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Crise financière

Action massive de la Banque d’Angleterre

par Myriam Berber

Article publié le 21/04/2008 Dernière mise à jour le 21/04/2008 à 16:19 TU

Logo de la Royal Bank of Scotland, la deuxième banque britannique.(Photo : Reuters)

Logo de la Royal Bank of Scotland, la deuxième banque britannique.
(Photo : Reuters)

La Banque d’Angleterre (BoE) a présenté, lundi 21 avril 2008, un vaste plan afin de desserrer l’étau créé par la crise des crédits hypothécaires à risques («subprimes»). La banque centrale va racheter aux établissements financiers britanniques pour au moins 50 milliards de livres (63 milliards d’euros) de crédits immobiliers contre des bons du Trésor. La situation commence à être préoccupante au Royaume-Uni. La deuxième banque britannique, Royal Bank of Scotland (RBS) envisage une augmentation de capital massive pour renflouer ses caisses dégarnies par l’acquisition de la banque néerlandaise ABN Amro et par la crise financière.

Le temps des demi-mesures est révolu. La Banque d’Angleterre (BoE) a dévoilé, lundi 21 avril 2008, un plan historique pour assainir le bilan des banques et redynamiser l’économie. La crise des prêts immobiliers à risque aux Etats-Unis («subprimes»), en gagnant une partie du secteur bancaire, a créé un climat de défiance générale. La politique monétaire de la BoE, qui consiste à baisser son taux directeur, n’a pas pris. Depuis six mois, les banques britanniques n’ont cessé de durcir leurs conditions de prêts. Cette restriction de crédit («crédit crunch»), dont la conséquence est une brusque pénurie de liquidités, a des conséquences très graves sur les investisseurs industriels et la consommation des ménages.

Pour juguler la crise financière, le plan de la Banque d’Angleterre prévoit de racheter aux établissements britanniques pour au moins 50 milliards de livres (63 millions d’euros) de prêts immobiliers suspects dont ils ne peuvent se défaire et les échanger contre des obligations d’Etat. « Le chiffre de 50 milliards de livres initialement cité risque d’être dépassé. Il n’y a pas de plafond, cela dépendra des besoins des banques. Cela pourrait être plus élevé », a indiqué le gouverneur de la BoE, Mervin King. Cette somme a, en effet, été établie après discussions avec les principaux établissements bancaires. Or le Royaume-Uni compte 119 institutions susceptibles d’avoir accès au plan.

La croissance devrait chuter en 2008

L’échange sera valable pour une période d’une durée d’un an éventuellement prolongeable jusqu’à trois ans. La BoE précise qu’elle n’acceptera d’échanger que des emprunts immobiliers émis avant cette année, que les banques qui feront usage de ce plan devront payer une commission, et qu’elles continueront à assumer les risques de pertes liées aux prêts qu’elles échangeront. Grâce à cette opération, la Banque d’Angleterre et le Premier ministre Gordon Brown espèrent relancer l’économie. En 2007, la croissance s’est établie à 3%, elle pourrait en 2008 chuter fortement. Les experts avancent une fourchette de 1,75%  à 2,25%. Près d’une transaction immobilière sur trois échoue faute, pour l’acheteur, de décrocher un crédit.

Après avoir minimisé l’impact de la crise des subprimes, les banques britanniques commencent à communiquer sur leur exposition. La deuxième banque du pays, Royal Bank of Scotland (RBS) a confirmé, lundi 21 avril 2008, qu’elle envisageait de lancer une augmentation de capital. A en croire la presse, cette opération pourrait dépasser 10 milliards de livres (12,6 milliards d’euros), ce qui en ferait la plus importante du genre dans l’histoire du Royaume-Uni. Dans un communiqué, la banque écossaise a indiqué qu’elle ferait le point, cette semaine, sur son activité et l’état de son capital. Cette recapitalisation massive viserait à renflouer les caisses de la RBS dégarnies par la crise financière et l’acquisition pour 71 milliards d’euros de la banque néerlandaise ABN Amro, la plus importante de l’histoire du secteur bancaire, une opération réalisée en commun l’an dernier avec les banques Fortis et Santander.

Des réductions d’effectifs pour les banques de la City

Toujours selon la presse, la Royal Bank of Scotland devrait annoncer des pertes de 4 milliards de livres au premier trimestre, en raison de dépréciations liées à la crise des «subprimes». RBS n’a pas confirmé l’information, indiquant simplement que l’établissement prévoyait « d’informer les marchés la semaine prochaine ». Si l’annonce de cette recapitalisation est confirmée, elle constituerait un coup de tonnerre à la City, déjà traumatisée par la chute de la banque Northern Rock, nationalisée temporairement par le gouvernement en février après avoir frôlé la faillite en septembre. D’autres établissements bancaires pourraient suivre, de Barclays au premier prêteur immobilier du pays, le groupe HBOS.

L’impact de cette crise commence à se chiffrer également en matière d’emplois. Pour faire face aux pertes liées à la crise des subprimes, les banques cherchent à contrôler au maximum leurs coûts. Le Center for Economic Business Research prévoit plus de 10 000 licenciements dans la finance à la City d’ici la fin de l’année. Les plus grandes banques d’affaires américaines, Merrill Lynch, Morgan Stanley ou bien encore Goldman Sachs ont procédé à d’importantes réductions d’effectifs. Pour sa part, la Northern Rock annonce qu'elle va réduire d'un tiers son personnel sur une période de trois ans. Un peu plus de 2 000 personnes sont concernées.