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Politique française

Sarkozy veut une Europe «simplifiée»

Nicolas Sarkozy a rencontré José Luis Zapatero à Madrid ce 31 mai. 

		(Photo : AFP)
Nicolas Sarkozy a rencontré José Luis Zapatero à Madrid ce 31 mai.
(Photo : AFP)
Le président Sarkozy a mis l’Europe en tête de ses préoccupations. Ce n’est pas un hasard s’il a réservé sa première visite en tant que chef d’Etat, le jour même de son investiture, à la chancelière allemande Angela Merkel. Cette rencontre chaleureuse lui a permis de commencer à plaider en faveur de son idée de «traité simplifié», seule à même selon lui de permettre la relance de l’Europe. Avant le sommet européen des 21 et 22 juin prochains, Nicolas Sarkozy espère convaincre l’ensemble des partenaires de la France de se rallier à cette proposition. Pour y parvenir, il n’a pas ménagé sa peine en rencontrant les principaux leaders européens.

Un saut de puce à Madrid. Dans l’agenda européen du président français, l’étape espagnole, prévue jeudi 31 mai, est importante. La rencontre entre Nicolas Sarkozy et José Luis Rodriguez Zapatero doit permettre aux deux responsables d’échanger leurs points de vue sur la crise institutionnelle en Europe. Et notamment d’évoquer la proposition du chef de l’Etat français d’élaborer un «traité simplifié» pour permettre de sortir de la situation de blocage engendrée par le rejet du projet de Constitution en France et aux Pays-Bas, en 2005.

L’objectif de Nicolas Sarkozy est de permettre à l’Europe de fonctionner à 27 en rédigeant un nouveau texte, court et facile à comprendre, qu’il veut faire adopter en France par la voie parlementaire. Le président français suggère de n’y intégrer que les parties de la Constitution qui font l’objet d’un consensus, donc celles qui concernent les questions institutionnelles. Il s’agit par exemple de la mise en place d’une présidence stable du Conseil européen et de la création d’une fonction de ministre européen des Affaires étrangères. Ou encore de l’extension du domaine de la majorité qualifiée, notamment pour les décisions en matière de justice et d’immigration, et de l’application du système de co-décision afin que l’accord du Parlement soit indispensable pour le vote des lois européennes. Ce texte pourrait aussi reprendre le droit d’initiative citoyenne.

Un mini traité, c’est mieux que rien

Nicolas Sarkozy a été très clair. Les Français ont dit «non» à la Constitution et il n’est pas question de revenir sur ce verdict. Le seul moyen pour sortir de l’impasse est donc, selon lui, de faire passer ce mini traité. Le président français est néanmoins conscient des obstacles à surmonter pour rallier tous les européens à cette idée. Dix-huit pays (dont l’Espagne et l’Allemagne) ont, en effet, déjà ratifié la Constitution européenne telle quelle. Il est difficile de leur faire admettre une solution a minima très réductrice par rapport à l’ambition affichée au départ de faire une Europe politique.

Le chemin de pèlerin de Nicolas Sarkozy en Europe a débuté par sa visite à Angela Merkel. A peine investi, Nicolas Sarkozy s’est en effet envolé pour Berlin afin d’y rencontrer la chancelière. Il a ainsi envoyé un signal fort à l’ensemble de ses partenaires en montrant que la France était «de retour en Europe». Il a aussi voulu montrer la valeur qu’il accorde au couple franco-allemand comme moteur de la construction européenne. Un geste d’autant plus important que c’est ce pays qui assure actuellement la présidence de l’Union.

Mais Nicolas Sarkozy ne s’en est pas tenu là. Il s’est aussi rendu, quelques jours plus tard, à Bruxelles pour rencontrer José Manuel Durao Barroso. L’entrevue avec le président de la Commission européenne a été particulièrement cordiale. A l’issue de cette rencontre, José Manuel Durao Barroso a salué «le volontarisme» de Nicolas Sarkozy et s’est dit plutôt «favorable» à un traité simplifié. Tout en rappelant qu’il ne renonçait pas à une Europe politique «ambitieuse». Nicolas Sarkozy a donc fait part d’une certaine satisfaction en déclarant : «Je vois qu’autour de cette idée de traité simplifié, on progresse».

Les institutions d’abord, la Turquie après

Lorsqu’il a rencontré Romano Prodi, à Paris, le 28 mai, le chef de l’Etat français a de nouveau plaidé en faveur de cette solution. Il n’a pas obtenu une adhésion sans condition du chef du gouvernement italien à sa proposition. Mais les deux hommes ont tout de même manifesté de concert leur «volonté de renforcer les institutions européennes». A Madrid aussi, Nicolas Sarkozy n’avait pas la partie gagnée. L’Espagne a été le premier pays à ratifier la Constitution européenne et a souvent affirmé son désir d’en conserver le plus possible dans un nouveau texte. José Luis Zapatero et Nicolas Sarkozy ont tout de même annoncé, à la fin de leur entretien, qu’ils avaient réussi à trouver un terrain d’entente autour de la proposition de traité simplifié. Après Madrid, Nicolas Sarkozy a aussi prévu de se rendre à Varsovie, le 14 juin, pour discuter avec le président polonais Lech Kaczynski.

Ce sera la dernière étape de sa tournée d’explication avant le sommet européen de Bruxelles, au cours duquel Angela Merkel souhaite qu’une «feuille de route» soit donnée aux 27 sur la réforme des institutions. Pour que cela soit possible, Nicolas Sarkozy compte donc sur sa force de persuasion mais aussi sur sa volonté affichée de conciliation. Le président français qui n’a pas caché son hostilité à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne a choisi, pour le moment, d’éviter d’aborder ce sujet sensible, pourtant inscrit à l’agenda européen. L’ouverture de trois nouveaux chapitres de négociation avec ce pays est, en effet, prévue pour le 26 juin. La France pourrait s’y opposer. Mais Nicolas Sarkozy ne semble pas enclin à vouloir le faire. Il a déclaré : «Si on posait dès les 21 et 22 juin la question des frontières, ce dont on est sûr, c’est qu’on n’aurait pas résolu la question des frontières et qu’on n’aurait pas résolu la question du traité simplifié». A chaque jour suffit sa peine.



par Valérie  Gas

Article publié le 31/05/2007 Dernière mise à jour le 31/05/2007 à 15:15 TU