Revue de presse Afrique

Frédéric Couteau
(Photo RFI)

« Incertitudes sur le sort des otages autrichiens ». C’est le grand titre d’El Watan qui s’interroge donc sur les conséquences de la prolongation de l’ultimatum d’Al Qaïda au Maghreb. D’après le quotidien algérien, la décision du groupe terroriste « pourrait confirmer l’hypothèse que le gouvernement autrichien, acculé par son opinion publique et par al-Qaïda, a en définitive accepté le principe de négocier pour libérer les deux otages ».

Dans le même temps, poursuit El Watan, « ce revirement peut signifier aussi que les kidnappeurs sont convaincus de l’impossibilité pour eux d’obtenir la satisfaction intégrale de leurs revendications ; entre autres, la libération de leurs éléments faits prisonniers en Algérie et en Tunisie. »

En tout cas, le quotidien algérien rappelle qu’une rançon pourrait être payée, 5 millions d’euros. Malgré cela, poursuit-il, « le sort des otages autrichiens demeure toujours aussi incertain ».

Otages autrichiens : le Mali plutôt discret

De leur côté, les autorités maliennes restent toujours aussi discrètes. « Elles ont annoncé ne détenir aucune information permettant d’affirmer que les deux ressortissants autrichiens se trouvent sur leur territoire, écrit El Watan, probablement dans le but ne pas faire capoter les discussions. »

El Watan qui précise qu’un diplomate autrichien est arrivé samedi à Bamako pour « une mission d’évaluation ». Et durant la journée d’hier, rajoute le journal, des sources locales dans le nord du Mali ont indiqué que «les ravisseurs sont en contact via plusieurs canaux avec le gouvernement autrichien. »

Pour ce qui est des journaux maliens, pas une ligne… Le peu d’informations qui circulent sur ces éventuelles négociations et la discrétion de Bamako expliquent sans doute le silence de la presse malienne sur cette affaire.

OCI : les engagements seront-ils tenus ?

Encore des réactions ici et là dans la presse du continent après le sommet de l’OCI qui s’est achevé vendredi à Dakar. Tout d’abord au Sénégal, Le Soleil cite les propos de Bacar Dia, le ministre de l’Information qui parle, sans surprise, de « véritable réussite ». En Algérie, El Moudjahid estime que ce « sommet de Dakar a abouti à cerner les véritables défis et enjeux qui assaillent le monde musulman. »

Au Burkina, L’Observateur, très critique, se demande si les engagements pris, sur la nouvelle charte de l’organisation, sur la question palestinienne, sur la paix entre le Tchad et le Soudan, si ces engagements seront suivis d’effets. « Certains observateurs doutent qu’au-delà des salamalecs, écrit le quotidien burkinabé, les professions de foi ne débouchent sur des actions concrètes et concertées, chacun voulant tirer la couverture à soi quand on ne se marche pas sur les pieds. Les disciples de Mahomet ne sont souvent d’accord que sur leurs désaccords. »

« Wade-man-show »

L’Observateur qui parle par ailleurs de « Wade-man-show », insistant sur l’omniprésence du président sénégalais et de son fils. Même sentiment pour Sud, au Sénégal, qui estime que Wade père et fils ont fait de la « surenchère ». Le quotidien sénégalais explique : « Ils ont donné l’impression que le monde musulman organisait pour la première fois un sommet de l’OCI alors qu’on en était au onzième épisode depuis 1972. Il s’y ajoute, poursuit le journal, le sentiment que ce sommet semblait en cacher un autre ; celui qui devait servir à l’intronisation du fils. »

Très critique également Walfadjri, toujours au Sénégal, qui affirme que s’il y a eu autant d’absents de marque à ce sommet, c’est que, paradoxalement, les mesures de sécurité ont été démesurées. « En voulant trop bien faire, affirme le journal, l’on finit souvent  par se retrouver dans la nasse. »

Nouvelle manif à Ouagadougou

Manifestation contre la vie chère ce week-end à Ouagadougou. Mais cette fois, aucune violence à déplorer. Le quotidien Le Pays s’en félicite : « Les marcheurs ont pacifiquement battu le pavé sur plus de 5 kms avant de se réunir à la Bourse du travail », écrit le journal qui précise qu’une nouvelle grève générale de 48 heures contre la vie chère est prévue pour les 8 et 9 avril prochain.

Bamako, ville insalubre…

Enfin, coup de gueule dans Le Républicain au Mali. « Insalubrité : Bamako sous les ordures », fulmine le quotidien malien qui constate que « les places publiques, les habitations, les écoles et le fleuve Niger sont devenus plus que jamais des dépotoirs d’ordures dans l’indifférence totale des autorités et des citoyens. (…) Depuis plus d’une décennie, s’exclame Le Républicain, Bamako est devenue l’une des capitales les plus insalubres de la sous-région ». A qui la faute ? Le Républicain montre du doigt la population et les autorités. La population accusée « d’incivisme », et les autorités de « laxisme et de négligence ».

par Frédéric  Couteau

[17/03/2008]