OMS
Margaret Chan face à l'Indonésie
(Photo : AFP)
Les représentants des 192 Etats membres à l’Organisation mondiale pour la santé ont douze jours devant eux pour se pencher sur deux chantiers importants. A l’ordre du jour de cette assemblée, qui se tient tous les ans à Genève et qui, pour la première fois, sera présidée par Margaret Chan, la nouvelle directrice générale de l’OMS : un plan de bataille destiné à améliorer la santé de millions d’Africains et de femmes dans le monde, en leur facilitant l’accès aux soins. Autre objectif à atteindre : trouver un arrangement avec l’Indonésie, cabrée contre l’idée d’un partage gratuit des souches du virus H5N1 de grippe aviaire en sa possession.
Avec, à ce jour, soixante-quinze décès humains de victimes du virus H5N1, l’Indonésie reste l’un des pays au monde les plus touchés par la grippe aviaire. La dernière victime est morte le 3 mai dernier dans un hôpital de la ville de Medan (nord de l'île de Sumatra). En début d’année, ce pays avait donc dénoncé comme une injustice le fait que les pays pauvres fournissent gracieusement des virus aux laboratoires occidentaux pour qu’ils fabriquent des vaccins pré-pandémiques sans que ces derniers leur concèdent un tarif préférentiel en cas de pandémie. Après avoir suspendu la transmission de ses échantillons, en début d’année, l’Indonésie avait accepté en mars dernier, de collaborer avec l’OMS, avant de revenir une nouvelle fois sur sa décision et de réclamer des garanties écrites sur une réforme du système.
Les laboratoires occidentaux cherchent, en effet, à se procurer les échantillons de virus, nécessaires pour suivre son évolution et surveiller ses mutations, indispensables pour la fabrication des vaccins. Mais une fois brevetés, ces derniers coûtent cher et rapportent gros aux laboratoires. Jakarta s’insurge donc et exige que soient renforcées les infrastructures de recherche des pays touchés par la grippe aviaire et demande précisément que les découvertes bénéficiant à l’ensemble des êtres humains puissent ne pas être brevetées, pour faciliter la fabrication de vaccins génériques, moins onéreux. L’OMS, quant à elle, s’indigne de la pression exercée par l’Indonésie, estimant que l’exigence de celle-ci va «à l’encontre d’un demi-siècle de partage gratuit d’échantillons de virus pour le bien commun». L’organisation onusienne espère donc négocier.
Autre dossier important : l’amélioration de la santé de millions d’Africains et de femmes dans le monde. Pour avoir les moyens de ses ambitions, Margaret Chan a demandé aux délégués des Etats membres d’approuver une augmentation de 15% du budget de l’OMS pour les deux prochaines années. Le budget devrait ainsi être porté à quelque 4,2 milliards pour la période 2008-2009.
Fièvre jaune, poliomyélite
Une campagne de vaccination de quarante-huit millions de personnes contre la fièvre jaune est prévue dans douze pays africains, où la maladie virale, à l’origine de vastes épidémies, est toujours endémique. Bien que l'on dispose, depuis soixante ans, d'un vaccin efficace, le nombre de personnes infectées a augmenté au cours des vingt dernières années et la fièvre jaune constitue de nouveau un grave problème de santé publique.
L’OMS veut également se mobiliser pour l’éradication de la polio, toujours présente en Afghanistan, en Inde, au Nigeria et au Pakistan. L’une des plus virulentes des trois souches du virus a déjà été éradiquée de manière spectaculaire si l'on considère que le nombre de personnes paralysées par la poliomyélite est passé de près de 350 000 malades en 1988, à moins de 2 000 victimes en 2006. La maladie touche principalement les enfants de moins de cinq ans. Très contagieuse, elle est provoquée par un virus qui envahit le système nerveux et qui peut entraîner, en quelques heures, une paralysie totale. Comme il n’existe pas de traitement, la prévention est la seule option. L’administration du vaccin antipoliomyélitique à plusieurs reprises confère à l’enfant une protection à vie.
Le 29 octobre 1979, l’OMS déclara la variole éradiquée de la surface de la terre. La vaccination fût interrompue le 8 mai 1980. Mais des stocks d’échantillons du virus existent toujours dans deux laboratoires, un aux Etats-Unis, l’autre en Russie. Extrêmement contagieuse, cette maladie est considérée comme une arme biologique potentielle et les Etats membres de l’organisation mondiale de la santé ne parviennent toujours pas à s’entendre sur une date pour détruire les stocks.par Dominique Raizon
Article publié le 14/05/2007 Dernière mise à jour le 14/05/2007 à 14:49 TU