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Airbus : Power 8 sur les rails

Des employés, de l'usine d'Airbus à Saint Nazaire, manifestent ce mercredi 28 février, suite à l'annonce faite par la direction. 

		(Photo : Reuters)
Des employés, de l'usine d'Airbus à Saint Nazaire, manifestent ce mercredi 28 février, suite à l'annonce faite par la direction.
(Photo : Reuters)
Louis Gallois, co-président d’EADS et président d’Airbus a présenté, mercredi 28 février, les détails du plan de restructuration «Power 8» pour l’avionneur européen. Le plan prévoit 10 000 suppressions d’emplois et la cession de six sites industriels, deux en France, trois en Allemagne et un en Grande-Bretagne. De plus, pour rationaliser la production, le futur A320 sera entièrement réalisé à Hambourg et l’essentiel du long courrier A350 sera fabriqué en France. L’inquiétude prévaut chez les salariés qui ont débrayé.

Fin du suspense pour Power 8. Louis Gallois, co-président d’EADS et président d’Airbus, a dévoilé, mercredi au comité du groupe européen, le contenu précis du plan de restructuration destiné à remettre sur les rails l’avionneur. Le tout a été validé lundi par le conseil d’administration du groupe européen d’aéronautique et de défense. Annoncé dans les grandes lignes en octobre, Power 8  est un plan de réduction des coûts, visant à économiser 5 milliards d'euros d'ici 2010, puis 2 milliards par an à partir de cette date, afin de compenser notamment les surcoûts liés aux retards de l'avion géant A380.

La direction du groupe a confirmé les craintes des syndicats. Pour parvenir à ses objectifs, Louis Gallois a annoncé 10 000 suppressions d’emplois. Le patron d’Airbus a précisé que ces réductions d’effectifs «concerneront à 50% Airbus et à 50% les sous-traitants et intérimaires». Près de 4 500 emplois seraient supprimés en France, 3 700 en Allemagne, 1 600 au Royaume-Uni ainsi que 400 en Espagne, sans licenciements secs. Ce qui se traduira par des départs en retraite mais aussi par une réduction du nombre d’intérimaires et des contrats à durée déterminée dans le secteur de la production.

L’autre annonce concerne les sites de production. Louis Gallois a indiqué la cession de six usines à des partenaires industriels d’Airbus. Les usines françaises de Saint-Nazaire Ville en Loire-Atlantique et de Méaulte dans la Somme vont être vendues. Les sites de Varel et Nordenham en Allemagne et de Filton en Grande-Bretagne vont également être cédées à des partenaires.

Débrayages sur les sites

La question de la répartition de la charge de travail avait généré des tensions ces dernières semaines entre Français et Allemands, ces derniers craignant d’être désavantagés par Power 8. Pour rationaliser la production, Louis Gallois  a annoncé une nouvelle répartition des programmes entre les deux partenaires. Le moyen-courrier A320 sera réalisé entièrement dans l’usine allemande d’Hambourg. L’A350XWB, le futur long courrier d’Airbus, reviendrait pour l’essentiel –développement et assemblage –au site français de Toulouse.

Power 8 va désormais être négocié avec les syndicats. Déjà un certain nombre de sites en France, mais aussi en Allemagne, se sont mis en grève pour protester contre ces mesures. Dès mardi, les syndicats d’EADS, réunis à Bruxelles, sont montés au créneau. A l’issue de cinq heures de réunion à huis clos, les 35 représentants européens des syndicats d’EADS ont réussi à présenter un front uni. Pour l’ensemble, la fermeture des sites et l’évocation de 10 000 licenciements sont inacceptables. Pour leur part, les syndicats français dans leur ensemble se plaignent du manque de réactivité du gouvernement qui a choisi de ne pas intervenir dans l’arbitrage entre les sites de production européens d’Airbus. «L'Etat nous lâche. Les politiques ne se battent plus, comme les politiques allemands le font», a lancé Claude Cliquet, secrétaire Force ouvrière de l'usine de Méaulte.  Le ministre délégué à l'Emploi Gérard Larcher a écarté, mercredi, toute «interposition» de l'Etat dans «la stratégie» d'entreprises comme Airbus ou Alcatel.

En pleine campagne électorale, tous les candidats à la présidentielle ont pris position sur les solutions à apporter. La socialiste Ségolène Royal a affirmé que si elle était élue, elle proposerait de «remettre à plat la gestion du groupe européen» et d'élaborer  «un moratoire» sur le plan. Pour Nicolas Sarkozy, «le problème d'EADS, n'est pas d'abord un problème franco-allemand mais un problème d'actionnariat. J'ai l'impression, de l'extérieur, que tout ceci souffre d'un manque de leadership d'un opérateur industriel qui serait actionnaire de l'ensemble».  Le candidat de l’UMP s’est cependant abstenu de se prononcer directement sur ce plan. Pour sa part, Arlette Laguiller de Lutte Ouvrière exige «l’interdiction des licenciements et des fermetures de sites».



par Myriam  Berber

Article publié le 28/02/2007 Dernière mise à jour le 28/02/2007 à 17:06 TU