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Santé

Une journée pour vaincre le paludisme en Afrique

D'après l'Onu, le paludisme est responsable chaque année d'un million de décès dans le monde, dont 90% en Afrique subsaharienne, et il tue un enfant toutes les trente secondes. 

		(Photo : AFP)
D'après l'Onu, le paludisme est responsable chaque année d'un million de décès dans le monde, dont 90% en Afrique subsaharienne, et il tue un enfant toutes les trente secondes.
(Photo : AFP)
Ce 25 avril, la célébration d’une Journée africaine de lutte contre le paludisme (JAP) est célébrée à Libreville (Gabon). L’Union africaine (UA), décidée à se mobiliser contre plusieurs maladies endémiques sur le continent, affirme sa volonté d’informer l’opinion publique sur une maladie qui tue encore un enfant toutes les 30 secondes en Afrique alors qu’elle pourrait être neutralisée, à défaut d'être rapidement éradiquée.

«Les choses bougent (…). Nous avons les outils qu’il nous faut : nous savons quels moyens il faut mettre en place et nous avons beaucoup plus de moyens qu’avant», a déclaré Awa Marie Coll-Seck, directrice exécutive du partenariat Faire reculer le paludisme, à Genève. La communauté internationale s’est engagée à réduire de moitié, d’ici à 2015, le nombre de décès liés au paludisme, un fléau qui touche 36% de la population dans le Tiers Monde et dont l’Afrique, qui enregistre à elle seule 90% des décès, paie le plus lourd tribu. Mais, en dépit de ces chiffres alarmants, «la situation actuelle donne énormément d’espoir», assure la responsable onusienne.

C’est dans la population infantile que cette maladie grave, due à un parasite unicellulaire et transmise par les piqûres de moustiques, occasionne le plus de décès. Leur système immunitaire est en effet plus fragile et les enfants présentent une sensibilité élevée aux formes les plus graves de la maladie. C’est la quatrième cause de mortalité d’origine infectieuse chez l’enfant de moins de quinze ans dans le monde, devant le sida, ceux de moins de cinq ans étant les premières victimes. Les femmes enceintes sont, pour leur part, exposées à des anémies graves ainsi qu’à une possible insuffisance pondérale après l’accouchement et la malaria est l’un des premiers facteurs principaux de mortalité maternelle dans les régions de pandémie.  

En attendant le développement de nouveaux vaccins, un diagnostic précoce du paludisme permet de traiter rapidement le malade avec des médicaments appropriés. Le Dr Pape Moussa Thior, coordonnateur du Programme national de lutte contre le paludisme assure que le Sénégal disposera bientôt d’un test de diagnostic rapide (en 15 minutes) qui sera gratuitement proposé aux populations dans les structures de santé du pays. Le Sénégal, qui n’a pas encore bénéficié du financement mondial pour lutter contre ce fléau, a pourtant déjà fait de grands pas tout seul et l’OMS compte d’ailleurs sur ce pays pour atteindre ses objectifs.

Globalement, sur le continent, le problème majeur reste que, d’une part, la majorité des Africains n’ont toujours pas accès aux tests de dépistage et que, d’autre part, le paludisme développe des formes résistantes à certains traitements. Awa Marie Coll Seck explique en effet : «La résistance contre la chloroquine et les autres médicaments antipaludéens relativement bon marché s’est quasiment généralisée. Heureusement, nous disposons aujourd’hui de l’artémisinine, tirée d’une plante traditionnelle chinoise. C’est le seul médicament qui nous reste actuellement pour lutter efficacement contre le paludisme. Mais elle [cette médication] est nettement plus chère et pour retarder le plus longtemps possible l’émergence de parasites résistants, elle ne doit être administrée qu’en combinaison avec d’autres médicaments. Ces artémisinines en combinaison thérapeutique (ACT) sont évidemment encore plus chères et donc inaccessibles pour une large partie des populations vivant dans les zones où le paludisme sévit».

Plus de 108 millions de moustiquaires d’ici 5 ans

Que reste-t-il pour lutter ? Des moyens de prévention simples tels que : traitement des zones infestées de moustiques (bords de rivières, plans d’eau douce et d’eaux saumâtres) et, dans les zones à risques, équipement de moustiquaires imprégnées de produits répulsifs dans tous les foyers. Ainsi, le Sénégal intensifie sa campagne de sensibilisation sur le thème «un lit, une moustiquaire imprégnée» mais, au Mali, seule la moitié des enfants (sur huit cent mille) bénéficient de moustiquaires alors que l’assainissement du cadre de vie est primordial. Mais là aussi, faute d’aide aux financements, les moustiques continuent de proliférer et la maladie continue de se propager. «La lutte contre le paludisme fait partie  intégrante de la lutte contre la pauvreté», souligne Awa Marie Coll Seck qui plaide en faveur d’une nécessaire réponse financière internationale au problème «pour assurer un succès [de la lutte] à large échelle».

Avant que le Canada, l’un des principaux pays donateurs, finance les programmes de distribution en masse de moustiquaires traitées à l’insecticide, moins de 5% des ménages, dans la majorité des pays africains, en disposaient. Grâce à l’aide conjuguée de fonds de l’Agence canadienne de développement international (ACDI) et d’autres donateurs, le Togo a, par exemple, reçu plus de 900 000 moustiquaires, faisant passer le pourcentage de 8% à 62%. En juin 2006, grâce à un partenariat avec la Société canadienne de la Croix-Rouge ce sont 11,3 millions de moustiquaires traitées à l’insecticide qui avaient été distribuées ou ré-imprégnées par l’entremise du Fonds mondial. Peut-on mieux faire ? Le Fonds mondial estime que ce nombre de moustiquaires passera à plus de 108 millions d’ici les cinq prochaines années.

Parallèlement, le Partenariat, lancé en 1998 par plusieurs organes des Nations unies (OMS, Unicef etc) et la Banque mondiale, a récolté plus d’un milliard de dollars l’an dernier permettant de traiter les patients. Peut-on revoir à la hausse l’aide au financement ? Les différents partenaires ont décidé de débloquer un million de dollars supplémentaires cette année pour aider les pays à mieux définir leurs besoins et mettre en œuvre les programmes de lutte contre la malaria (autre nom du paludisme). Parmi les bons élèves de la lutte contre le fléau, les experts onusiens ont cité le Rwanda, où pratiquement tous les enfants de moins de cinq ans sont protégés par une moustiquaire, la Tanzanie, le Mozambique, l’Afrique du Sud, la Zambie, le Swaziland, le Ghana et le Kenya.

Côté traitement, des médecins et chercheurs, en collaboration avec le groupe pharmaceutique  Sanofi Aventis, ont tenu un symposium jeudi 19 avril 2007 à Ouagadougou, au Burkina Faso, pour lancer un nouveau médicament antipaludique, le coarsucam,  qui répond aux recomandations de l’Organisation mondiale de la santé émises en 2001 et actualisées en 2006, afin de prévenir le développement de résistances à la maladie.



par Dominique  Raizon

Article publié le 24/04/2007 Dernière mise à jour le 24/04/2007 à 16:15 TU