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Union africaine

Jean Ping, nouveau président de la Commission

Article publié le 01/02/2008 Dernière mise à jour le 02/02/2008 à 08:07 TU

L’élection du successeur d’Alpha Oumar Konaré a finalement eu lieu. Une élection brève (un seul tour) manifestement bien préparée par le Gabon et ses alliés. Le ministre gabonais des Affaires étrangères, Jean Ping, est élu par 31 voix président de la Commission de l’Union africaine.

Le ministre des Affaires étrangères du Gabon, Jean Ping, a été élu président de la Commission de l'Union africaine.(Photo : Reuters)

Le ministre des Affaires étrangères du Gabon, Jean Ping, a été élu président de la Commission de l'Union africaine.
(Photo : Reuters)

De nos envoyés spéciaux à Addis Abeba, Jean-Karim Fall et Laurent Correau

Un ministre s’extrait de la plénière, quelque peu irrité. « On tourne en rond, dit-il. On en est toujours à commenter la déclaration d’Accra ». Vendredi matin, les chefs d’Etat et de gouvernement ont en effet examiné le rapport sur le gouvernement de l’Union établi après l’impasse du Grand débat, il y a six mois, dans la capitale ghanéenne. (lire au sujet de ce rapport : Un successeur pour Konaré)

L’ampleur des divisions sur l’avenir institutionnel du continent a poussé les présidents africains à prendre en main eux-mêmes la réflexion. Un comité de 12 chefs d’Etat devra faire des propositions lors du prochain sommet, en juillet. « Nous avons constaté que les ministres qui avaient donné le support, la matière première, ne s’étaient pas entendus, expliquait vendredi le chef de l’Etat béninois Boni Yayi en sortant du huis clos. Chacun avait une position et le conseil exécutif n’a pas pu vraiment nous faire des recommandations capables de nous satisfaire. Notre décision, c’est de dire : au mois de juillet, un comité de 12 présidents dirigé par le nouveau président de l’Union africaine va travailler et nous soumettre un travail qui nous permettra de prendre des décisions ». 

Boni Yayi

Président du Bénin

« Le débat était constructif (...) et met en relief la volonté de tous les Etats d'aller de l'avant. »

écouter 0 min 53 sec

01/02/2008 par Laurent Correau

Les responsables africains sont ensuite passés, dans l’après-midi à l’élection du successeur d’Alpha Oumar Konaré. Une élection que certains n’attendaient plus après la candidature de dernière minute du ministre libyen des Affaires africaines, Ali Triki, annoncée lors du sommet de la CEDEAO à Ouagadougou. Une candidature qui a semé le trouble dans de nombreuses délégations et risquait de rendre difficile la mobilisation des deux tiers des chefs d’Etat sur un seul nom. Mais celle-ci, formulée hors du cadre légal de l’Union, n’a pas été acceptée et l’élection s’est jouée à trois. Dès le début de l’élection, le guide libyen Muhammar Kadhafi quitte le sommet.

Le candidat gabonais, Jean Ping, obtient dès le premier tour les deux tiers des voix qui lui sont nécessaires pour être élu, grâce à un vote d’une précision millimétrée : 31 voix sur les 46 votants. Une majorité des deux tiers, très exactement.

Selon nos informations, l’ambassadrice zambienne Inonge Mbikusita-Lewanika a par ailleurs rassemblé 12 voix sur son nom, le magistrat sierra-léonais Abdullai Osman Conteh, 2 voix. Un vote a été considéré comme blanc ou nul.

D’après des sources diplomatiques, l’Algérie a aidé à rassembler des soutiens sans lesquels le seuil fatidique des deux tiers n’aurait pu être atteint. L’Algérie s’est trouvée récompensée de ses efforts : c’est son candidat, Ramtane Lamamra qui succède à un autre Algérien, Saïd Djinnit, au poste clé de commissaire chargé de la Paix et de la Sécurité. Et l’Egypte n’obtient pas le poste de vice-président de la Commission, qui revient au Kényan Erastus Mwencha.

Un homme du sérail

Avec son éternel sourire, l’élégant Jean Ping est une figure de la diplomatie africaine. C’est aussi un homme du sérail, l’un des plus proches collaborateurs du président Bongo. Il se retrouve à 35 ans, ambassadeur du Gabon auprès de l’UNESCO à Paris. En 1984, Omar Bongo en fait son directeur de cabinet à la présidence. Un poste stratégique, mais aussi très exposé. Durant six ans, Jean Ping est au coeur du système. Il voit et entend tout.

C’est en 1991 qu’il quitte l’imposant palais de marbre sur les bords de l’Atlantique pour entamer une longue carrière ministérielle. Après un bref intermède comme titulaire du portefeuille de l’Information, il se retrouve ministre des Mines et de l’Energie. Là encore, un poste stratégique dans cet émirat pétrolier. Jean Ping profite des réunions de l’OPEP pour se faire connaître dans les milieux pétroliers et dans le monde arabe.

L’homme parcourt le monde. Afrique, Europe, Asie, Amériques, Jean Ping se tisse un solide carnet d’adresses et soigne son image d’Africain moderne et ouvert. Il se retrouve en 2004, président de la 59e Assemblée générale de l’ONU, poste qu’il occupera pendant un an.

C’est en 2006 que le président Bongo lui confie les rênes de la diplomatie gabonaise. Il sera ministre des Affaires étrangères jusqu’à son élection, ce vendredi 1er février, comme président de la Commission de l’Union africaine.

Omar Bongo

Président du Gabon

« Je suis satisfait. J'étais confiant en venant ici que le candidat gabonais serait élu. »

écouter 0 min 50 sec

02/02/2008 par Jean-Karim FALL

L’élection du diplomate gabonais a été immédiatement saluée par le président Omar Bongo. 

L’indispensable majorité des deux tiers


Les règles qui régissent la désignation du président de la Commission sont expliquées dans le règlement de l’Assemblée des chefs d’Etat de l’Union africaine. Le texte précise que le vote doit se poursuivre jusqu’à ce qu’un candidat obtienne une majorité des deux tiers, chaque Etat ayant une voix.


Si à l’issue des trois premiers tours, aucun des candidats ne réussit à rassembler les deux tiers des suffrages, le vote reprend sur les noms des deux candidats les mieux placés. Trois nouveaux tours de scrutin… Trois chances supplémentaires pour franchir la barre des deux tiers.


Si à l’issue de cette nouvelle série, il n’y a toujours aucun candidat qui ait franchi le seuil, un septième et dernier tour est organisé, avec un seul candidat en lice : le mieux placé. C’est l’ultime tentative pour tenter de fédérer autour de lui les deux tiers des chefs d’Etat. Si elle échoue, elle aussi, le scrutin doit être reporté.