-Faire payer les pollueurs par le biais d’une TVA plus élevée sur les produits les plus polluants et moins élevée sur les moins polluants.

-Faire la «guerre totale» à la drogue.

-Limiter à deux le nombre de mandats présidentiels.

-Privilégier la compétence en soumettant les candidats à un poste de haut responsable, à une audition publique avant leur nomination.

par Valérie  Gas

Article publié le 06/02/2007 Dernière mise à jour le 06/02/2007 à 12:16 TU

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Nicolas Sarkozy

Candidat à l'élection présidentielle 2007, sur TF1

«Je partirai du ministère de l'Intérieur un peu plus d'un mois avant l'élection.»

[06/02/2007]

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