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France

François Fillon contre la flambée des prix

par Myriam Berber

Article publié le 25/02/2008 Dernière mise à jour le 26/02/2008 à 07:10 TU

En France, les prix à la consommation continuent d’augmenter.(Photo : AFP)

En France, les prix à la consommation continuent d’augmenter.
(Photo : AFP)

Les prix des produits céréaliers et laitiers s’envolent dans les magasins, selon une enquête de l’Institut national de la consommation. Ces hausses sont dues en partie à l’augmentation des cours des matières premières agricoles. Mais pas seulement. Fabricants et distributeurs s’accusent mutuellement de la flambée des prix. Le gouvernement parle «d'abus» et va augmenter les contrôles.

La valse des étiquettes continue dans les rayons. De novembre à janvier, yaourts, lait UHT, pâtes, fromages, beurre, céréales, biscottes, pains de mie, riz et autres jambons ont vu leurs prix s’envoler de 5% à 48%. Selon une enquête de l’Institut national de la consommation (INC) pour le mensuel 60 millions de consommateurs à paraître dans l’édition de mars 2008, le mouvement est massif. Sur 1055 références (grandes marques, premiers prix ou marques de distributeurs), près de la moitié ont augmenté, dont 200 de plus de 10%. « Les prix à base de lait et de céréales ont été les plus touchés. Laits UHT entre 20% et 37%, yaourts nature entre 17% et 24%. Pâtes jusqu’à 45%. Camemberts jusqu’à 32%. Beurre jusqu’à 26% », note l’enquête de l’INC. Moins de 60 références ont baissé de « quelques pour cent ».

Ces chiffres confirment la tendance enregistrée par l’Institut national de la statistique (Insee) qui a révélé, jeudi 21 février 2008, un record d’inflation depuis mai 1992 : en 2007, les prix à la consommation en France ont augmenté de 2,8% . Le cabinet Nielsen souligne une augmentation globale des prix en janvier, pour le quatrième mois consécutif, avec des hausses de plus de 10% pour les pâtes, les œufs et le lait. Le mouvement est loin de s’achever. Le groupe de distribution Leclerc prévoit une augmentation globale des prix de 4% par mois sur le premier trimestre 2008.

Une hausse de 72% pour le blé

Plusieurs raisons expliquent cette hausse. La flambée des cours des matières premières est notamment en cause. Cette année, les uns après les autres, les marchés mondiaux se sont envolés et ne sont pas retombés. Le blé a ainsi augmenté de 72% en un an, l’orge 42% et le maïs 32%. Mais selon l’INC, la hausse des prix des matières premières ne peut, à elle seule, expliquer la flambée des produits alimentaires. « Le prix du lait ne représente que le tiers du prix final du yaourt. Comment expliquer que certains yaourts aient augmenté de 40% ? », souligne Marie-Jeanne Husset, la directrice de rédaction du mensuel 60 millions .

Alors qui tire parti de cette flambée des prix ? Depuis plusieurs mois, industriels et distributeurs se renvoient la responsabilité. Les distributeurs estiment que les industriels exagèrent les hausses de leurs tarifs. Mais ces derniers les justifient par la forte hausse des cours des matières premières et accusent, à leur tour, les distributeurs d’en profiter pour améliorer leurs marges.

Le panier allemand 30% moins cher que le panier français

L’INC estime, pour sa part, que «cette hausse des matières premières profite aux uns et aux autres». Même constat pour le secrétaire d’Etat chargé de la Consommation, Luc Châtel qui évoque des «hausses injustifiées». «Distributeurs et industriels se partagent le gâteau au détriment du consommateur», estime Luc Châtel. Et d’indiquer que «le panier de la ménagère allemande est 30% moins cher que le panier français». Selon Luc Chatel, sa réforme de la loi Galland qui régit les relations entre distributeurs et industriels, engagée en décembre et qui entre en vigueur le 1er mars 2008, «devrait assouplir le seuil de revente à perte et donner la possibilité de baisser les prix plus facilement qu’auparavant ». Jusqu’à présent, la loi Galland obligeait, en effet, les fournisseurs à proposer des tarifs identiques à tous les distributeurs. Et les distributeurs avaient interdiction de revendre à perte, c’est-à-dire de répercuter les éventuelles ristournes octroyées par les fournisseurs pour faire baisser le prix au consommateur. Ils pourront désormais le faire. Mais l’effet sur les prix sera limité à quelques promotions dans les grandes surfaces.

C’est pourquoi Luc Chatel envisage une deuxième phase dans sa réforme : « autoriser les distributeurs à négocier librement les tarifs des industriels, en fonction des quantités achetées par exemple ». Les associations de consommateurs demandent, pour leur part, que cette loi soit complétée par une réforme pour améliorer la concurrence entre grandes enseignes. Dans ce contexte de hausses, cette réforme de la loi Galland risque d’avoir un effet limité sur les étiquettes des produits de grande consommation vendus en grande surfaces. C'est sans doute pour accélérer le mouvement que le Premier ministre français François Fillon réunissait, lundi 25 février 2008, à Matignon trois membres de son gouvernement : la ministre de l'Economie Christine Lagarde, son collègue de l'Agriculture Michel Barnier, et le secrétaire d'Etat à la Consommation Luc Chatel. Des mesures devaient être annoncées dans la soirée.

A écouter

François Fillon

Premier ministre

Dès demain, nous allons procéder à la vérification des prix et lancer une opération « coup de poing » sur les comportements de marge : qu'est-ce qui est imputable au marché français, qu'est-ce qui est dû aux évolutions des cours des prix sur le marché mondial, où sont les abus ? Puis nous allons créer la Haute autorité de la concurrence...

26/02/2008 par David Baché

Catherine Chapelain

Directrice générale de l'Association nationale de l'industrie alimentaire

« Selon les chiffres officiels, il y a une augmentation de 3% du panier moyen ces derniers mois. On est loin des chiffres avancés par la revue 60 millions... Cette augmentation des matières premières agricoles est due à la hausse de la demande de pays émergents et à de mauvaises récoltes ».

26/02/2008 par Eric Amiens

Jérôme Bédier

Président de la Fédération du commerce et de la distribution

« Nous demandons que l'on puisse exécuter directement le tarif de l'industriel, de sorte que le consommateur ait accès à des prix plus compétitifs ».

26/02/2008 par Claire Fages