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EADS

Enquête sur un possible délit d'initiés

Le principal actionnaire privé français d’EADS, Arnaud Lagardère (à gauche) et l'ex-PDG d'Airbus (à droite), Noël Forgeard. 

		(Photo : AFP)
Le principal actionnaire privé français d’EADS, Arnaud Lagardère (à gauche) et l'ex-PDG d'Airbus (à droite), Noël Forgeard.
(Photo : AFP)
L’enquête sur un éventuel délit d’initiés au sein du groupe européen d’aéronautique et de défense (EADS), la maison mère d’Airbus, rebondit. Selon le quotidien économique La Tribune, un témoignage étayé par un enregistrement pourrait apporter la preuve que les dirigeants d’EADS étaient bien informés des retards du programme de l’A380 avant de vendre un grand nombre de leurs actions.

Après l’audition de Manfred Bischoff, l’ancien co-président du conseil d’administration d’EADS le 24 mai dernier, c’est au tour d’Arnaud Lagardère, principal actionnaire privé français d’EADS d’être entendu, mardi 29 mai, par les enquêteurs de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Le co-président français d'EADS doit donner sa version dans l'enquête sur un possible délit d'initié. Dans ce contexte, les informations rapportées par La Tribune de ce mardi, ne vont rien arranger.

Si l’on en croit le quotidien économique, les dirigeants d'EADS, la maison mère d'Airbus, étaient au courant des difficultés de l'A380, bien avant la vente de leurs actions EADS. Le journal assure que l’Autorité des marchés financiers (AMF), le gendarme de la Bourse, aurait mis la main sur une pièce à conviction importante qui se présenterait sous la forme d’un enregistrement. La Tribune de ce mardi revient sur le calendrier des événements. Le 6 mars 2006, un document interne prévoit la livraison de 24 appareils A380 pour 2007 au lieu des 29 escomptés. Le 7 mars 2006 se tient un conseil d’administration d’EADS à Amsterdam. Officiellement, le sujet de l’A380 n’est pas abordé, rien ne figure dans le procès verbal. Et pourtant un enregistrement prouve le contraire.

85% des 800 dirigeants exercent leurs stock-options

Selon La Tribune, le directeur technique d’Airbus, Alain Garcia, qui assistait au conseil, aurait rapporté lors d’une conversation téléphonique avec l’homme d’affaires, Jean Galli Douani, que «de graves problèmes industriels d’Airbus» et les retards «conséquents» de l’A380 auraient été évoqués à cette réunion. Jean Galli Douani a remis l’enregistrement de cette conversation aux autorités judiciaires. De son côté, EADS a démenti les propos d’Alain Garcia, parti à la retraite en avril.

Le 7 mars 2006  toujours, Noël Forgeard, à l’époque co-président exécutif d'EADS, imité par bon nombre d’autres dirigeants du groupe, demande l'autorisation de vendre ses stock-options. Noël Forgeard a réalisé une opération qui lui aurait rapporté 2,5 millions d’euros. Ses trois enfants auraient, quant à eux, empoché 1,4 million d’euros chacun. François Auque (directeur du département espace), Jussi Itavuori (directeur des ressources humaines), Jean-Paul Gut (directeur du marketing) et Stefan Zoller (responsable de la division défense et sécurité) ont aussi vendu leurs actions. Au total, 85% des 800 dirigeants qui ont des stock-options les exercent. Le cours de l’action atteint alors des sommets à plus de 31 euros, le prix moyen des options est autour de 23,4 euros.

Le 20 mars, c’est au tour de gros actionnaires, Lagardère et Daimler-Chrysler, de se désengager partiellement du groupe EADS. Ils décident à leur tour de vendre chacun 7,5% du capital. Le 15 avril, un nouveau conseil d’administration se tient chez EADS. Cette fois, il est officiellement question des retards de l’A380. Le 13 juin, un nouveau conseil se réunit. Désormais, le nombre d’avions pouvant être livrés est réduit à 9 en 2007. L’action EADS plonge immédiatement, et perd 27,9% en une séance à la Bourse de Paris, pour tomber à 18,73 euros.

La question de savoir s’il y a eu délit d’initié a incité l’AMF, le gendarme français de la Bourse, à ouvrir une enquête, et ce parallèlement à l’enquête judicaire confiée aux juges d’instruction Philippe Courroye et Xavière Simeoni. Menée à son terme, cette enquête devra logiquement conclure à la constitution d’un délit d’initié et déboucher sur une procédure de sanctions, ou faute de preuve, en rester là. Statistiquement, les enquêtes de l’AMF débouchant sur une procédure de sanction en général, puis sur une sanction ne sont pas nombreuses. En 2005, par exemple, sur 91 enquêtes ouvertes, 23 ont débouché sur une procédure de sanction et 2 seulement sur une sanction pour délit d’initié. Côté allemand, la Bafim, l’Autorité financière des marchés allemands, a lancé une enquête. Selon la presse allemande, elle pourrait transmettre le dossier au Parquet pour l’ouverture d’une enquête officielle.



par Myriam  Berber

Article publié le 29/05/2007 Dernière mise à jour le 29/05/2007 à 14:38 TU